SÉMINAIRE DE CHARLES MELMAN ET PATRICK GUYOMARD : LE SYMPTÔME DE LACAN (12/10/2021 - TRANSCRIPTION)

MELMAN Charles
Date publication : 03/11/2021

 

Séminaire Le symptôme de Lacan

Soirée Melman Guyomard du 12 oct. 2021


Tout d’abord je veux remercier Patrick Guyomard qui a reçu ma proposition de faire ce travail en commun avec une immédiate sympathie et intérêt ce dont je lui suis reconnaissant. Pour des raisons exceptionnelles, il ne peut pas être là ce soir mais nous avons pris le parti pour ne pas nous gêner mutuellement de suivre chacun notre chemin sur ce thème quitte à attendre justement de ce côtoiement quelque effet, quelque éclairage porté par l’un sur l’autre.

Le titre de ce séminaire cette année, c’est donc le symptôme de Lacan.

Le symptôme de Lacan dans la mesure où justement ce que nous avons appris de lui c’est qu’il n’est pas de parole qui ne soit issue du symptôme, du symptôme du locuteur. La seule façon de l’éviter c’est évidemment de tenir le propos de la science. Le seul problème c’est que la science ne parle pas. Je veux bien mettre ma main au feu mais je suis persuadé qu’aucun de vous ne l’a jamais entendue.

La science écrit mais elle ne parle pas, de telle sorte qu’elle n’est finalement qu’une façon parmi d’autres d’essayer de traiter le symptôme en tant que dans cette occurrence immédiate il n’est pas de parole qui soit universelle.

Ma parole ne restera jamais que d’abord privée, et privée pas de n’importe quelle façon puisque elle ne sera jamais formée justement que comme tentative de répondre à mon symptôme, de le corriger ou bien évidemment si je suis hystérique de le faire reconnaître.

Il est bien évident que c’est le phénomène du transfert qui nous fait forcément attribuer, ici en l’occurrence à Lacan, une parole qui serait universelle, qui vaudrait pour tous.

Comment serait-ce possible puisque dès lors sa parole serait scientifique, c’est la science qui parlerait par sa bouche alors que la science n’a pas de voix (voix). La science n’a pas d’objet a. Elle ne met pas en place un impossible qui serait habité par l’objet a de celui qui a été inventeur du théorème. Elle n’a que de l’écrit et quelque chose je dirais de pire et sur laquelle j’aimerais bien que vous-mêmes m’éclairiez un petit peu c’est que si vous démarrez par un algorithme elle s’écrit toute seule. Elle s’écrit toute seule avec la possibilité de distinguer par cette écriture autonome, le vrai du faux, ce qui appartient à cet algorithme et ce qui ne lui appartient pas.

C’est complètement dingue cette histoire ! Mais cependant c’est bien comme ça. Ce qui fait que nous ne pouvons être que encore plus sensible à ce qu’a été la tentative de Lacan de faire valoir une psychanalyse qui serait scientifique, ce qui voudrait dire une chose c’est que le symptôme serait le même pour tous. Il serait universel.

Le réel pour chacun de nous serait le même et incontournable.

Or il se trouve qu’il y en a un que vous connaissez bien et qui s’appelle la castration.

Alors s’il y a bien un symptôme qui est universel et qui s’appelle la castration pourquoi la psychanalyse ne serait-elle pas scientifique ?

C’est d’ailleurs ce qu’ont pensé très légitimement les initiateurs de la psychanalyse en allant vérifier l’universalité du complexe d’Œdipe. L’interdit de l’inceste est universel sans jamais avoir été formulé, articulé de façon universelle et même sans avoir jamais été articulé du tout et le jour où il sera inscrit dans le code pénal marquera sûrement un tournant dans la culture. On pourra si ça nous amuse dire pourquoi.

Et donc très bravement, en bons petits soldats que nous ne sommes pas nous avons étudié le séminaire sur l’Identification et dont Lacan à l’évidence estime pouvoir faire un texte scientifique ; il parle d’ailleurs de la science psychanalytique, c’est le mot qu’il utilise à partir de cette affirmation que le processus de l’identification au trait unaire est effectivement identique pour tout parlêtre, incontournable et constitue bien un symptôme, je dirais universel.

Cette démarche chez lui coexiste, cohabite avec d’autres flashs incidents dont on peut retenir divers d’entre eux, par exemple lorsqu’il dira : « moi je parle ici en hystérique ».

Ah bon, qu’est-ce que ça veut dire ?

