La drogue, objet cause de quoi ?
Association lacanienne internationale
Grand Séminaire de l’ALI 2021-2022 - L’invention de l’objet a : qu’en faisons-nous ?
Mardi 24 mai 2022
Conférence de Thatyana Pitavy : La drogue, objet cause de quoi ?
Dans ce type de cycle de travail, quand il est question de traiter d’un thème commun, c’est toujours une chance de pouvoir passer après quelques interventions, c’est vrai que cela ouvre des horizons. En écoutant les quatre excellents exposés qui m’ont précédé jusqu’ici, on réalise très vite, qu’il n’y a pas qu’une seule façon d’attraper cet objet a, seul produit 100% lacanien. Ce qui est plutôt rassurant si l’on veut éviter tout effet de doxa lié à cet objet a et lui donner toute sa valeur, toute sa fonction opérante dans l’enseignement de Lacan mais aussi et avant tout, sa fonction opérante dans notre pratique quotidienne. N’oublions pas que c’est avec l’objet a en place d’agent que le discours de l’analyste s’écrit et que c’est de cette place que le psychanalyste opère. Ce petit a, cette petite lettre a, est loin d’avoir dit son dernier mot, alors à mon tour ce soir, d’essayer de l’approcher, le border par cet autre objet pas moins fabriqué ou inventé, l’objet privilégié, préféré de tous les toxicomanes, la drogue.
A partir de là, la question se pose : en quoi la drogue peut-elle nous éclairer sur l’objet a ? Est-elle un équivalent de cet objet a ? Nous ne pouvons pas affirmer cela d’emblée, mais nous pouvons dire, tel l’objet petit a, que la drogue est un objet polymorphe, qui peut s’avérer opérant, opératoire pour le sujet toxicomane. Elle peut, en tout cas, prendre des formes cliniques très variées pendant une cure, et qui dit cure, dit, espace et temps du transfert. Afin d’avancer sur cette question, nous allons laisser le champ entre ces deux objets ouvert et voir où cela nous mène. Je vous propose donc d’interroger ce polymorphisme, qu’on retrouve dans l’objet petit a et dans la drogue, à partir de trois axes distincts, trois axes qui recouvrent trois temps différents de l’enseignement de Lacan.
1 - La drogue, l’objet a et Lachose –Séminaire de l’Éthique
2 - La drogue, l’objet a et le fétiche – Séminaire de La relation d’objet
3 - La drogue, l’objet a et les jouissances – La troisième
La drogue, l’objet a et Lachose
D’une façon curieuse, la première partie de mon intervention va venir s’inscrire à la suite ou dans la continuité de l’exposée de Paula Cacciali, en tout cas, je vous propose de partir de là, de là où elle nous a laissé. « Que doit l’enfant à l’interdit de l’inceste ? », je vous rappelle, c’était le titre de son exposée. Une mise en lumière, par sa pratique avec les bébés, de cette opération symbolique, nécessaire, opération à trois, métaphore paternelle. Comme Paula nous l’a si bien montrée, il s’agit d’une opération qui convoque mère (son désir), enfant, et une instance tierce, opération de séparation, ayant pour fonction de décoller le futur sujet de lachose maternelle. Décoller le bébé d’un type de jouissance qui se veut compacte, sphérique et incestueuse, afin d’accéder à cet autre type de jouissance, dite partielle, jouissance objectale. Perte radicale de jouissance, condition sine qua non de l’assomption de l’objet petit a - cause du sujet désirant à venir. Opération d’aliénation et de séparation. Normalement, cette opération symbolique de séparation se fait sans grande difficulté pour la plupart d’entre nous, une fois que nous avons les prémisses de cela dès notre arrivée sur terre, nous serons marqués pour ainsi dire, par une toute première perte radicale, troumatisme de la structure, rappelons-le, le trou que le symbolique opère dans le réel, prélèvement d’une livre de chair qu’on doit à notre condition de parlêtres, nous dénaturalisant à jamais. Ce bout prélevé, qu’on doit à notre condition de parlêtre porte déjà en elle, la trace de l’objet a, la perte d’un bout de soi qu’on ne retrouvera jamais, nous voilà d’entrée, entamés. Cela est un fait de structure, le trou que le symbolique opère dans le réel devient ainsi un élément de la structure-même du parlêtre. Faisons remarquer que cette opération/castration de faite ne s’inscrit pas encore comme un choix de la part du sujet, qu’il va en falloir une autre, quelques autres pour valider l’opération. Pour illustrer cela d’une façon très imagée prenons l’exemple du corps de la mère et celui du bébé, deux corps enlacés, liés