La psychanalyse serait-elle « une opération de sorcière » ?

Dans un premier livre Le pas de Freud, Élie Doumit avait déjà montré comment la contingence entre mythe et mathème impliquait un changement de cap dans l’expérience de l’analyse. Son deuxième ouvrage Le Réel en psychanalyse reprenait l’interrogation de Lacan sur et à partir de la disjonction du Réel et du Symbolique.

Dans ce troisième opus, Espace et temps, l’auteur manipule avec délicatesse la ­ gure surprenante de la sorcière évoquée par Freud. Avec l’écriture particulièrement déconcertante du nœud borroméen, Lacan fait écho à la « sorcière métapsychologique », une écriture topologique qui semble cependant exclure toute dimension subjective et ne répondrait pas à la question du symptôme. Élie Doumit rend compte de cette impasse dans le dernier enseignement de Lacan et interroge la possibilité même d’une analyse. En psychanalyse, il n’y a pas de savoir qui ne soit animé par une croyance qui s’articule dans un autre espace pour l’écriture du symptôme, écriture qui ne dure pas et qui reste hors savoir. « Aucun savoir ne su‑ t à tout et le tout nous échappe. » Et il ne faudrait pas que la sorcière devienne humaine, trop humaine…

Élie Doumit (1936-2021) fut psychanalyste à Lille au Maroc et au Liban, membre de l’ALI (Association Lacanienne Internationale) et fondateur de l’École psychanalytique des Hauts de France. Docteur en philosophie des sciences, il a enseigné l’épistémologie et la psychanalyse à l’Université Charles de Gaulle à Lille. Il a publié Lacan ou le pas de Freud et Le Réel en psychanalyse aux éditions EME en 2017 et 2019.