S’il parle en hystérique ça veut dire que sa parole se soutient d’une coupure qu’elle introduit dans le réel, le réel qu’on peut en l’occurrence identifier comme le Grand Autre et sans que cette coupure soit justifiée ou entretenue, ou validée je dirai, par un objet a c’est-à-dire sans qu’elle fasse pour autant fantasme. Et c’est là que vous trouvez peut-être comme moi, j’en sais rien, peut-être suis-je le seul à m’émerveiller qu’il nous parle du discours hystérique, ce qui est remarquable pour réécrire la clinique de l’hystérie. Remarquable, sauf que l’hystérie, celle à laquelle nous avons affaire telle qu’elle a inauguré la psychanalyse, elle n’est pas un discours. C’est-à-dire qu’elle n’est pas la coupure, l’ouverture créée par cette femme dans le grand Autre, justement n’est pas soutenue par l’objet d’un désir, auquel cas il aurait introduit dans son rapport au signifiant, un cheminement, un ordre qui aurait été celui du désir alors que nous savons que ce cheminement est chez elle celui du désordre, de ce qui part dans toutes les directions parce que justement il n’y a pas cette localisation que crée le fantasme. Ce dont l’hystérique souffre c’est de ne pas avoir de fantasme constitué, elle en a une moitié, celle du sujet mais elle n’a pas l’objet qui lui donnerait la limite du réel susceptible d’ordonner son discours.

Bon mais enfin c’est pas parce que je fais cette remarque que mon propos sera de critiquer Lacan, c’est pas ça le but du séminaire de cette année, le but est d’abord de s’étonner que l’on n’ait pas jusqu’ici et sans doute à cause de ce phénomène remarquable du transfert, remarqué qu’une parole, celle de Lacan, qu’il distinguait toujours de son écrit, qu’une parole est toujours ce qui est nourri, entretenu, suscité, créé par ce qui pour le sujet constitue son manque, que c’est lui qui l’alimente et qui fait que son propos sera toujours d’une manière ou d’une autre, qu’il s’agisse seulement de tenter de le palier ou qu’il s’agisse au contraire de le faire éclater, mais qu’il s’agira toujours d’une parole privée sauf évidemment et c’est là qu’il faut ouvrir le catalogue des références possibles de la parole.

Elles ne sont pas innombrables, elles sont en nombre limité. L’une de ces références c’est évidemment de prendre appui sur l’au-moins-un qu’une parole est susceptible d’animer dans le grand Autre, de mettre en place et de chercher à faire valoir que cet au-moins-un est collectif, général voire universel et que dès lors ma parole si elle se réclame de cet au-moins-un elle vaut pour tous et donc du même coup elle corrige ce qui est le manque de toute parole c’est-à-dire que ce qui lui manque c’est ce qui ferait sa vérité. La vérité de cette parole c’est que la vérité lui manque, autrement dit c’est l’objet dont elle prétend se soutenir qui lui manque sauf si cette parole est soutenue par son fantasme mais dans ce cas-là c’est une parole privée et si elle prend référence de cet au-moins-un que je viens d’évoquer cette référence pourra être évidemment idéologique ou bien prendre une figure nominale même lorsqu’elle est idéologique. C’est drôle comment les idéologies ont besoin de se trouver une figure une pour les représenter et donc ne pourra s’affirmer que par cet abus, cette tromperie qui veut que par amour, dont l’amour de transfert entre autres ou aussi bien la haine tout aussi bien notre parole prenne appui pour en dire l’amour ou pour en dire la haine qui lui est portée sur cet au-moins-un dans l’Autre mais il y a évidemment d’autres places encore pour soutenir sa parole, l’une d’elles est bien connue c’est évidemment le Moi : « c’est moi qui vous le dis » autrement dit la valeur du narcissisme ou bien si, au lieu d’être imaginaire cette affirmation est réelle c’est celle de ce qu’on appelle le caractère.

C’est important le caractère. Le caractère c’est ce qui est auto-généré, c’est l’autosuffisance c’est-à-dire que le caractère c’est que ma parole s’appuie sur le fait que c’est “je” qui vous le dis. Finalement on aime assez les gens qui ont du caractère. Ce sont souvent des emmerdeurs mais ils ont également cet attrait de sembler avoir résolu la question de la précarité de la parole. La parole dont la voix telle qu’elle est proférée est toujours une faiblesse, elle est faible.

Je ne suis pas sûr que, en tant que psychanalyste nous ayons beaucoup écrit sur la clinique de la voix. C’est fantastique mais lorsque vous tendez l’oreille derrière un divan il y a une merveilleuse clinique de la voix en particulier la place où elle se localise. Il y a des voix qui sont entièrement avalées, qui n’arrivent pas à se produire, qui n’arrivent pas à occuper l’espace. Or c’est bien du réel qu’elles viennent. C’est bien du réel que vient la voix, encore faut-il qu’elle s’autorise pour justement venir faire vibration dans l’espace, ce qui n’est pas toujours le cas.