avant la naissance (mère-placenta-bébé), or, même s’ils semblent faire un seul corps, une seule Chose, nous pouvons dire qu’il y en a déjà deux, l’un qui contient l’autre. Un corps dans un autre corps, organiquement intriqués. Donc, deux corps radicalement noués qui, au moment de la naissance, se détachent, se décollent réellement, et le reste de ce « réellement décollé » prend ici la forme du placenta, qui rappelons-le, fait partie de la série des objets petit a décrit par Lacan. Le placenta comme ce premier reste, produit de la séparation réelle des corps et de notre condition animale. Si Lacan en parle du placenta comme d’un objet amboceptif, il me semble que ce reste produit lors de l’accouchement, le caduc, comme il dit, est du côté de la mère. Or, mais voici qu’aussitôt détaché du corps de l’Autre par ce placenta, par ce caduc amboceptif, l’enfant est aussitôt récolé par la pulsion orale, dont l’illustration majeur, est celle du sein maternel, le corps maternel et celui du bébé sont à nouveau pris dans cet autre espace indifférencié, mais cette fois-ci, je dirais, dans un espace d’indifférenciation plutôt imaginaire, car la coupure réelle entre corps a déjà eu lieu. Or, il va falloir attendre le complexe de sevrage pour qu’il y ait à nouveau séparation, coupure, et que le reste de l’opération cette fois-ci sera la production du sein comme objet perdu, car avant cela, l’enfant et le sein ne font qu’un. Avant le complexe de sevrage, le bébé est pris dans une jouissance auto-érotique, organique dans laquelle il n’y a pas encore de l’Autre, ni de l’objet. Disons que cela est un point crucial pour comprendre la suite, à savoir, que jouir de la lachose, correspond ici à une jouissance fermée, sphérique, auto-érotique, l’Autre n’est pas encore constitué comme Autre et l’objet n’a pas encore été symbolisé comme manque, comme perte, comme pièce détachée. Une fois dit cela, nous savons que la pulsion orale se met très rapidement en route, et que l’objet de cette pulsion ne sera finalement pas le sein, ni la nourriture (quoique), mais, d’une part, la succion elle-même et de l’autre la demande d’amour infinie, d’un amour jamais assez assouvi, adressé à l’Autre. Disons-le, l’Autre on veut le manger, et cela par tous les trous du corps, car on mange certes par la bouche, mais la pulsion orale ne se restreint pas à cette zone érogène, elle va produire des orifices équivalents, à savoir qu’on mange aussi par les yeux, par les oreilles, par la peau, par le nez, l’anus, l’urètre, le vagin… Vous voyez la déspécificité, spécificité pulsionnelle. L’appétit du petit de l’homme est cannibale. C’est un fait que nous sommes dévorés par le symbolique, mais pour pouvoir parler d’un sujet futur, d’un sujet censé venir désirer, du sujet qui sera l’objet de la psychanalyse, une autre opération sera nécessaire, car être pris dedans, dans la structure du langage, comme nous l’avons dit, ce n’est pas le bébé qui choisit, c’est le réel de la vie qui l’impose, on ne choisit pas l’existence. Donc, un deuxième temps logique est nécessaire, et qui dépendra en grande partie de l’appétit symbolique du bébé. Il a été mangé, et maintenant c’est lui qui doit manger et se faire manger. Appelons cela le temps de l’incorporation du langage, du signifiant, métaphore paternelle. Là, oui, le petit de l’homme aura son mot à dire. Car une fois dedans, ce n’est que petit à petit que le bébé de l’homme se laissera pénétrer, incorporer - ou non - par l’Autre, à la fois œil et regard, parole et voix. Variations, rythmes. De petites lettres qui viendront s’écrire à la surface du corps : des zones érogènes à venir. Le moment du sevrage, reste un moment mythique, historique, d’une radicalité très belle, ce moment où le petit de l’homme se sèvre, là où il quitte le corps de la mère, crache son lait pour désirer ailleurs, goûter ailleurs. Nous avons alors, l’apparition, formation de cet objet perdu et découpé, le sein. Ce qui se joue ici, et comment cela s’est joué pour le sujet, va s’inscrire, servir de matrice pour toute relation d’objet à venir, ça laisse des traces, donc ça va revenir. Si je vous ai décrit une conjecture idéale, cela n’est pas toujours le cas. Il y a des bébés qui ne veulent pas être sevrés ou des mères qui n’autorisent pas le sevrage, des bébés anorexiques, des bébés sans appétit ça existe aussi… les psychopathologies et les symptômes seront pluriels, variations.
