Comment j’ai réinventé la psychanalyse
Association lacanienne internationale
Grand Séminaire de l’ALI 2021-2022 - L’invention de l’objet a : qu’en faisons-nous ?
Mardi 28 juin 2022
Conférence de Bernard Vandermersch : Comment j’ai réinventé la psychanalyse.
Thierry Roth : pour ce dernier Grand Séminaire, on accueille avec plaisir comme toujours Bernard Vandermersch, et sa conférence intitulée « A la recherche des limites de l’objet petit a » qui sera discutée par Jean Brini.
Bernard Vandermersch : Non ! J’ai changé mon titre pour des raisons simples, « A la recherche des limites de l’objet petit a » j’en ai déjà parlé au séminaire d’été. C’est une bévue ! J’ai dit au séminaire d’été ce que je devais dire ce soir, alors j’ai changé. Mon titre c’est « Comment j’ai réinventé la psychanalyse ». Ma prétention n’a plus de bornes ! J’ai quand même une excuse, c’est que Lacan nous a dit en 78, dans les Conclusions du congrès de Paris sur La transmission de la psychanalyse : « Tel que j’arrive maintenant à le penser, la psychanalyse est intransmissible. C’est bien ennuyeux que chaque psychanalyste soit forcé », car il est forcé de la réinventer, « de réinventer la psychanalyse ».
Comment donc réinventer la psychanalyse après l’invention de l’objet petit a par Lacan ? Ce serait bien si cette réinvention se faisait dans un progrès harmonieux entre la pratique effective et la théorie à laquelle l’analyste s’identifie ou dont il se déclare « adepte ». Aujourd’hui que faisons-nous de l’objet petit a ?
Donc la psychanalyse est réellement intransmissible parce qu’elle vise un réel qui reste en partie contingent et singulier. S’il faut bien que chaque psychanalyste soit forcé de la réinventer, comment Lacan lui- même l’a-t-il réinventée cette psychanalyse ? Eh bien il nous dit que lui-même interprète son invention comme sa « réponse symptomatique à la découverte freudienne ». Sa réponse symptomatique, quand il en parle à ce moment-là, c’est le réel. Mais son invention, celle qu’il a toujours revendiquée c’est l’objet petit a. Il a inventé énormément de choses en fin de compte.
Voici ce qu’il dit le 13 avril 1976 : « C’est dans la mesure où Freud a vraiment fait une découverte, à supposer que cette découverte soit vraie, qu’on peut dire que le réel est ma réponse symptomatique. Mais la réduire à être symptomatique n’est évidemment pas rien, la réduire à être symptomatique c’est aussi réduire toute invention au symptôme. »
Lacan fait ici une généralisation qui ne semble pas évidente. Mais peu après il nous dit ceci : « Ce n’est pas sûr que ce que je dis du réel soit plus que de parler à tort et à travers ». Il y a là une sérieuse mise en question de ce qu’un analyste, à la fin de son parcours, peut penser lui-même de son parcours, à supposer qu’il soit totalement sincère dans cette histoire, mais quand même, c’est un message que je pense important.
Pour Lacan le réel est venu remplacer ce qui chez Freud était la référence à l’énergétique, dont on peut dire, dit-il, que l’élucubration de Freud répugne à cette énergétique. Ça ne colle pas bien avec ce que Freud a apporté, son recours à l’énergétique, ça ressemble plutôt à un deus ex machina pour se sortir d’affaire dans les moments difficiles. C’est pour se tirer d’embarras que Freud a été amené à inventer le réel, pardon ! que Lacan a été amené à inventer le réel, le réel comme distinct du symbolique et de l’imaginaire. L’objet a en est la conséquence, une des conséquences en tout cas, et ce sera une façon pour Lacan d’écrire autrement l’énigme du Drang de la pulsion, le différentiel de jouissance qu’implique le fantasme comme soutien du désir. Mehr-lust, disait déjà Freud, plus-de-jouir. La jouissance, comme distincte de la satisfaction, c’est encore une invention de Lacan, et cette jouissance est tributaire du réel. Donc on pourrait dire que la jouissance chez Lacan remplace la notion d’énergétique chez Freud, plus ou moins.
On l’a souligné maintes fois, l’idée de réel évolue chez Lacan depuis ce qui n’est pas symbolisé ou pas encore symbolisé, à l’impossible logique, et enfin, c’est peut-être le plus important, à cette espèce de consistance énigmatique qui peut faire tenir ensemble ces « deux choses très étrangères que sont l’imaginaire et le symbolique ». C’est la doxa lacanienne. Mais quand Lacan, le 13 décembre 1973, se demande si ce qu’il dit du réel « ce n’est pas plus que de parler à tort et à travers », le pense-t-il vraiment ? Substituer le réel à l’énergétique a néanmoins cet intérêt de ne pas chercher le réel dans « ce qui sert à fonder la science de la réalité ». Attention, le réel du sujet humain, en tant qu’il fait tenir deux choses bien différentes qui sont le symbolique et l’imaginaire, et le réel scientifique sont deux choses très différentes, même si ça n’est pas non plus totalement étranger. Encore faut-il que ce réel soit consistant pour un sujet et pour cela qu’il ne soit pas, non pas recouvert de sens, parce que ça c’est banal, mais envahi de sens, ce qui arrive.