Alors quand Lacan dit qu’il parle en tant qu’hystérique, pourquoi le fait-il ? La révélation est très simple et comme je le connais un petit peu je sais déchiffrer c‘est toujours occasionnel il le dit parce que on lui a fait entendre que c’était le discours psychanalytique qu’il tenait à son séminaire, qu’il parlait en tant que psychanalyste. En tant que psychanalyste le mieux que vous ayez à faire derrière un divan pour vous faire entendre comme psychanalyste c’est de vous taire, c’est-à-dire de faire entendre la Voix avec un grand V dans l’Autre. Ça bruite mais ça ne fait pas voix. Vous savez qu’un grand problème c’est distinguer la voix et le bruit. Vous savez qu’il y a des gens qui sont à l’écoute de l’univers pour savoir si les bruits qu’on entend nous permettraient enfin d’entendre un message qu’on nous enverrait – c’est toujours marrant cette histoire – et quand Lacan nous dit qu’il parle en hystérique ça veut dire ; il ne peut pas. Le discours psychanalytique n’est pas un discours qui peut s’adresser au peuple mais je ne vais pas m’étendre sur ce qu’il est, ce n’est pas mon propos mais en tout cas comme hystérique c’est faire entendre une voix infondée, c’est-à-dire qui n’a pas d’autre référent que son émission même. C’est ça être hystérique. Etre hystérique c’est chercher à tout prix à faire reconnaître sa voix, à la faire entendre. Eh bien s’il dit qu’il parle en hystérique ça veut dire que dans l’Autre il n’y a rien qui fasse garantie à sa parole, pas même son fantasme. C’est pourquoi j’ai fait tout à l’heure cette remarque concernant le discours psychanalytique.

Alors qu’est-ce qui fait garantie de son propos ?

Est-ce qu’il y a d’autres garanties que celle de la liberté qu’il prend que sa voix fasse coupure dans le réel du grand Autre ?

Une autre fois, beaucoup plus tard, à la fin c’est-à-dire à un moment où il commence à ne plus parler, c’est un moment important et qui évidemment a été relevé comme celui d’une aphasie, aphasie dont je peux dire qu’elle pouvait surprendre parce qu’il lui arrivait occasionnellement de formuler des locutions parfaitement constituées avec beaucoup d’à-propos. Puis ensuite période de silence qui faisait dire aphasie. Etait-il aphasique ou ne l’était-il pas ? Au séminaire en tout cas ce qu’il y avait de remarquable c’est qu’il était le dos tourné à son auditoire et qu’il passait son temps à écrire au tableau.

C’est une manifestation délibérée d’enseignement. Alors chacun l’interprète comme il veut : est-ce qu’il était vraiment malade ?

Si je devais me fonder sur des témoignages personnels, je pourrais raconter qu’il était malade, il avait une artériosclérose cérébrale et une hémiplégie, pas de doute et puis il lui arrivait de déconner.

Je pourrais raconter, – il n’y a aucune raison que je ne le fasse pas – un souvenir personnel qui je dois dire m’a bluffé– c’est-à-dire une réunion plénière, une AG de l’École freudienne extrêmement pénible où devait se faire un vote destiné à remplacer celui qui était le président du moment c’est-à-dire Denis Vasse – vous ne savez plus qui c’est, vous êtes peu nombreux maintenant, ça se déroule entre survivants, je suis affolé de voir ça – Denis Vasse était un analyste d’obédience doltoïenne, jésuite de son état et qui installé à Lyon, je ne sais pas s’il est toujours de ce monde, s’était engagé dans des pratiques qui témoignaient de sa prise de distance à l’endroit de la psychanalyse, des pratiques que je dirais psycho-caritatives, quelque chose comme ça, généreuses mais comme Lacan était manifestement malade il semblait gênant qu’au cas où il viendrait à défunter ce soit un président déjà aussi éloigné de la psychanalyse qui prenne des responsabilités. Donc il s’agissait de changer et à sa place d’élire Clavreul, ce qui n’était pas très traumatisant parce qu’il était de la même famille spirituelle et que d’autre part c’était quelqu'un qui faisait plutôt pont et lien avec les doltoïens qui avaient la majorité à l’École freudienne. Je veux dire ceux qui étaient anti-lacaniens, Dolto ne s’en cachait pas, étaient majoritaires dans l’école même de Lacan. Pour rester dans l’anecdote et je suppose que notre ami Bernard dont je ne verrai pas le sourire parce qu’il est masqué, Dolto disait que la théorie de Lacan servait surtout à des gamins pour s’astiquer l’instrument. C’était pas idiot ! cliniquement c’était pas forcément mal vu, pas gentiment vu mais c’était pas la question, c’était une vue clinique, peut-être est-ce vrai après tout.

