Ça va les enfants ?
13 mars 2024

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GUERRERO Omar
Editos
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Les nouvelles ne sont pas bonnes pour les enfants en France, l’année commence mal pour eux. Prenez deux informations parues récemment dans nos grands journaux : nous supportons tellement mal leur présence dans les espaces publics, que nous mettons en place des compartiments sans enfants dans les trains. Même chose pour les avions ou les restaurants. Ouste ! Dehors !

 

Mais… pourquoi faudrait-il bannir les mômes ? Ce qui est avancé en guise d’explication, ce sont les nuisances (bruit, déchets, comportement…) au-delà de la tolérance post-soixante-huitarde habituelle.

 

 

L’autre information préoccupante concerne le taux d’obésité chez les enfants – mais chez les adultes aussi – qui continue d’augmenter, comme dans beaucoup de pays. C’est un vrai problème de santé, un fléau qui a des causes multiples bien entendu.

 

Les psychanalystes ont déjà pris le pouls de cette évolution sociale (si tant est que c’en soit une !) depuis leurs postes d’observation et d’opération : les cabinets et institutions où ils pratiquent. Et il est vrai que leurs outils cliniques leur permettent de constater que la réponse chimique ou chirurgicale n’est qu’une rustine, comme le prouvent les travaux de notre EPEP (École de psychanalyse de l’enfant et de l’adolescent) depuis 25 ans.

 

Que dire alors ? Ou plutôt quel dire, puisque la solution, relativement simple, est à notre portée, donnée par la structure même du langage. Il ne s’agit pas de chasser les enfants et repousser la mission parentale à plus tard, quand nous savons qu’il y a un temps logique à respecter. Et il n’est pas question non plus de culpabiliser les adultes qui se confrontent à ce que Freud nommait, dans une boutade, le métier impossible d’éduquer la génération suivante. Pas de fessée à l’horizon non plus – même s’il faut articuler les trois registres de Lacan, dont le réel (pas de parentalité par zoom donc !).

 

Le langage comporte en son sein une forme d’autorité qui n’est ni gentille ni méchante et qui, si nous la prenons au sérieux, aménage des places claires pour chacun. Au lieu de déclarer les enfants persona non grata, tout en les gavant de « forfaits illimités » pour notre confort, nous ferions mieux d’analyser ce qui vient empêcher les parents – dans chaque histoire singulière mais dans le social actuel aussi – de faire les ponctuations et coupures nécessaires pour grandir… même si elles ont mauvaise presse.

 

 

 

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