Alors, comment j’ai moi-même réinventé la psychanalyse ? Il faut dire que, quand j’ai donné ce titre au secrétariat, Malika m’a demandé malicieusement : « Est-ce qu’il faut mettre un point d’interrogation ? ». J’ai répondu : « non ! ». Donc comment j’ai moi-même réinventé la psychanalyse, ça devient : quelle a été ma réponse symptomatique à la réinvention par Lacan de la psychanalyse. Alors je vais être obligé de naviguer entre ce que j’ai envie de dire sans le dire, puisque, c’est la moindre des choses, c’est un peu personnel de temps en temps. Je crois que c’est le cas pour tous les analystes.
Lacan m’indique donc sa voie pour répondre. Je vais d’abord parler de mon mariage avec la psychanalyse. Et pour cela je voudrais revenir sur une des trois difficultés de la transmission, qui avaient été reprises par Patrick Valas et dont j’avais commencé à parler à nos Journées sur le désir de Lacan. Parce qu’en fait, cette histoire de mariage articule le corps à la vérité, ce qui fait une bonne entrée à mon propos.
Dans son séminaire Problèmes cruciaux, le 16 juin 1965, Lacan lit la préface à un ouvrage dont il ne donne pas le titre ˗ d’ailleurs je ne sais pas s’il a jamais été publié ˗ qu’il intitule à défaut, ce n’est pas le titre mais ce sera le titre provisoire : Voies de la vraie psychanalyse. Ça se trouve dans notre édition aux pages 411 et 421. Je vais citer un peu longuement :
« Prends garde, toi qui as ouvert ce livre, parce que tu rêves de devenir psychanalyste, car la psychanalyse ne vaudra que ce que tu vaudras quand tu seras psychanalyste. Elle n’ira pas plus loin que là où elle peut te conduire. »
[…]
« Tu sais bien que tout exercice du pouvoir n’est pas seulement sujet à l’erreur, mais à ce comble de méprise d’être bienfaisant dans son erreur »
[Ça fait écho chez vous ? - Bien !]
« Ce qu’il me faut te dire », dit-il un peu plus loin, « c’est le risque pour toi de ce mariage avec la psychanalyse, car il ne suffit pas, selon la formule classique, que tu sois parfaitement au clair dans tes relations avec tes patients, il faut aussi que tu puisses supporter tes relations avec la psychanalyse elle-même, car si la psychanalyse nous l’apprend, la vérité répond à un manquement véniel à son endroit, à un refoulement autrement dit, en prenant sur le corps même où gît son être, sa rançon, ne crois pas qu’elle soit plus clémente à la faute capitale, toujours imminente en une action qui prétend suivre sa trace sans connaître ses brisées. Une action dont le moyen est le verbe trébuche dans le mensonge où la vérité en recouvre les traites toujours avec usure. »
Je ne suis pas sûr que vous sachiez ce que ça veut dire « les brisées » : c ’est un terme de vénerie. Lacan, ça l’intéresse la vénerie ! Ce sont les branches que le veneur, celui qui dirige les chiens courants, rompt, brise pour marquer le passage d’une bête. Marcher sur les brisées de quelqu’un, c’est rivaliser avec lui. Marcher sur les brisées de la vérité sans les connaître serait donc ainsi la faute capitale.
Je peux dire la suite :
« Ta position est donc bien liée au sort de tous ceux qui s’appellent les psychanalystes car la psychanalyse n’est point autre part. Si l’on ne peut attendre rien de plus de la psychanalyse que ce qu’on y met, ce que j’exige, c’est à savoir de pénétrer ce qu’il y a derrière une certaine résistance instituée dans le corps même des psychanalystes ».
Chacun interprètera ce qu’est cette résistance instituée dans le corps des psychanalystes, je pense qu’ici il s’agit d’un corps institué justement.
Donc cette rançon, à mon avis, c’est l’objet petit a, même s’il n’y a pas besoin d’avoir fait une faute vénielle, il y en a toujours une. La faute capitale serait donc de ne pas reconnaître les traces du passage indiqué par la vérité. Ce qui va soulager momentanément ma culpabilité réveillée par ce passage, c’est que Lacan a relativisé par la suite la compétence de la vérité dans l’art de la vénerie : « A la dérive, voilà où est le vrai quand il s’agit de réel ». Donc la vérité, elle se plante aussi, elle erre.
J’ai traduit « dérive » par drive, Trieb, c’est la même étymologie en partie que dérive, la pulsion donc, car il n’y a que de la jouissance pour retrouver le réel devant lequel s’égare la vérité. C’est la question de l’objet petit a.