En tout cas à cette AG précédée par une réunion du Bureau où Lacan est complètement muet, pas un mot. Qu’est-ce que vous voulez penser ? Ensuite séance publique. Il est assis à la tribune avec 2 ou 3 collègues. Pas un mot. Et Dolto, mon amie Françoise Dolto se plante devant l’estrade et elle s’adresse à l’auditoire, pas 200 personnes « Mais pourquoi vous avez peur, dites ce que vous pensez, vous voyez bien qu’il ne peut plus rien vous dire » Elle savait bien que l’auditoire était majoritairement de son côté. Elle ne voulait pas que Denis Vasse soit changé.

Puis arrive le moment de l’élection où les gens doivent mettre dans un chapeau le nom pour savoir si le président sera Denis Vasse ou Clavreul. J’étais rentré chez moi pendant le dépouillement comme on dit c’est drôle on dépouille un scrutin, c’est amusant comme terme. Pendant le dépouillement je rentre chez moi. Coup de téléphone : Lacan :« Vous êtes donc chez vous ? – Oui  – Alors qui est-ce qui contrôle le dépouillement ? » Bon j’y retourne.

La suite est vraiment anecdotique. C’était Nicole Selz et Contardo Calligaris qui procédaient au dépouillement, deux amis plutôt proches, sympathiques et alors c’était étrange parce que au lieu qu’il y ait deux tas, les noms de l’un et les noms de l’autre, il y avait un tas de petits tas et puis au moment où j’arrive le résultat est funeste parce que c’est le précédent président qui va être réélu. Mes deux amis me voient arriver sans plaisir et puis c’est le miracle des statistiques parce que à partir du moment où je suis là la courbe s’inverse et c’est Clavreul qui va être …

Pourquoi je vous raconte ça ? Je vous raconte ça ? Parce que Lacan aphasique toute la journée avait beaucoup plus de présence d’esprit que moi et il a parfaitement su me téléguider : qu’est-ce que vous foutez chez vous ? Comme quoi mon opinion du milieu social n’est pas encore mûre, pas assez formée, j’étais encore un gamin et il le savait, je n’étais pas capable d’imaginer, d’appréhender ce genre de choses.

Donc ce même Lacan dira au moment où il est aphasique et où il fait son séminaire sans dire trois mots si ce n’est : « Gloria, passez-moi la craie bleue », des trucs comme ça et où il passe son temps à écrire sur le tableau, il dira « j’ai fait tout ça avec mon petit bout d’inconscient ».

Alors comme les mots qu’il utilise ne sont jamais du pur hasard il y a évidemment deux choses : inconscient et petit bout. Inconscient, oui tout parlêtre est mu par son inconscient bien sûr, c’est son inconscient et même lorsqu’il ne l’entend pas parce qu’il ne l’entend que lorsqu’il lui fait sortir une connerie ou une incongruité ou une inconvenance.

Si vous faites attention à ce que vous dites vous serez surpris de ce que votre inconscient vous fait dire et qui en signifie beaucoup plus que vous n’auriez voulu ou que vous n’auriez pensé et avec une opportunité remarquable dans une espèce d’aspiration à se faire enfin reconnaître, ce qui est raté bien sûr. Il a parlé avec son petit bout d’inconscient et là s’ouvre avec ce petit bout une question majeure et où Lacan va prendre une position majeure parce que si j’entends que ma parole soit reçue et fasse autorité elle ne peut qu’avoir pour référent qu’une instance phallique. Une instance phallique, c’est la tradition. C’est comme ça. C’est-à-dire pas un petit bout, on peut dire le gros bout. Le petit bout c’est l’objet a c’est-à-dire la lettre avant que sa consécution et son découpage dans une bande sonore ne fasse un gros bout, ne fasse du Un dans l’Autre.

Lacan attire notre attention là-dessus : y a du Un dans l’Autre. Mais d’où est-ce qu’il sort ce Un dans l’Autre ? Qu’est-ce qui parvient à faire Un dans l’Autre ?

Et donc toutes ces différences majeures et dont l’incidence aussi bien épistémologique que culturelle n’a toujours pas été à mon sens correctement évalué c’est que lui Lacan, après Freud et contrairement à Freud, a montré que ce qui fonde l’autorité de la parole ça n’est pas cet alibi, cette imposture qu’est l’au-moins-un dans l’Autre qui ne tient que par mon amour ou par ma haine ou par mes sacrifices mais que ce qui en revanche n’est pas de l’ordre de l’imposture mais de l’ordre de la vérité – c’est là que vient surgir la dimension de la vérité – c’est l’objet qui manque et que nous soyons commandés non par la référence à un au-moins-un mais par un objet et en tant qu’il manque. C’est ce qu’il faut bien appeler une révolution culturelle dont l’intérêt est qu’elle n’a jamais fait révolution car tout le monde s’en fout et que personne finalement n’en tient compte.

Donc il a parlé avec son petit bout d’inconscient.