Mouvements et révolutions continus, rythmiques, pulsatiles : la vie. La vie ne s’arrête pas, plus. La vie jusqu’à la mort insiste par son réel, par cette présence/insistance énigmatique. Le temps apparaîtra ici comme une autre dimension / immersion inévitable. Corps exposés, immergés dans le temps, le temps qui passe et laisse ses traces, le temps qui s’use, corrosif parfois... le temps nécessaire pour accepter l’Autre, le temps d’un deuil, d’un traumatisme, le temps nous transcende, parce qu’il nous oblige à aller au-delà. Mais si seulement nous pouvions le ralentir, le prolonger ou parfois l’accélérer, allez ! Un peu plus vite, plus vite, pour vite arriver au bout. La clinique avec les toxicomanes nous enseigne cela, parce que si c’est le cas, si le destin c’est de mourir, alors accélérons, prenons des raccourcis, les toxicomanes se mettent souvent dans une sorte de défi anarchique contre le temps et la mort. Une consommation de la vie dans laquelle nous perdons toujours, puisque la vie ne meurt pas comme ça, la vie peut être très longue... les toxicomanes âgés sont souvent surpris, d’avoir vécu autant, vaincu le temps, et comme dans une vie de toxicomane, peu de chose se construit, car la logique est celle de consommer, un jour après l’autre, alors quand on s’en rend compte, parfois il est un peu trop tard pour se rattraper, le courage nous a quittés, le corps est ruiné... Et c’est là, qu’ils commencent vainement à tuer le temps... Je me réfère ici aux toxicomanies chroniques, bien entendu. J’ai suivi quelqu’un qui pendant les week-end, prenait des somnifères à hautes doses pour faire passer le temps, il dormait pendant deux jours durant, en attendant son rendez-vous du lundi matin. Il attendait d’avoir sa dose de l’Autre. Un drôle d’usage des psychotropes, dans sa fonction de tuer le temps.
Passons à clinique pour illustrer ce que nous avons avancé jusqu’ici. A savoir, qu’en est-il de ce passage de Lachose à l’objet petit a dans la clinique de la toxicomanie ? Passage de l’objet sphérique à l’objet partiel ? Passage de l’auto-érotisme à la rencontre de l’Autre, du manque dans l’Autre ? Je ne sais pas si c’est Freud ou l’école anglaise qui utilise ce terme de l’allo-érotisme, « allo », en grec, ça veut dire : autre, différent - quand le sujet cherche à jouir de son propre corps en passant par un objet extérieur – or cela illustre bien ce rapport auto ou plutôt allo érotique du sujet toxicomane avec la drogue. Vous allez voir que ce passage de lachose à l’objet partiel va être curieux chez certains toxicomanes, car l’instance tierce susceptible de faire métaphore paternelle n’est pas toujours l’Autre symbolique au départ, mais la drogue tout de même. Allons-y. Un homme d’une quarantaine d’années, et derrière lui une longue toxicomanie, la moitié de sa vie. Fils unique, de père inconnu et d’une mère grande adepte du régime macrobiotique, régime apparu dans les années 50 en France, qui comme vous savez était au-delà d’un régime, mais toute une philosophie de vie qui visait la longévité de la vie justement. Alors, ce monsieur a été élevé dans ce régime strict, macrobiotique, non recommandé pour les enfants et pour les adolescents, car il proscrivait certains aliments fondamentaux à la croissance. Il me disait qu’en étant petit, qu’il ne mangeait pas à sa faim, qu’il partait à l’école avec une petite poignée des fruits secs à la main, et que c’était ça son goûter. « Je ne mangeait pas à ma faim », était vécu comme un traumatisme, une privation, autrement dit, « il n’a pas eu sa dose ». Pas eu sa dose de nourriture, pas eu sa dose d’amour, de l’amour que la nourriture véhicule, l’amour maternelle se résumait ici à une toute petite poignée de fruits secs, voyez-vous une pulsion orale condamnée à l’hypertrophie, peut-on dire. Or, à l’âge de 20 il fait une entrée en psychose et dans la foulée en toxicomanie. Dix ans durant, il va vivre dans un local poubelle séparé du monde extérieur par une vitre teinté, a effet miroir. C’est derrière ce miroir caché qu’il va vivre pendant dix ans à s’injecter de l’héroïne. Les restes de la poubelle et lui ne faisant qu’une seule et même chose, lachose dans son versant mortifère. Quand je l’ai rencontré il n’était plus à vivre dans la rue, il était déjà suivi dans un centre méthadone par une assistante sociale et un psychiatre. Il venait me voir pour parler, il était traumatisé de ces dix ans à vivre dans ce local poubelle, traumatisé de cette pulsion de destruction que l’avait saisi de corps et d’esprit, traumatisé d’avoir été cette chose déchet, l’(a)bject pendant dix ans. Il était pris dans un espace clos, consumé par une jouissance mortifère et auto-érotique, allo-érotique qui le coupait de l’Autre et des petits autres. Or, quand un toxicomane est prêt à venir parler de sa toxicomanie c’est que quelque part, il est déjà prêt à lâcher quelque chose. La drogue apparaît alors comme un objet duquel « je peux me détacher ». En tout cas, la cure va se diriger vers ce point là, vers une sorte de présence-absence de la drogue, d’un fort-da qui la symbolise comme objet qui peut se détacher du sujet. Dans le transfert, et au bout des quelques années, la drogue prendra aussi cette autre forme : pour essayer de se passer de son injection quotidienne d’héroïne, ce monsieur me demandait de venir me voir à l’heure et en lieu de son shoot habituel, il me disait, « quand je suis avec vous je peux m’en passer de l’héroïne ». Nous voilà dans le transfert réellement en lieu et en place de l’objet drogue. Qu’est-ce qu’on fait de cela ? Pour ce monsieur, j’acceptais de me laisser consommer comme ça. Alors, je le recevais à la demande, nous y revenons à la pulsion orale : tous les jours il arrivait : « Mme Pitavy est là ? » Cela a duré quelques années comme ça. En tout cas, pour le semblant d’objet nous y sommes. J’étais devenu le bon objet et la drogue le mauvais objet, l’a-bject. Glissement important, car c’était lui l’a-bject dans le lieu-poubelle. On entend aussi la mise en concurrence entre l’analyste et la drogue, il faut dire que le plus souvent c’est la drogue qui gagne, mais avec lui j’avais la cote.