Cette sorte de « justice immanente » dont nous parle Lacan, cela reste chez moi un point en suspens. Qu’est-ce qui cause les ravages bien réels par exemple du mensonge de la conduite ? Est-ce que c’est vraiment une atteinte à la vérité comme divinité transcendante ? ou tout simplement le refus d’assumer le prix d’un acte, soit au dernier terme un refus d’interprétation, c’est-à-dire du bien dire.
Ce n’est pourtant pas du réel que Lacan a brandi l’invention qui pourtant lui revient aussi, mais celle de l’objet petit a. Cet objet petit a a d’abord été présenté comme une partie séparable du corps, une partie jouissive séparable du corps, et pas vraiment comme un pur trou. Alors quelle a été ma réponse symptomatique ? À défaut d’inventer, au sens de forger un nouveau concept, quel a été le lieu des impacts, et des représentations issues de cet impact, de ma rencontre avec la psychanalyse ? Rencontre relativement tardive, ou relativement précoce, ça dépend comment on se situe ! Quand j’étais étudiant en médecine, j’ai entendu parler de Freud pour la première fois par un étudiant du Kerala, c’est vous dire à quel point j’étais branché !
C’est d’abord l’incidence du langage sur le corps, c’est-à-dire la question psychosomatique, qui a été cette rencontre de ce que j’appelle le « sarcasme originaire », le sarcasme qui mord dans la chair et qui s’implante. On n’est pas obligé de prendre un ton dramatique, mais c’est un fait qu’il y a une incorporation du langage et que l’inscription de cette morsure du langage - comme on parle en teinturerie de mordançage - sur la jouissance du corps peut s’accompagner dans la psychosomatique d’une dégénérescence du signifiant en signal désarticulé du signifiant. C’est la première voie d’abord par laquelle j’ai réagi à la découverte de la psychanalyse, et je me souviens que, quand je suis arrivé à l’Association freudienne, qui n’était encore que française, Melman m’avait tellement sollicité que j’avais fini par accepter de parler de psychosomatique. J’avais intitulé ça « Morceaux choisis ». Au bout d’une heure il n’y avait plus personne dans la salle ! Il faut dire que c’était l’heure de déjeuner !
D’une façon générale, et sans qu’il y ait nécessairement lésion, le corps pâtit du langage, c’était une expression de Pierre Benoit de l’Ecole freudienne. Le corps pâtit du langage qu’il incorpore comme un corps étranger, même si le plus souvent il éprouve pour cet étranger un manifeste appétit, quand on voit les enfants. D’où une petite fille rencontrée par Marika Bergès peut témoigner, elle, de son « petit appétit ». « La vérité répond à un manquement véniel à son endroit, à un refoulement autrement dit, en prenant sur le corps même où git son être, sa rançon. » La vérité prélève une part de jouissance du corps en garantie de sa valeur puisque la vérité ne peut pas répondre d’elle-même. Il n’y a pas de vrai sur le vrai, etc. Le prélèvement se fera éventuellement, pas en cas de refoulement mais de censure, sur la ou les générations suivantes. Ce sont des choses que l’on rencontre.
C’est dans l’article objet petit a de notre dictionnaire, article que j’ai rédigé en 1991, il y a un bout de temps, que j’avais trouvé une formule, et cette formule, je le crains, a engagé un peu la suite de ma position. Qu’est-ce que je dis ? « L’objet petit a répond ainsi à cette place de la vérité pour le sujet à tous les moments de son existence : à la naissance […], avant tout désir […], dans la constitution du fantasme […], dans l’expérience amoureuse […], dans l’acte sexuel […], dans l’affect […], le deuil […], la honte […], l’angoisse […], dans le passage à l’acte […] ». Bref, j’avais recensé tous les moments importants de la subjectivité où l’objet petit a venait répondre à la place de la vérité pour le sujet.
L’idée, c’est quoi ? C’est que le sujet, et là je vais citer Lacan dans La logique du fantasme, leçon du 16 novembre 1966, le sujet, il ne dit pas le sujet, il dit : « ce qu’un signifiant représente pour un autre signifiant, ça ne mord sur rien. Ça s’accommode d’une absence absolue de dasein ». Il évoque les hiéroglyphes dans le désert. Il y a bien longtemps que celui qui les a taillés a disparu, qu’il n’y a plus de présence au monde de quoi que ce soit, d’un sujet vivant. Mais on suppose l’existence de ce sujet. Ce que définit cette définition : « un signifiant représente un sujet pour un autre signifiant » c’est un sujet logique. Il faut donc bien quelque chose pour donner à ce sujet logique une présence qui soit non pas la présence de quelque chose de positif, de concret, mais la présence d’un manque. La difficulté pour nous c’est de penser négativement les choses, mais la présence du sujet c’est la présence d’un manque. Nous parlons ici du sujet désirant, pas du sujet aux maux de tête ni du sujet à la jouissance par exemple. Donc, ce qui est à fournir, c’est la présence de la garantie d’un manque à jouir pour soutenir le désir.