Dès lors évidemment la question se pose : quel était le symptôme de Lacan ? C’est-à-dire qu’est-ce qui pour lui fonctionnait comme manque ? Et qui n’est pas universel ? Ou peut-être est-ce universel ?

C’est universel ou c’est privé ?

Et comment aurait-il fait autrement ?

Il faut vraiment une bande de fanatiques, d’abrutis pour penser que sa parole est universelle et qu’il a créé la science, avec la psychanalyse une science qui vaut pour tous.

Par exemple allons tout de suite à ce fait : il est évident que ça ne valait pas pour Freud. Freud n’a pas du tout, du tout le même symptôme que Lacan ou Lacan n’a pas du tout le même symptôme que Freud et peut-être bien que du même coup Lacan ne comprend pas bien Freud, peut-être le lit-il à partir de son symptôme. Car finalement on ne peut se comprendre que si on a des symptômes qui peuvent vibrer ensemble. S’il y a discordance ?

Moi je trouve absolument effarant qu’un homme et une femme qui ne se connaissent pas arrivent néanmoins à faire conjugalité, c’est incroyable ; ils ne parlent pas la même langue ; ils n’ont pas le même réel, ils n’ont pas les mêmes souffrances, ils n’ont pas les mêmes joies, ils n’ont pas les mêmes exigences. Comment font-ils ? Lacan disait que c’était les murs qui faisaient tenir ensemble. Il pensait que l’École avait besoin de murs pour continuer à exister. S’il n’y avait pas les murs c’est-à-dire un réel imposé on ne peut pas tenir ensemble. Faut que le réel s’impose comme réel. Mais le jeune couple qui se retrouve comme ça a des réels complètement désaccordés si tant est qu’il y en a une qui sache un peu ce qu’est son rapport à l’impossible. Une femme elle n’y croit pas à l’impossible. Pour le dire plus simplement : rien n’est impossible à une femme.

Freud n’avait pas du tout le même symptôme que Lacan, il n’avait pas le même réel. Le réel ça veut toujours dire que ce qui fait symptôme pour l’un, prenons par exemple on va poser comme hypothèse avant de le démontrer que pour Lacan ce qui faisait symptôme c’était le manque de l’objet, que l’objet n’était jamais satisfaisant, qu’il avait affaire à des stupides qui se croyaient obligés d’entretenir la castration alors que la castration n’avait aucunement besoin d’eux pour qu’ils existent. Et donc insurrection de Lacan contre le déficit de la jouissance conjugale, le conjugo étant à entendre aussi bien légal que occasionnel, que c’était là ce qui n’allait pas pour l’espèce et que c’était ça qui allait conduire l’espèce à sa fin, à son terme, la seule espèce animale qui n’arrive pas à se satisfaire sexuellement, la seule et qui arrivera à rendre cette sexualité accessoire, la fécondation comme une affaire de laboratoire et qui arrivera à travailler le chromosome grâce à un instrument formidable que des Français ont récemment découvert, le ciseau à chromosome et qui permettra de regoupiller les chromosomes comme on voudra pour voir ce que ça donne et y compris l’identité sexuelle, il n’y aura plus besoin d’aller torturer l’anatomie, la biologie, si on peut déjà organiser le chromosome différemment et correctement.

Donc pour Lacan ce qu’il est très facile de déchiffrer dans ses séminaires pour ceux qui l’ont un peu approché dans ce qui était sa conduite c’est-à-dire vraiment ce qui lui était insupportable c’était justement toute la façon que nous avons pour répondre à notre inconscient, d’entretenir le déficit.

Chez Freud c’était pour des raisons que je dirais historiques, c’était l’amour du déficit, pour Freud je m’expliquerai là-dessus, pas ce soir mais … il est évident que je ne vous raconte pas ça tout à fait en l’air, que ce qui était pour Freud la visée c’est-à-dire comment, quand on est dans sa situation à lui, parvenir à garantir la castration et du même coup célébrer le père qui vous permet d’être socialement honoré, c’était le problème de Freud. Peut-être sera-t-il amusant un jour ça a déjà été écrit sûrement, tout a toujours été écrit mais on ne lit pas tout, ce qu’était le rapport de Freud au père.

Voilà ce que Lacan écrit au sujet de Freud dans un texte de 1963 : « figure énigmatique de ce petit bourgeois que le ghetto par sa lignée anime encore de sa proximité et qui par là est grand seigneur, non sans faiblesse pourtant, mesquin en affaire de dettes – je ne sais pas à quoi il se réfère, ça doit être signalé dans sa biographie – soucieux d’honneur – ça on le sait – fougueux en temps de guerre comme un simple Bergson – c’est vrai qu’il a été chauvin pendant la guerre de 14/18 c’est-à-dire que dans ses lettres on a le témoignage qu’il avait le regret que ses deux fils engagés sur le front comme officiers le soient dans l’armée autrichienne que Freud jugeait une armée d’opérette – l’opérette et Vienne ça va ensemble – alors qu’il aurait souhaité que ses fils fussent dans l’armée prussienne. Fougueux comme un simple Bergson là il n’a pas pris n’importe qui, lui aussi du côté du ghetto il est marqué, mais un philosophe Bergson et il revient à Freud, Freud « allant jusqu’à être snobé par la moindre jupe princière. » Ces quelques lignes pour dire la façon dont il voyait Freud. Ça vaut le coup.