Ce monsieur était aussi un fin voleur, après tout, il fallait pouvoir payer sa consommation d’héroïne et son goût de luxe qui lui était revenu après le passage par les poubelles. Lors, des séances, il « ouvrait son sac » pour me montrer tous ses objets volés, « ce qui ne peut pas se dire se montre », n’est-ce pas ? C’est la définition même de l’acting-out que propose Bernard. En tout cas, ce n’était pas anodin d’ouvrir son sac… Il m’incitait parfois à mettre ma main dans le sac, pour choisir un de ces objets, car il volait exclusivement des produits de luxes, d’objets de marques, des noms. Du champagne, des crèmes, des parfums, Dom Pérignon, Yves Saint Laurent… Des objets marqués de valeur symbolique, des objets qui portent un patronyme. Avez vous une idée où il allait revendre tout cela ? Eh bien, dans un bordel ! Dans un bordel de luxe bien évidemment, alors ces femmes mûres lui disaient très finement : « Bastien, on travaille pour toi ! » C’est ingénieux comme montage. Soi-disant, « il fait travailler ces dames, c’est lui le chef ». Toutes ces belles choses volées sont achetées avec l’argent de la prostitution, et tout cet argent récolté est vite consommé en héroïne, et en avant… C’est du travail à plein temps, et la jouissance est assurée à tout bout de chemin, le vol, la transgression, le commerce du sexe, l’héroïne. Une solution perverse et plutôt réussit.
Je reviens au polymorphisme de l’objet drogue, nous avons vu comment elle entretenait un retour à lachose, à une jouissance fermée et mortifère, versant réel de la drogue. Nous avons vu aussi que dans le transfert elle pouvait apparaître comme un objet symbolique, d’abord comme présence et absence, puis dans cette opération de substitution l’analyste à la place de la drogue, la drogue apparaissant ici comme signifiant. Versant symbolique. Et ici, dans ce montage fantasmatique que je vous ai décrit, on peut lire l’héroïne comme objet cause de fantasme, en tout cas, c’est elle le mobile du crime. La drogue dans son versant imaginaire.
Les années passant, je ne le recevais plus à la demande, mais sur rendez-vous, et un jour, sans prévenir, au pas de la porte, il me dit très poliment que nous avons fait un long chemin ensemble et qu’il m’a tout dit, alors il n’a plus besoin de moi, il n’a plus rien à dire. On s’est dit au revoir, là, au pas de la porte. Voilà, ce que j’appelle un sevrage à la dure, qui a été sevré ? Souvenez-vous, j’étais élevé au rang de son héroïne à des moments de la cure, alors quand l’autre nous quitte, qu’est-ce qu’on dit, qu’est-ce qu’on fait ? On supporte dans tous les sens du terme, je ne l’ai plus jamais revu. Une fois en contrôle avec Marcel Czermak, il m’avait dit, qu’il n’y avait que les psychotiques qui étaient à même de liquider le transfert, de se sevrer de l’Autre, ça m’a appris. Ce cas nous apprend aussi que si le sujet psychotique a son objet a dans la poche, c’est-à-dire, un objet qui a dû mal à être lâché, c’est parce que cet objet est un réel support d’identification pour le sujet, en ceci que le sujet psychotique se trouve réduit à l’objet a, comme pour mon patient, réduit à l’objet déchet, en l’occurrence. Or, ce qu’une toxicomanie peut apporter au sujet psychotique, c’est qu’elle va fabriquer, produire un autre objet, un objet de substitution en quelque sorte, avec lequel une relation d’objet va pouvoir se construire. Un objet de substitution dans la réalité certes, mais pas moins réel car la drogue provoque des effets réels de corps, il ne faut pas oublier. Si la drogue est apparue pour ce monsieur dans un premier temps pour calmer ses angoisses psychotiques, au début de son entrée en psychose, à savoir qu’elle lui est d’abord apparue comme une automédication, vous savez, c’est très courant que la drogue prenne cette fonction, même si c’est loin de se réduire à cela, car il faisait très bien la distinction entre son délire cénesthésique et les effets de corps ressentis par son usage d’héroïne, là oui, il se maintenait dans un rapport à lachose auto/allo-érotique. Mais nous avons vu aussi que c’est à partir d’elle, de ce même objet drogue, que le sujet a pu mettre en jeux une relation d’objet possible, cessible, faisant d’elle un objet de médiation symbolique dans le transfert.