Le problème est qu’il n’y a pas d’image du manque, et donc la nécessité d’une mutation de ces morceaux choisis, « le sein, le scybale, le regard, la voix, ces pièces détachables et pourtant foncièrement reliés au corps, voilà ce dont il s’agit dans l’objet petit a. » Je cite Lacan. Et c’est pourquoi Lacan peut dire que l’objet petit a, je cite, « c’est la première Bedeutung, le premier référent, la première réalité, et ce qui reste de la pensée à la fin de tous les discours ».
Ceci évoque cette phrase de L’Étourdit : « Qu’on dise – l’énonciation – reste oublié derrière ce qui se dit dans ce qui s’entend ». C’est pourquoi Lacan peut dire que l’objet a est la première Bedeutung, mais pour qu’il vienne à cette place de la vérité répondre pour le sujet, il faut qu’il soit tombé dans le pot de la castration, qu’il ait été marqué comme manquant. Encore Lacan précise-t-il que l’objet petit a se situe dans une intersection du sujet avec l’Autre, ce que j’entends comme la part qui doit chuter de la jouissance entretenue entre la mère et l’enfant, d’un côté comme de l’autre. Séparation, ce n’est pas simplement d’une partie de soi-même, mais il faut aussi un consentement de l’Autre à cette séparation, ça facilite beaucoup les choses, même si in fine c’est quand même le sujet qui a à céder quelque chose de sa jouissance.
Mon topo est essentiellement basé sur cette idée de cession de l’objet. En tout cas c’est l’attachement si je puis dire, à cette certitude que l’objet petit a ne peut être compris que comme partie du corps qui est ma réponse symptomatique et précoce. Tant mieux si cette partie se découpe à partir d’orifices pulsionnels pour s’insérer, comme le dit Lacan dans la division du sujet, du sujet divisé, d’un signifiant à un autre signifiant ; dans cette tenaille, il y a quelque chose qui vient et qui peut être libéré par une éventuelle interprétation. Tant mieux si cette partie se découpe à partir de ces objets qui viennent des orifices pulsionnels, ça a pour effet de lester le sujet d’un Dasein, pour parler comme Lacan, Dasein que le sujet ne possède pas de sa nature de sujet, de n’être que « ce qu’un signifiant représente pour un autre signifiant ». Ça va lui donner une cause à ce sujet, une cause à son désir, et ça va soutenir son fantasme.
L’objet petit a, objet partiel et partial quant à la jouissance sur laquelle il est prélevé, est offert donc en garantie de l’ex-sistence du sujet dans la mesure où lui-même, cet objet petit a, ex-siste au corps narcissique. Il n’est plus investi narcissiquement, en tout cas il ampute la jouissance narcissique de chacun d’entre nous. L’objet petit a cédé, conçu comme pure différence de jouissance – la jouissance étant quelque chose d’un peu compliqué à comprendre, si elle va dans l’excès ou au contraire dans la diminution, je considère que l’objet petit a ne peut être conçu que comme différence, sans qu’on puisse dire si elle est positive ou négative, plus-de-jouir ou moins-de-jouir, puisque, par exemple, l’absence totale de jouissance serait en même temps la jouissance absolue. Il y a à mon avis une difficulté [à faire une énergétique comptabilisable de la jouissance, ce qui explique que « l’élucubration de Freud répugne à cette énergétique ».]
Alors, quelques objections. On peut opposer que le manque à être du sujet n’est qu’une tromperie du langage. C’est le langage qui fait miroiter au sujet un être qui lui manque, en tant que sujet désirant. Le langage induit une perte, perte de l’objet de toutes les satisfactions qui en fait n’a jamais existé, comme le rappelait Roland Chemama à notre séminaire, objet que le sujet lui-même devrait être d’ailleurs pour satisfaire l’Autre, Eh bien cet objet fait trou dans le réel. Le réel en est privé, à mon avis c’est comme ça qu’il faut l’entendre.
Mais ce trou qui pourrait héberger un sujet, est-il habitable pour un sujet ? Est-ce que le vide de la Chose en tant que tel est habitable pour un sujet, avant qu’il ne soit tapissé du fantasme en quelque sorte ? Il y a aussi bien d’autres choses que l’objet petit a qui peuvent venir dans ce manque à être, des parties non détachables du corps par exemple : le souffle de l’asthmatique, tel organe d’une fonction biologique investi par la chère maman, par le grand Autre, et qui peut devenir tout d’un coup soumis à une sorte d’effort biologique de séparation, et fonctionner en mode hors organisme, le corps entier éventuellement, quand le règlement de la dette d’existence ne trouve pas de coupure qui vaille à détacher cet objet, par exemple dans la mélancolie ou dans d’autres formes de psychose. Mais cela ne va se révéler qu’à l’heure de vérité, par exemple au moment où les idéaux du moi vont s’éclipser laissant à nu la détresse du sujet et ses compensations.