Ce paragraphe est suivi d’un éloge qui occupe l’essentiel de la page qui est bien plus long sur le fait que ce soit un gars comme ça qui ait pu être un prince dans la révélation de ce qui est le désir. C’est donc suivi d’un éloge sur le travail de Freud. Soyons attentifs quand même à ce qu’il raconte là. Figure énigmatique c’est-à-dire qu’il ne comprend rien à ce type. Qu’est-ce que c’est que ce bonhomme ?

Je vous assure qu’il n’y a pas plus transparent que Freud mais pour Lacan c’est pas un familier pour lui. C’est pas quelqu’un avec qui on est d’emblée comme ça, en entente, ça circule. Figure énigmatique de ce petit bourgeois, que le ghetto par sa lignée, la lignée de Freud, anime encore de sa proximité. Il n’est toujours pas sorti du ghetto et c’est vrai que les copains de Freud on pouvait dire que ça faisait ghetto ; ils se retrouvaient le vendredi soir non pas à la synagogue mais chez l’un d’eux pour jouer au tarot. C’est drôle qu’ils aient choisi un vendredi soir c’est-à-dire le début du shabbat pour jouer au tarot qui est un très vieux jeu comme vous le savez. « Donc sa lignée s’anime encore de sa proximité avec le ghetto et qui par là est grand seigneur ». Vous comprenez qu’il soit grand seigneur par là ? Grand seigneur, il est prince parce que par sa lignée, il est fils de roi. « Non sans faiblesse pourtant puisqu’en affaire de dette » … un prince ne s’occupe pas de la comptabilité. Je ne sais pas si l’un de vous a la moindre idée sur cette affaire de dette, je n’ai jamais eu l’attention attirée là-dessus mais ça doit exister ; « soucieux d’honneur »⁶ oui si on est grand seigneur on n’est pas soucieux d’honneur, or il voulait être nommé prof c’est ce qu’il appelle soucieux d’honneur mais … mon travail ne sera pas de blanchir Freud aux yeux de Lacan c’est plutôt que nous saisissions pourquoi le symptôme de Freud n’était pas le symptôme de Lacan et inversement. Il voulait que la discipline incroyable qu’il voulait introduire soit respectée, soit reçue. C’est comme chez nous. C’est exactement pareil. Vous ne pouvez pas faire entendre quoi que ce soit si vous n’avez pas l’estampille universitaire.

« Chauvin en temps de guerre comme un simple Bergson », autrement dit, chauvin nationaliste c’est-à-dire qu’il n’y a que les juifs pour aller se mettre au service amoureusement et dévotement de l’instance nationale propre au pays qui les héberge, qui les tolère. C’est drôle comme tout parce que c’est fantastiquement vrai. Jetez un tout petit coup d’œil sur notre situation à nous (je m’arrête dans 2 minutes) les défenseurs et les amoureux de nos ancêtres les Gaulois, qui est-ce ? C’est fantastique, c’est eux et prêts à se faire descendre, il y en a un qui se fera descendre, il ne va pas arriver jusqu’aux élections, mais prêts à se faire descendre pour témoigner de tenir le drapeau bien ferme, comme un simple Bergson. On pourrait dire que Jaurès aussi tenait le drapeau il avait même renié son internationalisme pour dire la patrie d’abord. « Allant jusqu’à être snobé par une jupe princière » ; là vous reconnaissez celle de la princesse Bonaparte c’était formidable pour ce type qui avait été marginalisé et honni de la bonne société viennoise que des élites intellectuelles comme Romain Rolland, comme Einstein , comme Stéphane Zweig, comme une princesse s’intéressent à lui et l’honorent, avouez que c’est quand même …évidemment il pensait toujours au soutien que ça pouvait apporter cette reconnaissance publique par l’élite.

Alors « snobé par la moindre jupe princière » les mots chez Lacan ne sont jamais choisis au hasard « la jupe princière » autrement dit qu’y a-t-il sous une jupe princière pour que Freud ait pu être fasciné par elle ! il n’y avait pas que la jupe de la princesse, aussi bien celle d’Yvette Guilbert, chanteuse de caf’conc’, il y en avait d’autres.

