Nous ne sommes jamais assez poète

Au cœur de ce travail de lecture revient le motif qui hante Esther Tellermann : nous cherchons tous un impossible. Dans une langue tendue par la réflexion et la méditation, elle nous invite à reprendre les questions essentielles sur la création littéraire et poétique. Le poème touche au mythe. C’est une manière de rejoindre dans l’événement, le geste de tous ceux qui ont fait de l’imperfection, de l’irréconciliable, une oeuvre. c’est une manière de dialoguer avec le temps, d’avoir plusieurs filiations. Cependant, la loi du langage est une loi qui nous dépasse, qui plie le rêve cosmique, le limite à des sons, des rythmes, fait du poème la grille où l’infini de la matière du monde se fait parole subjective. Habiter le poème, sa terre mentale, oblige à accueillir l’histoire, à sortir de l’autobiographie comme de l’anonymat, à construire un sujet contre la puissance du mythe, à bâtir un nom. Pensons à Paul Celan, à Ossip Mandelstam, à Georg Trakl, à ceux qui ont transformé la nuit, l’étoile, la boue et les soleils.
ESTHER TELLERMANN normalienne et agrégée de Lettres, est actuellement psychanalyste. Depuis son premier recueil poétique, Première apparition avec épaisseur (1986) qui obtient un prix de l’Académie française tout comme Guerre extrême (2000), Esther Tellermann poursuit dans ce qui ne pourrait être qu’un seul poème narratif, sa tentative de nouer histoire collective et histoire individuelle à une Terre exacte dont son chant porterait la trace.
ISBN 978-2-87317-426-221 €, 2014Editions La lettre volée