Mais tout ce qui peut s’insérer dans cette fente du sujet ne soutient pas pour autant le désir. La drogue, les drogues peuvent-elles venir dans cette division du sujet ? L’excellent exposé de Thatyana Pitavy nous invite à y réfléchir. Oui, les drogues y viennent. Elles y viennent, mais pas pour soutenir le désir. A mon avis elles s’insèrent bien plutôt dans un circuit neuronal de récompense comme on dit aujourd’hui, qu’elles saturent, au détriment, aux dépens de la jouissance phallique, qui elle-même en tant qu’elle est vécue emprunte aussi des circuits de récompense. Le manque réel de drogue crée un besoin et non un désir. A mon avis l’alternative de manque de drogue et de l’hyperconsommation ne relèvent pas du désir. On dira que certains toxicomanes se servent de drogues pour soutenir la jouissance sexuelle, voire même pour y accéder. Mais il me semble qu’il faille distinguer dans cette pratique ce qui s’insère dans la division du sujet pour maintenir ouverte cette division au désir, donc un objet foncièrement négatif dans sa nature qui laisse ouverte la fente subjective, et tout ce qui, au contraire, vient combler cette fente. À la limite, tout ce qui confère à un sujet l’illusion d’un être est susceptible de mener à la dépression. La dépression a toujours quelque chose à voir avec une passion d’être, qu’elle soit névrotique ou psychotique, ou perverse. Et très souvent la dépression se déclenche au moment où il devient évident [que cet être est illusoire ou équivalent à la mort].
Alors, j’avance à mon point suivant : Limite de l’extension de la notion d’objet petit a et limite de la responsabilité du sujet.
Le problème est que cette structure un peu idéale du fantasme telle que je la présente, ça ne marche pas toujours comme ça. Par exemple dans la psychose, ce qui répond, répond en annulant la fiction d’une existence [autonome] du sujet dans son rapport à l’Autre. Le patient constate qu’il est commandé, possédé par l’Autre. Je viens de voir un jeune schizophrène qui souffre d’écho de la pensée après avoir eu des voix, il dit par exemple : je veux imaginer, ça se bloque, une seconde après il y a une imagination, mais c’est une imagination comme si c’était quelqu’un d’autre qui avait imaginé. A part ça il me dit qu’il va bien. Il va bien, mais au prix d’une sorte d’abolition de tout désir, il vit une vie végétative tranquille.
Quant aux diverses addictions dont je viens de parler, elles témoignent que bien des objets sont capables de saturer dans le cerveau le site de la jouissance en se substituant à l’objet cause du désir. Mais du coup ces situations qui ne répondent pas comme l’objet petit a mettent en question la responsabilité du sujet et donc l’abord analytique. Banal ! Lacan disait dans La science et la vérité quelque chose qui m’a toujours un peu choqué, et d’abord je l’avais toujours lu de travers. Voilà ce qu’il dit en 66 : « De notre position de sujet nous sommes toujours responsables ». Et quand je citais cette phrase de tête, de mémoire, je disais toujours : de notre position de sujet nous sommes tous responsables ! Ce n’est pas ce qu’il dit. Nous sommes toujours responsables. Donc, ça s’adresse aux gens qui sont responsables. « Le soll ich freudien fait jaillir le paradoxe qui me presse d’assumer ma propre causalité ». C’est complètement dément ! causa sui : même Dieu n’est pas cause de lui-même ! Et cela parce qu’il n’y a pas de cause sans sujet, et il faut bien qu’il y ait de la cause pour un sujet, sinon notre monde perd toute logique. Mais notez bien que le principe de causalité n’est pas scientifique.
On peut donc être surpris que dix ans plus tard, dans Le sinthome, en 1976, j’en avais parlé au séminaire d’été, Lacan atténue le propos : « On n’est responsable que dans la mesure de son savoir-faire », c’est-à-dire « l’art dont notre inconscient est capable ». Enfin il n’avait pas dit tout à fait comme ça, l’inconscient, l’artisan, etc, et ce n’est plus la charge de sa propre cause qu’il faut insérer dans la division du sujet, mais celle d’une pensée – alors là je le cite – « d’une pensée à insérer dans cette réalité limitée qui s’atteste de l’existence du sexe ». Ce n’est pas si facile à comprendre. Je pense qu’il fait appel ici au non-rapport sexuel et la nécessité pour chacun d’élaborer quelque chose, d’inventer une réponse, nous avons la responsabilité « d’une pensée à insérer dans cette réalité limitée ». Une fois qu’on a inséré notre pensée, ça reste une réalité limitée. Il me semble que cet énoncé limite la généralisation de l’assertion précédente.
Je continue avec l’invention du nœud borroméen.