La drogue, l’objet a et le fétiche
Si dans cette première partie nous avons été au plus près de la clinique et de sa complexité, continuons d’avancer avec cet objet, la drogue. Partons de cette généralité, en disant que les Addictions sont une façon de nommer ce qui est devenu un véritable symptôme social, un symptôme manufacturé, produit/production du discours capitaliste et du discours de la science, un symptôme fourre-tout, prêt à l’emploi. Sans trop de difficulté nous pouvons avancer que les objets des addictions sont, dans leur forme manifeste, les objets du monde : objets baladeurs, gadgets, psychotropes, marques, technologies, images, pornographie, jeux, idéologies… La liste est bien trop longue ! Objets cause de jouissance qu’on retrouve à tout bout de champ. Jouis, c’est le mot d’ordre ! On peut se poser la question, comment ça se fait que des objets aussi convenus, voir même inanimés pour certains, prennent une telle valeur pour le sujet ? Au point qu’il ne peut plus s’en passer ? Effectivement, en cas d’addiction, on ne peut que constater l’excès de cette relation extrême et disproportionnelle du sujet à l’objet, d’un objet métonymique, pris de continuité, voir de confusion parfois, car on finit par ne plus savoir qui est véritablement le sujet et l’objet dans l’économie des addictions. On note aussi un phénomène d’excroissance, où l’objet devient une partie de soi-même ; une prothèse narcissique pour reprendre la thèse de Fernando Geberovich. Comme nous savons, toute tentative de séparation, de mise à distance est très vite vécue comme une privation, un arrachement, voir comme une amputation, le manque est réel et la distance supportable d’un tel objet est minime. Dans cette voie, nos interrogations doivent être portée non pas seulement du côté de l’objet, la drogue en l’occurrence, mais dans la relation que le sujet établi à cet objet, il me semble qu’il est bien là le nœud de la question. Rappelons-nous que La relation d’objet est aussi un séminaire de Lacan, séminaire IV – où il va traiter de l’objet fétiche et de la perversion. Donc ça va être à la lumière du fétiche que nous allons chercher nos réponses. Qu’est-ce qu’un fétiche ? Fétiche : étymologiquement Fetisso. Mot d’origine portugaise datant du XVème siècle. Destin, fatalité… Le dictionnaire Larousse définie le fétiche comme étant quelque chose « artificiel », « non-naturel », « factice » et par extension « sacrilège ».
L’objet-fétiche a pris de la latitude au fil des siècles, il est rentré de fait dans le discours courant, par plusieurs courants de pensée justement : religieux, ethnographique, anthropologique, philosophique, économique, psychiatrique, psychologique, psychanalytique, par l’art... La liste est longue. Objet culturel, artefact, il est devenu un lieu commun et un lieu intime à la fois, tout un chacun peut faire de l’objet-fétiche un usage privé, à chacun son fétichisme. Variations, varités, facticités… Objet transformé en chose sacrée une fois épris d’enchantement. N’importe quoi peut être élevé au rang d’un fétiche. Selon Durkheim, « ... par choses sacrées, il ne faut pas entendre simplement ces êtres personnels que l'on appelle des dieux ou des esprits ; un rocher, un arbre, une source, un caillou, une pièce de bois, une maison, en un mot une chose quelconque peut-être sacrée[1] » (Durkheim, 1994 : 51).
Si le fétiche prend des formes variées, on va aller un peu plus loin en disant qu’il traverse tout type de sujet et de genre, qu’il soit psychotique, névrotique ou pervers, homme, femme, transgenre... Rien à faire, il est là dans notre façon de s’habiller, d’aimer, de parler, de rêver, de consommer, de se faire consommer. Parfois on a même du mal à l’identifier, à le situer, fait d’une opacité éblouissante il est tantôt objet de la réalité, tantôt grand phi - phallus symbolique, tantôt moins phi - phallus imaginaire, il peut aussi prendre appui dans l’objet petit « a » (réel)… On le lit RSI (réel, symbolique, imaginaire), toutes ces facettes, comme dans un tour de passe-passe, un trou de passe-passe car très paradoxalement il nous glisse des mains, de main en main, car il est avant tout relation à l’Autre, au trou de l’Autre.
