Notes de lecture à propos de "Les hommes, leurs amours et leurs sexualités"

Cet ouvrage part de l’étude pluridisciplinaire des mythes du rapt d’Europe, auxquels sont associés ceux du Minotaure et de Cadmos qui s’y articulent.
Patrick De Neuter nous conduit à une lecture clinique des paroles des patients en analyse ou en psychothérapie, qui n’est pas sans évoquer les transcriptions du monde des légendes : il s’agit pour lui, par cette voie, de donner corps à l’expression des pensées inconscientes refoulées.
La simplicité de l’écriture inscrite dans le développement des avancées de Freud, de Lacan et de quelques autres, permet à l’auteur des interprétations toujours en mouvement dont chacun pourra retrouver des échos dans sa propre analyse ou dans le parcours singulier de ses patients.
Les enfants, dès leur naissance, sont tels des « rois dieux » par nature et par miracle, ils sont à la fois objets et sujets de projections associées aux pulsions qui tout au long de leur vie mêleront amour, désir et sexualités. La Toute puissance et les plus grandes faiblesses viendront entrelacer leurs espoirs, leurs embarras et leurs devenirs à tous les âges comme cela était déjà écrit de tout temps dans les mythes et leurs traductions plurielles.
Alors, à chaque lecteur de s’introduire dans le parcours de cet ouvrage qui prend en compte le possible et l’impossible fondateur des lois du langage : celles-ci sont universelles et pourtant singulières, transmises par la famille, les rencontres, la doxa de l’époque, les multiples faces de la civilisation.
Des vignettes cliniques entendues ou rapportées par l’auteur nous donnent des indications toujours précises et compréhensibles des aléas et des pièges inhérents aux rencontres amoureuses.
Ajoutez les péripéties des pratiques sexuelles confrontées aux sources du désir et des fantasmes et vous aurez plaisir et intérêt à la lecture de ce livre surprenant dans les différentes acceptations du terme.
Le Glossaire que propose Patrick De Neuter complète utilement les dictionnaires existants en donnant consistance, si besoin est, à la logique de son entreprise et nous laisse suspendus à la parution annoncée de son supplément féminin tout en prenant en considération, nous dit-il, la richesse des identifications et la force des interdits largement déterminantes chez l’homme dans sa signature désirante.
La reconnaissance des mythes présents dans l’inconscient permet-elle de mieux donner une place à l’organisation langagière malmenée par la science ? Nous redonne-t-elle du temps ? Un temps qui ne serait pas celui de l’immédiateté, de la simultanéité mais celui nécessaire à l’altérité, à l’hétérogénéité.