Le nœud borroméen, qui me fait toujours un peu difficulté. C’était formidable que Lacan ait trouvé enfin de quoi nouer réel, symbolique et imaginaire, parce que c’était là depuis le début, depuis sa première conférence « Chers amis », « Mes bons amis », je crois. Le réel dont il parle à ce moment-là est un peu différent. C’est en gros ce dont Freud tient compte dans la sélection de ses patients, mais sur lequel on n’a pas de prise. Est-ce que c’est quelqu’un de grand format ou de petit format, comme disent les Chinois, cette part de nos patients à quoi nous avons à faire, mais que nous ne pouvons pas mesurer, calculer. Incompatible comptabilité. Je viens d’écrire un article qui s’intitule comme ça.
L’intérêt du nœud borroméen est de montrer qu’il ne suffit pas d’un trou dans le réel. Il en faut un aussi dans le symbolique et un dans l’imaginaire pour que ça tienne. Celui du symbolique, il est là de structure semble-t-il, l’incomplétude de tout ordre symbolique. Encore faut-il que ce soit nommé quelque part, que ce soit déjà là avant que le sujet parle pour qu’il puisse s’en appuyer. Quant à l’image du corps qui constitue le modèle de tout le monde imaginarisable, il faut aussi qu’elle soit trouée. Et l’on sait que pas plus que les trous du symbolique les trous du corps ne sont donnés de nature, même s’il y a tout ce qui faut pour en supporter l’image, il faut que s’en détache l’objet obstructeur, arrachement peut-être plutôt que coupure chirurgicale, mais il y a des tableaux cliniques bien connus sur lesquels on s’appuie toujours, le syndrome de Cotard, pour montrer qu’il ne suffit pas qu’il y ait des orifices pulsionnels pour qu’ils fonctionnent.
Il y a aussi une chose, c’est peut-être une réponse symptomatique, c’est mon agacement devant la fréquence chez Lacan du terme « pur » ! Pur réel, pur désir. J’ai donné comme titre à ma dernière intervention à notre séminaire Questions cliniques : Eloge de l’impureté ! Il faut dire que la pureté quand j’étais enfant au Collège catholique… On avait des retraites, c’était formidable, on quittait le Collège pour se rendre deux jours dans un site idyllique et on attendait tous le moment où on allait nous parler de la vertu de la pureté. Tout le monde savait que c’était parler du sexe, et comme on n’avait pas tellement de fenêtre ouverte sur ces questions, c’était un moment attendu. La pureté ! c’était surtout de l’impureté dont il allait être question. C’est pourquoi d’ailleurs je suis assez attaché à l’impureté, et je ne suis pas toujours très content quand on parle de « pur ceci » ou « pur cela ». J’avais évoqué à ce moment-là le « pur désir » le « désir pur », vous savez Lacan évoque cela à la fin des Quatre concepts, mais c’est pour dire que le désir du psychanalyste n’est pas un désir pur. Un désir pur serait celui qui ne tiendrait aucun compte de la tendresse, de l’amour en fin de compte, de toute considération pathologique à l’égard de l’objet du désir. Donc, ce n’est pas un désir pur qui virerait à l’horreur. Le pur amour, je ne pense pas que Lacan parle du pur amour. Mais - j’ai oublié de noter son nom, celui qui a écrit un livre très important, qui était à l’université de Montpellier et qui est décédé - Jean-Daniel Causse, oui merci - a écrit un bouquin formidable qui est un véritable traité lacanien où il évoque cette question de l’amour pur, qui est aussi quelque chose d’assez épouvantable ! Et puis le pur réel dont parle Lacan.
Il n’y a qu’une seule chose dont je n’ai pas parlé c’est du pur trou ! En fait je me fais mal avec cette apologie de la pureté. Dans le pur trou, ainsi formé par le coincement de ces trois consistances trouées, Lacan inscrit petit a. Ma question : ce trou peut-il s’appeler petit a s’il n’était pas obtenu par séparation d’un objet spécifique et pas très pur, un objet de l’ordre de … on insiste un peu trop sur le déchet mais c’est quand même quelque chose [d’une jouissance] qui tombe. Donc des objets spécifiés qui exercent la fonction de supporter réellement un sujet et pas seulement l’hypothèse d’un sujet. Autrement dit, est-ce que tout ce qui vient dans ce trou est objet petit a ? Voilà ce sur quoi je souhaite pour ma part qu’on apporte une certaine forme de restriction, mais Lacan ne le fait pas.