D’après Freud le fétiche « demeure le signe d’un triomphe sur la menace de castration et une protection contre cette menace ». Signe d’un triomphe, cela évoque le triomphe de la manie. C’est curieux qu’on ne parle pas souvent du fétiche dans son rapport à la manie. Quid de l’état d’exaltation maniaque expérimenté dans le festin totémique ? Le totem, nourriture fétichiste par excellence. Totem et Tabou – première identification dite au père. Dieu le Père-fétiche, Passion de l’UN.
Restons dans le signe d’un triomphe, On peut prendre comme exemple la petite manie, à savoir des états hypomanes « normales » qu’on expérimente dans notre vie moderne et quotidienne où nous sommes tout simplement appelés, mis en appétit par un flux d’objets du monde artificiellement fétichisés, prêts à consommer ou à se faire consommer. Tout ça pris dans une chaîne métonymique incessante, festin assuré jusqu’au dégoût, jusqu’à perdre l’appétit, jusqu’au rien… Le rien, Lacan en parle, celui de l’anorexie mentale, l’anorexique mange ce manque qui est dans l’objet, elle mange ce rien. Vous voyez, les addictions ne sont jamais loin de la problématique (du phénomène) fétichiste et de l’objet a. Car ce rien de l’anorexique est aussi élevé au rang de l’objet a. Or, la drogue n’est pas le rien de l’anorexique, même si dans certaines conditions elle perd de sa substance, de sa matérialité, surtout quand elle part en fumée…
Alors, la drogue comme fétiche, car la drogue est quand même un « sacré fétiche » ! Et la toxicomanie un fétichisme hautement profane, le culte, les rituels, les gestes, l’objet saisi de puissance, d’adoration, tout y est, même l’au-delà, la transcendance dans la défonce autrement-dit. Nous savons que l’économie des drogues tente cette opération qui consiste à faire de la castration une privation, autrement dit, faire du manque symbolique un manque réel – faire du manque un besoin et du désir une dépendance, voire une jouissance. L’espoir, voire le fantasme, car cela revient au même c’est d’imaginer qu’à partir de là, il suffirait de trouver son objet et de s’assurer que dans la réalité il ne vienne pas à manquer. Paradoxalement, puisqu’il est question de dépendance, pour ces sujets l’impression de pouvoir maîtriser quelque chose compte ici. Car nous savons bien, qu’il n’y a rien de plus symptomatique, de plus ambivalent que le pharmakon, remède et poison à la fois. Autrement dit, le bon et le mauvais objet qui répond à tout, là, juste à portée de main. Alors, cet objet-là, je peux le maîtriser, l’incorporer, le jeter, le tripoter, le manipuler, etc.. Jusqu’à que ça soit lui qui vienne me contrôler, m’obséder, me consommer, me tuer… Jusqu’à que ça soit l’angoisse et la panique qui viennent me rappeler que l’agent de cette opération, finalement, n’est pas moi, mais l’objet lui-même. Rapt de l’objet. Un objet détourné de sa fonction « objet cause du désir » - détourné de sa fonction éminemment symbolique – objet du manque fondamental du sujet - pour se transformer dans une sorte d’objet positivé, objet-chose fabriqué, c’est-à-dire, un objet qui se voudrait un objet de la réalité. C’est dans une telle conjecture que la drogue est à considérer comme un objet fétiche. Encore une fois, elle en prend les propriétés, elle est même imbattable sur le thème de la relation d’objet, du manque de l’objet, de l’absence de manque plus précisément ! Jouissance assurée. L’analogie entre la drogue et le fétiche est frappante ! La question est de savoir jusqu’à quand et à quel prix ? Car c’est un fétiche qui se maintient artificiellement et qu’il peut vite finir par désenchanter, c’est en ça que Fernando Geberovich tranche quand il dit que « la toxicomanie est une perversion ratée ». Peut-on dire, drogue et fétiche : un objet « a » tout faire ? Ce qu’on peut dire c’est qu’une fois que la drogue est prise d’adoration - au sens fétichiste du terme, elle devient un objet psychique, il n’y a pas de doute là-dessus, et c’est à lui que le sujet va désormais s’adresser, c’est à partir de lui qu’il va s’articuler. Par contre cet objet, s’il n’est pas l’objet cause du désir, va-t-il pouvoir fonctionner comme objet cause du fantasme ? Là aussi, il devient un support, un substitut, un ersatz de l’objet « a », de celui qui organise le fantasme. Dans le séminaire IV, dans certains passages, il y a quasiment une correspondance entre le fétiche et ce que Lacan va formaliser par la suite comme sa théorie de l’objet petit « a ». Si ce n’est quand il évoque cet objet-rien de l’anorexique auquel il revient à plusieurs reprises, mais aussi l’articulation du désir pervers, du fétiche en tant que c’est lui qui noue le fantasme. Revenons au mathème du fantasme (\$ <> a), dans le désir pervers on pourrait lire sans difficulté fétiche en place de « a », (\$<> -j). L’habilité fétichiste est de donner une consistance imaginairement réelle à l’objet du fantasme. En l’habillant, qu’est-ce que ça change ? L’objet « a » une fois costumé, est-ce il change de structure ? Je ne sais pas, mais il change de consistance, en ceci qu’il ne serait plus trou dans l’imaginaire, il ne serait plus un objet non-spéculaire, non-imaginarisable. Il va prendre forme, il devient une image. Voilà, dans ces conditions, pouvons-nous parler de la drogue-fétiche comme un objet « a » positivé, imagé ?
