Extrait du rapport moral de l’Assemblée générale de l’ALI-Lyon (ouverture)

[…] « Le fait que je “conclue” (entre guillemets bien sûr) ne date pas d’hier. C’est bizarre ! » disait Charles Melman lors des conclusions du Séminaire d’été sur La Topologie et le Temps en 2017. « Mais je pense que si je le dois, c’est l’héritage que j’ai moi de Lacan, puisque c’est lui qui a instauré cette habitude, et donc moi j’ai hérité de ça. Et si j’ai hérité de ça, c’est sans doute parce qu’il savait qu’en guise de conclusion, j’avais plutôt tendance à faire que, ce qui s’était bouclé se révèle en réalité plutôt défensif contre ce qui légitimement bien sûr est parfaitement ouvert. La question étant que n’importe quelle ouverture, comme on peut le savoir par ailleurs, n’est pas forcément légitime, et qu’encore faut-il, bien sûr, préciser de quelle façon, et qu’est-ce qui dans nos spéculations, dans notre travail, a à rester ouvert ? » C’est lui rendre hommage que de reprendre ce propos en préambule de notre Assemblée générale. Charles Melman nous a quittés le 20 octobre 2022. Il était le dernier fondateur vivant de l’Association lacanienne internationale et, celui qui sans relâche et jusqu’au bout aura travaillé à ce qu’elle vive, dans le maintien de son éthique, la rigueur de son travail, sans reculer face aux questions que le social ne manque pas de lui poser. Jusqu’au bout donc, Charles Melman nous a invités à un travail collectif toujours à remettre sur le métier pour poursuivre le tissage, sans relâche.

Nous lui savons gré de cela. L’ALI Lyon lui doit sans doute beaucoup dans la façon dont ici, nous avons mis au travail les modalités d’organisation de notre association. Rappelons aussi que lors de nos premières journées ALI-Lyon, « Les Figures de l’autre, une relation à l’autre moins barbare est-elle possible ? », il n’a pas hésité à venir jusqu’ici, soutenir notre travail et apporter sa contribution, tant par une conférence préparatoire que par l’ouverture de ces journées, une fois n’est pas coutume… Nous lui savons gré aussi de l’immense travail qu’il nous laisse en héritage, et dont nous avons à maintenir l’ouverture à laquelle il nous invite toujours. « La question étant que n’importe quelle ouverture, comme on peut le savoir par ailleurs, n’est pas forcément légitime, et qu’encore faut-il, bien sûr, préciser de quelle façon, et qu’est-ce qui dans nos spéculations, dans notre travail, a à rester ouvert ? »

Pour l’ALI-Lyon, Annie Delannoy
30 novembre 2022