Maintenant je vais vous parler de la foi psychanalytique, et puis on arrêtera dans dix minutes. La psychanalyse n’a fait que conforter cette certitude très tôt ancrée chez moi des limites de la pure vérité, serait-elle psychanalytique. « Le vrai, nous dit Lacan, c’est ce qu’on croit tel. La foi et même la foi religieuse voilà le vrai qui n’a rien à faire avec le réel. La psychanalyse, c’est la forme moderne de la foi religieuse ». Il exagère un peu, là ! « A la dérive, voilà le vrai quand il s’agit de réel ». Je resitue ce que j’ai dit tout à l’heure dans son contexte. Mais le réel lui-même n’est pas si sûr. Je dis qu’il n’est pas un donné, ou plutôt il faut qu’il soit déjà là nommé dans l’Autre comme limite au sens pour que le sujet puisse construire sa propre vérité. La précarité du réel nous l’éprouvons en psychiatrie, mais c’est Lacan qui donne la possibilité de la conceptualiser, la précarité du réel au moins entendu comme existence d’une consistance distincte du symbolique et de l’imaginaire, et pouvant alors les faire tenir tout en les distinguant. D’ailleurs la plupart des parlêtres d’après Lacan préfèrent s’assurer d’une quatrième consistance obtenue par la division du symbolique en symbole et symptôme. Mais à vrai dire je ne comprends pas très bien cette fabrication de la division du symbolique en symbole et symptôme. C’est assez obscur. Qu’il y ait des symptômes, c’est clair, mais dans La Troisième par exemple, la situation du symptôme est présentée de façon assez différente, pas d’une scission du symbolique. Elle est présentée soit comme l’invasion du réel dans le symbolique, soit du symbolique dans le réel et cela à quinze jours d’intervalle.
Un petit aveu personnel, j’ai longtemps surestimé le pouvoir de la psychanalyse, en tant que fidèle. Cela m’a fait commettre quelques imprudences qui m’ont fait admettre que le désir du psychanalyste ne consistait pas à désirer que son patient, analysant, désire selon son vœu à lui, l’analyste, et qu’après tout s’il ne veut pas désirer, eh bien, qu’il ne désire pas. Mon désir d’analyste ce n’est pas ça. Contentons-nous d’essayer de soutenir la position de l’analyste quand il y a analyse. La cure analytique ne convient pas à tous. Je pense que c’est une ardeur au combat qui a sensiblement diminué à notre époque, où on a bien du mal à recevoir les gens plus d’une fois par semaine, et en tout cas les trois ou quatre fois, heu… s’il y en a un qui peut lever le doigt !
Dans la pratique, dans la pratique que je pratique, l’objet petit a est-ce qu’on peut s’en servir dans la cure ? On a dit que Lacan se servait de sa voix, de son regard, de son souffle, encore que le souffle, je ne sais pas si c’est un objet petit a, et surtout de sa présence, mais de sa présence comme objet petit a, en tant qu’elle est supposée incarner le désir du patient. Avant que l’analyste s’isole comme objet petit a, il est surtout idéalisé. Alors une fois tout au début de ma pratique, il y a très très longtemps, je me suis autorisé à m’approcher d’une patiente sur le divan en la regardant de tout près. Elle avait fait une agréable analyse jungienne auparavant, et je me disais qu’il lui fallait maintenant du dur ! Elle a été terrorisée et a failli ne plus jamais revenir. Mais entretemps quelqu’un lui a dit que ça devait être lacanien ! Elle avait donc accepté de continuer son chemin avec moi.
Cette imitation un peu bête ou franchement bête - vous choisirez - de Lacan, témoigne surtout de ce défaut de réinvention, inévitable quand on commence à pratiquer. Enfin dans ce cas elle aurait pu avoir de fâcheuses conséquences. Voilà il y a une aporie ! On n’a jamais vu que ce que faisait son analyste, et donc on a tendance à l’imiter, mais imiter c’est ne pas analyser. Il faut réinventer, mais à partir de quoi ? Ce que je vous propose aujourd’hui, c’est de réinventer à partir du choc que ça vous a fait de rencontrer l’analyse. Ce n’est pas comme ça aujourd’hui et donc dans la névrose, pour ma part, je tente de faire apercevoir cet objet dans la fente signifiante. C’est plutôt à saisir la faveur malheureusement rare d’une équivoque qui permette de révéler l’objet voilé derrière le signifiant. Ça permet idéalement d’ouvrir un instant le voile du fantasme. Le reste du temps qu’est-ce qu’on fait ? C’est une métaphore employée [je crois bien] par Marc Darmon à propos des nœuds : le reste du temps il s’agit plutôt de préparer le tissu, en tâchant de faire entendre autrement ce qui fait la chaîne littérale du propos. D’ailleurs le rêve nous aide souvent. Rêvons-nous de l’objet ? C’est le titre d’une conférence passionnante d’Angela Jesuino à notre séminaire, Questions cliniques, du 13 février 2010. Angela en vient à la fin de son exposé à dire : pour finir, rêvons-nous d’autre chose que de l’objet ? Il ne s’agit pas tant dans notre pratique de souligner des signifiants que de faire du signifiant, comme le disait Roland Chemama. Cela ne vaut que pour les cas où l’on peut penser que l’objet est prêt à s’insérer dans la fente subjective, quand il est déjà là et que ça va vibrer. Quand je jette un caillou dans l’eau, ça fait des vagues comme disait Lacan, mais encore faut-il qu’il y ait à ce moment-là quelque chose qui puisse vibrer, que ce soit la bonne fréquence. En tout cas, ça se vérifie à ce que le jeu qui va être produit chez l’analysant produit une issue pour la jouissance réprimée, avec un effet de sens, et n’apparaît pas comme une preuve de vérité platement assénée.
