La célibataire n° 10 : Le nu dans la spéculation contemporaine

Détails de l'ouvrage

image_print

Pour traiter de la place du nu dans notre malheureuse culture, l’astuce est ainsi de partir non de l’image mais du signifiant. Puisque c’est à lui que nous devons cette pulsion à vouloir saisir, une fois le semblant tombé aux chevilles, l’objet même.

Drôle à dire : ce que nous appelons le nu est une métaphore, encore une vêture en quelque sorte, un mot à la place d’un autre qui est certes énigmatique celui-là, mais de la même étoffe. On n’en sort pas. Je m’épuise à déshabiller, encore et encore, pour trouver quoi ? L’image qui dans les bons cas me fera b…, autrement dit, rien qui soit vraiment le nu puisque l’œil collé au trou dans la toile, ce qu’il voit c’est encore de la toile, propre à servir d’écran. D’où la lassitude. Là-dessus intervient bien sûr l’imaginaire dont Lacan dit qu’il est tendu, c’est l’espace, entre les lèvres de la faille. Mais cet imaginaire est aussitôt nommé : nu, l’appelle-je en cette occurrence, signifiant qu’on peut dire minimal puisque à le diviser, j’en viens à la lettre…

Sans doute est-ce pourquoi le peintre et le poète voient dans tout paysage une femme indolente étendue. Mais elle est, comme il se doit, oubliée ou refoulée, sauf lorsque la focalisation sur son corps suscite l’appel au nu, comme émergence d’un  dilemme que suscite pour nous le nu : déposer les armes devant sa beauté ou bien le b… à cause de sa faiblesse, de ce qui lui manque.

L’invention de la photographie est venue un temps brouiller les cartes en révélant le nu objectif, médical, hors fantasme, réel : du jamais vu. Comme on sait, l’habitus a vite repris le dessus. Mais le technicolor est venu le gâcher, nous laissant la nostalgie du noir et blanc et de son lien secret avec la vérité.

Et aussi des textes de Claire Brunet : Lettre à une amie psychanalyste, d’Eliette Abecassis : le nu inouï, de Jean-Marie Forget : la phobie mise à nu, de Hubert Ricard : Note sur l’aletheia, de Jorge Cacho : l’heure de la honte

 

 

 

SOMMAIRE :

MELMAN Charles : MU NU VU, et après…

BRUNET Claire : Lettre à une amie psychanalyste, et au lecteur…

PITTOLO Véronique : Le nu

CACHO Jorge : L’heure de la honte

ATTALI Jean : Mise à nu dans les voiles. En marge de quelques pages de Jacques Lacan

RICARD Hubert : Note sur l’alètheia

MARGAT Claire : La nuit de la nudité

BRUNET Claire : Nu et psychanalyse : une improbable rencontre…

VEKEN Cyril : Représenter l’achose

MELMAN Charles, JULIEN François, BRUNET Claire : Entretien : À partir de De l’essence ou du nu

SCHLURICK Bernard :  Et ils connurent qu’ils étaient nus…

ABECASSIS Eliette : Le nu inouï

LAGEIRA Jacinto : John Coplans : monument à l’homme nu

MICHELI-RECHTMAN Vannina : Le nu au féminin dans l’œuvre de Vanessa Beecroft. Une mise en scène du pas tout ?

CHAMPETIER Caroline et BRUNET Claire : Fragments d’une conversation, à l’occasion du Nu

ALIZART Mark : Pénétrations. La nudité pornographique

SAILLARD Olivier : Sur le tatouage du nu dans le vêtement de mode

COUTURIER Élisabeth : Le corps à l’œuvre

PÉRIN Jean : Du nu en droit

LHUILIER Gilles : Sur le fétichisme des juges « Le nu, métaphore de la pornographie »

MAYA-MALET Nicole : Le toutnu et la pastoutenue

FORGET Jean-Marie : La phobie mise à nu

TYSZLER Jean-Jacques :  L’imaginaire qui noue et l’imaginaire qui colle

CACCIALI Paule-Andrée : Comment ne pas être chassé du Paradis

REY Alain :  Hommage à Josette Rey-Debove

REY-DEBOVE Josette :  L’orgie langagière. Le sonnet à la princesse Uranie

15,00