Ce qui faisait parler Lacan et ce qui faisait parler Freud n’était pas du tout la même chose et ce que Lacan apportait et qui était essentiel c’était ce que de ce fait-même car il venait non pas corriger Freud mais introduire ce que Freud ne pouvait pas savoir, Freud ne manquait pas d’objet. Ce dont il manquait c’était d’une instance paternelle susceptible de lui garantir sa castration c’est-à-dire de lui valoir la reconnaissance d’une dette publique payée, qui le rende égal à ses semblables. C’est ce qu’il n’avait pas.

Bon. J’espère que j’ai démarré le séminaire de cette année d’une façon – je n’en sais rien – susceptible de vous intéresser mais qui, en tout cas, vous concerne directement dans votre pratique des séminaires et dans votre rapport à l’enseignement de Lacan puisque, et je vais conclure là-dessus, puisqu’il est ordinaire à notre démarche de prendre le texte d’un maître comme étant celui qui dans l’Autre est pour nous prescriptif c’est-à-dire d’une certaine façon quasi-équivalent à un texte sacré et d’estimer qu’à partir du moment où nous avons le bonheur d’avoir la connaissance de ce texte notre travail consiste à nous en imprégner assez, non pas pour qu’il règle notre conduite sinon à la rendre délinquante.Mais que nous puissions dans le champ de la représentation, faire valoir que nous sommes bien les légitimes descendants, les légitimes effets de ce texte que nous ne faisons que reproduire et transmettre comme si donc c’était un texte scientifique alors que c’est évidemment – et je termine là-dessus pour boucler ce que je raconte ce soir – alors que c’est évidemment le texte d’un parlêtre qui a essayé de donner à entendre dans un appel qui risque de devenir désespéré, son propre fantasme c’est-à-dire comment se faire reconnaître de sorte à trouver en position d’objet celui qui serait enfin parfaitement satisfaisant.

Vous savez quand on parle on ne dit pas la même chose selon l’auditoire, je ne dis pas que c’est le message que je reçois de vous qui commande ma parole mais c’est éventuellement de savoir si cette circonstance met en suspens la possibilité de faire que ce soit entendu, que ça réponde ; donc on parle de façon très différente selon l’auditoire. Les mêmes thèmes les mêmes sujets on peut en parler de façon extrêmement différente selon l’auditoire.

Il y a un certain nombre de conférences de Lacan, par exemple, dont il est
clair qu’il n’avait pas envie de les faire compte tenu de l’auditoire. Ça le barbait. Il n’avait rien envie de leur dire parce qu’il n’en attendait rien. Celui de son séminaire il a fini aussi par ne rien attendre. C’est clair entre autres quand il dit qu’il parle aux murs. Il parle aux murs c’est-à-dire il parle à un réel vide. Il n’y a personne, on parle toujours au réel, c’est lui l’auditoire dont on attend la bonne réponse à condition qu’il y ait quelqu’un. Vous vous rendez compte rien qu’à le formuler comme ça témoigne qu’en le faisant on est à moitié dingue.

Donc ce que je raconte cette année concerne sûrement le fait que d’abord je peux m’étonner qu’une formulation comme celle que je propose celle du symptôme de Lacan puisse paraître offensif : quoi ? Lacan n’aurait pas de symptôme ?

Ce serait qui ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?

Et s’il est vrai que c’est le symptôme qui nous anime et qui nourrit notre inconscient, génial notre inconscient, bien plus que nous, eh bien tout l’intérêt est de savoir nous y repérer. Pour quelle raison ?

C’est là que s’ouvre un chapitre inédit pour savoir de quelle manière, quel symptôme est susceptible du même coup pour celui qui en a le talent de construire des appareils spécifiques au fonctionnement psychique qui soit consistant et cohérent avec ce type de symptôme, parce que évidemment l’appareil psychique même s’il y a des constantes, il n’est pas le même selon les symptômes. Il n’est pas fabriqué de la même façon.

Donc on a tout à gagner à avoir une idée du fait que tel symptôme peut être nourricier de telle représentation du fonctionnement psychique et qu’il y en a d’autres.

Est-ce que l’un de vous, l’une de vous souhaite dire quelque chose ?

–– Bernard – Lacan dit quelque part que sa réaction à l’enseignement de Freud sa réaction “ symptomatique” était l’invention de l’objet a. Il est clair qu’il a mis beaucoup de temps pour passer de ce phallus, signifiant hors pair etc. qu’il a glorifié comme étant la grande invention de Freud pour en arriver à dire ce que vous avez dit à l’instant à propos de cet objet a mais je ne comprends pas très bien pourquoi vous parlez toujours de la castration si franchement on peut s’en sortir avec la question de l’objet a sans en passer par l’angoisse de castration et de la castration portant sur le phallus.
Deuxièmement, à propos du fantasme est-ce que vous considérez que le fantasme peut se constituer sans passer par le complexe de castration celui-ci étant quand même quelque chose d’universel ?