Alors est-ce que je vais défendre le cross-cap [contre le nœud borroméen]? Je pense que la formule du cross-cap est intéressante pour ceci que c’est uniquement dans le cross-cap qu’une coupure signifiante en double boucle va révéler un reste hétérogène au signifiant ; ça donne une bonne image de l’objet a. Cette structure du plan projectif, celle du cross-cap qui en est une immersion, reste très forte pour figurer le fantasme névrotique et ses ratés. Il m’avait servi de support aussi bien pour la psychosomatique que pour la névrose obsessionnelle. Elle ne convient manifestement pas pour la paranoïa et les schizophrénies. Si l'on retrouve dans le phénomène psychotique ces objets petit a, et spécialement la voix et le regard, c’est-à-dire ceux qui sont le plus liés au désir, il est clair qu’ils ne viennent pas dans le délire ou l’hallucination en position de cause du sujet. Ils échappent donc à la formule du fantasme, en tant qu’il serait structuré comme le cross-cap.
Je terminerai en vous faisant part de ce qui me travaille en ce moment : trouver un critère structural pour séparer le champ des paranoïas pures de celui des schizophrénies. Dans la doctrine lacanienne, même si Lacan dans son séminaire distingue bien le champ des schizophrénies et le champ des paranoïas, par la suite on a toujours un seul critère, la forclusion du Nom du père, critère qui a été produit avant l’invention de l’objet petit a, et évidemment il y a beaucoup de travaux, notamment à l’Ecole de Sainte-Anne, mais on n'a pas encore vraiment précisé ce qui fait critère pour distinguer les paranoïas pures et les schizophrénies. Freud avait déjà donné des éléments puissants, l’atteinte de la barrière narcissique du moi dans les schizophrénies alors qu’elle resterait intacte dans les paranoïas. Et puis cette assertion qui vaut pour les schizophrènes : « ils prennent les mots pour des choses », ce qui implique une perte de l’auto-différence des signifiants dans la schizophrénie. Les choses ne sont pas « auto-différentes », une chose est une chose. Cela entraîne une perte de la structure continue et compacte du lieu de l’Autre. Je propose pour le champ schizophrénique cette image : les signifiants ainsi gelés sont comme des objets séparés les uns des autres, au moins dans la partie plus ou moins importante qui est atteinte par le processus schizophrénique. Faute d’un littoral marqué et d’une coupure dans ce continu, ces signifiants-objets baignent dans un marécage de jouissance qui fait le seul lien entre les signifiants, entre les mots donc. L’articulation entre les mots dans le processus schizophrénique ne se fera plus par le sens mais par la jouissance. L’objet petit a n’est plus localisé mais il se trouve partout comme champ de jouissance dans lequel baignent les signifiants. C’est une proposition. Dans les paranoïas pures, interprétatives ou passionnelles, le sens est manifestement bien préservé, il est même ultra-préservé, il est particulièrement clair, sans équivoque, totalitaire. La structure compacte de l’Autre est bien maintenue. On a bien affaire à des signifiants « différent de lui-même » mais il faut bien admettre que l’équivalence potentielle des sens opposés (à la base de la construction du cross-cap) n’existe pas. La conséquence en est que, dans le champ délirant, la structure n’est plus mœbienne et que le sujet désirant est toujours du côté opposé à celui du sujet pathologique. C’est le phénomène décrit par Melman du mur mitoyen.
Bon, écoutez, ce n’est pas le moment de faire un nouvel exposé ! Je voulais simplement vous faire part de ce qui me travaille en ce moment, mais avec plein d’autres choses. Je voulais dire qu’il y avait des urgences : reprendre le champ des psychoses et le critère de la forclusion du Nom du père avec l’invention de l’objet petit a, que la topologie des surfaces n’a peut-être pas dit son dernier mot, mais à condition d’y inclure la structure du tissu des surfaces plus ou moins discrètes ou continues. J’ai oublié le nom de la dame qui a écrit un bouquin et qui se sert de cela, Nathalie Charraud, merci. Etablir une correspondance praticable entre la topologie des surfaces et la topologie nodale afin d’arriver à une cohérence de la pensée sans bien sûr prétendre à une exhaustion du réel. Il est normal d’avoir des abords différents mais enfin ce ne serait pas mal qu’il y ait dans nos concepts un certain lien de cohérence. C’est peut-être un vœu excessif, mais enfin, voilà !
J’ai émis certaines réserves sur la passion de la pureté, j’espère n’être pas tombé dans le souci de préserver la pureté de mon petit objet petit a !