Dans le Séminaire l’Envers de la psychanalyse, Lacan introduit un néologisme fort intéressant, nous sommes en 69, il nous parle de la lathouse. C’est un néologisme complexe : de la léthé (oubli), aletheia (vérité), ousia (être). Une sorte de dévoilement de la vérité de l’être ou du manque à être plus précisément. « Le monde est de plus en plus peuplé de lathouses », « des menus objets petit a que vous allez rencontrer en sortant sur le pavé à tous les coins de rue, derrière toutes les vitrines, dans ce foisonnement de ces objets faits pour causer votre désir, pour autant que c'est la science qui nous gouverne ». La lathouse sera ainsi le produit de l’accouplement du discours capitaliste et du discours de la science – Marc Darmon fait remarquer que « c’est un objet qui n’est pas finalement négatif dans le discours de Lacan, puisqu’il représente aussi ce reste, un reste qui persiste dans la lathouse, ce reste qui est l’objet petit a. » Il s’agit d’un substitut, d’un objet qui va représenter un ersatz de l’objet « a » - une modalité capitaliste de l’objet « a ».
La drogue cause des jouissances
A partir d’ici nous allons prendre comme support l’écriture borroméenne. Qu’en est-il de l’objet a logé au cœur du noeud, dans ce triple trou central, point-trou triple RSI. La première remarque est la suivante, l’objet ainsi localisé, va prendre la consistance de ces trois dit-mensions : réel, symbolique et imaginaire.
Dans La troisième, Lacan nous dira que ce même objet fait le noyau élaborable de la jouissance. Ce sont des indications importantes pour la saisie de l’objet a que nous avons mis au travail ici. Or, l’ek-sistence de ces trois jouissances (Jouissance Autre, Jouissance phallique et jouissance du sens) est assuré ici par ce point trou-tourbillon générateur, comme nous voyons, les jouissances gravitent autour, elles apparaissent comme une prolongation. Objet, noyau élaborable de la jouissance, peut-on dire objet cause de jouissance ? Ou bien objet des jouissances ? C’est une écriture qui nous déplace un peu… quid du désir, de l’objet cause du désir ? Alors trois facettes, trois versants de l’objet a, trois façons de le nommer, on peut dire que dans son versant imaginaire, il est objet du fantasme, dans son versant symbolique, il est objet cause du désir et dans son versant réel, il est cause et excès de jouissance, plus-de-jouir. Le fait est que ces façons de nommer, produit une jouissance spécifique et on a qu’à suivre les recoupements eulérien de cette écriture : quand l’objet a se tourne vers le RI (Jouissance Autre) /excès de jouissance/angoisse, vers RS (Jouissance phallique) /désir/symptôme et vers SI (Jouissance du sens) fantasme/inhibition. Tout ceci pour vous dire qu’il devient ici un véritable opérateur, et qu’il occupe une place centrale, celle d’agent. Tout mouvement du nœud aura la trace de cet objet.
Objet qui dans sa fonction cause du désir garde bien évidemment la structure du trou, trou fondamental de la structure, mais qui, dans sa dimension imaginairement réelle, nous avons vu cela avec le fétiche, peut être interroger quant à sa nature d’objet de/dans la réalité : d’objet positivé, voir fétichisé. Autre particularité, c’est qu’il n’est pas ici un objet détaché du corps, chose curieuse, Charles Melman fait souvent cette remarque, qu’il est situé dans ce point même de coincement, de serrage. Or, à l’aide de cette écriture borroméenne, je vais pousser l’objet drogue et la relation à cet objet à son paroxysme, souvenez-vous qu’on avait abordé la drogue dans son rapport à lachose, où finalement, c’était le sujet toxicomane qui se retrouvait en lieu et en place de l’objet a, identifié à l’objet déchet en l’occurrence, une identification sans poinçon pour reprendre l’exposée de Valentin. Nous allons interroger maintenant un autre usage de cet objet, et vous allez voir que c’est toujours un point d’identification qui est recherché, mais un point d’identification qui n’est ici point de jouissance. Je jouis, je suis. Je vais vous donner un exemple extrême : il y a une pratique très à la mode dans le milieu gay, où il s’agit d’associer sexe et drogues, on nomme cela le chemsex : ce signifiant chemsex est la contraction d’un terme anglais « chemical » et « sex ». Cet usage consiste à associer des excitants chimiques - à hautes doses - aux activités sexuelles pour les rendre plus intenses, plus performantes, tout cela en vue de les prolonger le plus longtemps possible. Des partouzes pouvant durer quelques heures ou quelques jours non-stop… Les produits associés sont la cocaïne, le GHB (la drogue du violeur), la kétamine (une anesthésiant générale – qu’on utilise aussi pour les chevaux), le crystal meth (ou d’autres dérivés amphétaminiques comme la 3-MMC) et les poppers. Autant dire, qu’avec ces types des produits les risques d’overdose sont carrément au rendez-vous. Le risque de mort, ça rentre aussi en ligne de compte dans cette pratique. Vu que parfois il n’y a que cela qui arrête, qui fait arrêt.
