Lu et approuvé ou bien lu et à prouver ?
Lu et approuvé ou bien lu et à prouver ?
Notre Association met à l’étude chaque année un séminaire de Lacan. De septembre à juin nous sommes alors associés autour d’un travail de lecture minutieuse pour nous réunir fin août et partager les effets de la traversée du texte.
En quoi cet exercice se différencie-t-il de l’interprétation que fait, par exemple, un rabbin qui, régulièrement, reprend un texte sacré ? « Qu’est-ce qu’on Sem ? » était le titre malicieux d’une de nos premières revues il y a plus de trente ans, abordant déjà cette question.
Mais Encore, dirons-nous ce mois d’août 2023. Comme le rabbin, nous sommes en transfert, nous avons un amour d’un texte – qui n’est pas un texte sacré mais tout de même un sacré texte ! Mais notre lecture s’accompagne d’une autre dimension, celle du groupe : nous sommes aussi dans un transfert de travail, nous nous nourrissons des trouvailles de nos pairs. Le titre de notre revue aurait pu également s’entendre « Qu’est-ce qu’on s’aime ! » puisque le transfert est amour, nous apprécions ou non la cueillette (première étymologie de « lire ») que font les copains. Des accords et désaccords parsèment nos débats et enrichissent notre pratique.
Ajoutons une remarque de Melman, qui nous a parfois rappelé l’utilisation de ce terme curieux qu’est le « séminaire ». Au-delà de l’éducation et la tradition de Lacan, le séminaire est une pépinière, une référence à la semence… à la petite graine. Cela veut dire que nous ne sommes pas seulement « entre nous » et que cet exercice vise aussi la transmission des outils légués par nos aînés. C’est probablement l’autre façon d’entendre cet ancien titre de revue : « Qu’est-ce qu’on sème ? », comme une question sur la formation des analystes.
Si Borges disait « ce qui importe ce n’est pas de lire mais de relire », profitons d’une coupure estivale et faisons comme l’argentin, revenons relire le texte, avant d’engager la suite.
Omar Guerrero