Ch. M. – Je suis ravi de voir que vous poursuivez très exactement et sans aucune rupture ce qui a été votre question au cours du dernier séminaire d’été qui a fait que j’ai entendu de votre propre bouche, ce qui m’a paru très intéressant et qui était que – attendez, je veux que ma surprise ne me fasse pas manquer ce que vous avez dit exactement, - que cette affaire d’objet a c’était une affaire de névrosé.

B.VDM –– Oui au séminaire d’été je disais qu’il fallait peut-être trouver une façon différente de nommer cet objet dans la psychose, que si l’objet a ça marche pour le névrosé, pour le psychotique il ne vient jamais en position de cause du désir c’est-à-dire on ne peut pas dire objet a, définition cause du désir et dire objet a dans la psychose ou alors il faudrait trouver une autre définition plus générale qui soit pour tout être humain.

Ch.M. Écoutez j’aime beaucoup comme vous le savez votre persévérance et le fait que votre question a toujours le chic de me secouer complètement parce que je sais que je ne me la serais jamais posée mais donc comme je peux profiter du fait que vous la posiez ça me donnera sans doute l’occasion de la reprendre pour justement…et peut-être que votre question est en difficulté du fait de cette rupture entre Lacan et Freud à propos de l’objet a alors que c’est peut-être bien je dirais le point crucial.
Je dirais que l’enseignement de Lacan est une rhétorique élémentaire sans intérêt spécial même s’il est talentueux, même si ce qu’il a isolé comme objet a ne tient pas le coup.
Donc ça mérite absolument d’être repris et peut-être là à l’occasion de la différence entre Freud et Lacan, j’aurai l’occasion de reprendre.

B. VDM – Ça me semble important aussi cette indication “symptomatique” à une théorisation comme celle de Freud parce que je pense qu’on ne peut pas faire sa propre théorie – il en faut quand même bien une – si on ne réagit pas symptomatiquement à ce que Lacan apporte.

Ch. M. Sa réaction “symptomatique ”on ne sait pas c’est difficile à interpréter : qu’est-ce qui fait symptôme, si c’est lui qui est porteur du symptôme, si c’est Freud qui est marqué par le symptôme, il y a du symptôme entre eux.

Bon, on tâchera de voir ce qui fait symptôme entre eux. Peut-être pour vous mettre en alerte, pour la fois suivante qui sera dans deux mois en ce qui me concerne puisque le mois prochain c’est notre ami Patrick Guyomard qui a bien voulu inaugurer ce qui sera son propre cheminement concernant la question et comme je vous l’ai dit, j’attends beaucoup du cheminement propre à chacun d’entre nous selon ce qu’il est capable d’entendre ou ne pas entendre.

Mais pour terminer avec Bernard et essayer de l’allumer encore un peu plus : dans le système de Freud il est impossible de dire : La femme n’existe pas. En aucun cas cette carence ne pourrait constituer un symptôme et je vous expliquerai pourquoi. Il y a une chose qui est très surprenante, je l’ai évoqué déjà.

Lacan dit que c’est à l’’occasion de leur migration que les tribus juives sont passées dans un village et que les bonshommes sont allés avec les femmes du village et, dit Lacan, là il y a eu rapport sexuel. C’est extraordinaire qu’il dise ça et donc … et Lacan a toujours eu en travers de la gorge l’amour uxorieux – c’est l’adjectif dont il se sert – de Freud pour Martha et qui le rend énigmatique et c’est quasiment pour sauver Freud qu’il veut que la belle-sœur qui dormait dans la chambre voisine ait été la maîtresse cachée de Freud. Peut-être ça se saura un jour quand le courrier finira d’être dépouillé mais jusque là il n’y en a pas la moindre trace et ça paraît, comment dirais-je, très discordant avec ce qui était l’esprit très familial du groupe que constituaient Freud, sa femme, les enfants etc. et il paraît difficile de penser que ce groupe aurait comme ça entériné sans réaction, déchiffré que papa couchait avec sa belle-sœur. Ça tient pas ensemble. On en aurait des traces chez les enfants et chez Martha qui peut-être y trouvait son compte, on n’en sait rien, on en aurait des stigmates qu’il n’aurait pas pu effacer. Y a rien, il y a vraiment ce que Freud promet à Martha dans une lettre de fiançailles combien il attend qu’il puisse reconstituer avec elle la chaude atmosphère familiale juive.

C’est dit comme ça et à ce titre il est assurément énigmatique ce petit bourgeois pour Lacan, complètement énigmatique.

Donc le mois prochain nous aurons le plaisir d’entendre Patrick qui nous a suivis par zoom et en ce qui me concerne je poursuis le mois qui succédera au prochain

Voilà. Allez. Bonne soirée

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