Alors, le Chemsex - ce cocktail drogues et sexe n’est pas tout à fait nouveau- mais ce qui a changé c’est la puissance toxique de ces produits, l’effet d’intoxication est impressionnant, les patients arrivent dans des états de décompensation psychotique, dans des états d’angoisse majeures, des idées noires, humeur dépressive, sans parler de la série des passages à l’acte qui s’associent : tentative de suicide, prostitution et overdoses. Cette pratique est de plus en plus répandue chez les très jeunes aussi et dans une population absolument insérée. On se demande bien où il se balade l’objet petit a dans ces conjonctures ? Car s’il ne se montre pas facilement comme objet cause de désir, il est bien là dans son versant réel. Entre le réel et le sujet sans médiation.
Voici une vignette clinique qui nous permettra d’illustrer ce qui est en jeu, passons au verbatim : « quand je suis dominant, je suis le mâle, je peux aller très loin, jusqu’à faire mal à l’autre, qui me supplie parfois d’arrêter, je peux aller pas loin du viol. Homosexuel, je suis soumis à ma virilité, je pouvais me sentir maître de tout, je contrôlais tout, la drogue, le sexe, le travail, j’étais dans la vente des chaussures de femme, j’étais le meilleur vendeur jusqu’à que je rencontre un mec, qui est venu appuyer dans l’affectif… et là, tout a tourné, depuis ça déraille, je me drogue sans limite, récemment j’ai fait une tentative de suicide devant le miroir, c’était étrange, ça m’arrive aussi de me travestir, j’étais la chose de ma mère. A côté de ça je ne peux jouir (dans le sens sexuel du terme) que de la passivité, en position passive ». Adepte de sex-party, cet homme me raconte combien de partenaires il a eu dans la nuit, cela compte, car ça pouvait aller jusqu’à 50 partenaires dans une soi-disant sex-party. Cela pouvait durer des jours, dans les caves, avec la drogue à hautes doses. Mais voici où je voulais en venir, c’est que jouir en position passive comme il dit, implique pour lui d’aller jusqu’à se réduire à un trou, un orifice, c’est-à-dire à se faire le réceptacle des tous les hommes, voilà le fantasme et le point d’identification majeur. Qu’est-ce que c’est de se jouir en trou ? Du trou, comme orifice. Si ce n’est qu’ici nous retrouvons le sujet réduit à la structure perforée de l’objet a ? Or, le trou dans lequel est posé l’objet a, dans La Journée des Cartels – Séance de clôture, Lacan le fait correspondre à la fonction des orifices dans le corps. Je fais remarquer que nous ne sommes pas dans la jouissance sphérique de lachose, ni dans la jouissance allo-érotique de l’objet fétiche, finalement très « gentil », nous sommes ici dans un montage où la vie et la mort se jouent réellement, où toute forme de semblant est exclue, où l’objet a et l’orifice du corps ne font plus qu’un trou, pulsion/objet/jouissance qui se réalise au lieu de la structure/de la topologie perforante du trou. L’objet drogue est l’objet qui participe activement à ce type de montage, si ce n’est que c’est lui qui en crée les conditions, une fois qu’il inhibe toute forme d’inhibition et qu’il lève toute forme d’angoisse. C’est un cas extrême, mais on peut parler aussi de la drogue comme cause des jouissances variés, banales, car aller se mettre dans le nez, dans la bouche, dans les veines, dans le sang, dans ses poumons tout un tas de produits assez toxiques pour mieux travailler, pour mieux faire la fête, pour mieux faire l’amour, pour mieux faire un deuil, pour mieux vivre avec soi et avec les autres, ça, c’est couru. En tout cas ça ne fait plus peur à personne. Alors, la drogue, objet cause de quoi ? Après toute cette traversée, je dirais, en contre-courant, que la drogue, est avant tout objet cause de fantasme. Il reste néanmoins cette question de fond, qu’endentons-nous par fantasme en psychanalyse ?
[1] Durkheim, Textes, 2, Paris, Éditions de Minuit, p. 65-121.
–, 1994 [1912], Les formes élémentaires de la vie religieuse, Le système totémique en Australie, 3e édition, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Quadridge ».