L'éloge du retard : Où le temps est-il passé ? d'Hélène L'heuillet

FROISSART Josiane
Date publication : 18/11/2020

 

L'éloge du retard : Où le temps est-il passé ? d'Hélène L'heuillet

Josiane Froissart

          Le titre du livre d'Hélène L'heuillet nous surprend, nous interpelle : « L'éloge du retard ».

Nous ne sommes pas habitués à faire l'éloge du retard : on ne range pas le retard dans cette catégorie-là.

Habituellement, loin de faire l'éloge du retard, on en fait plutôt la critique, une critique négative: on blâme le retard, on a la hantise d'être en retard.

Le retard signe la délinquance, il est transgressif, il est intolérable.

Et on se pose évidemment la question:

          - Comment en arrive -t-on à cet oxymore ? À cette apparente contradiction ?

Tu as une approche subversive du retard: tu remets en cause l'opinion courante que nous avons du retard.

Tu vas réhabiliter le retard pour retrouver le temps de vivre face aux injonctions actuelles de cette société de consommation.

Ton livre se situe dans le contexte social actuel où nous sommes tous plongés dans cette société de l’accélération, où l'accélération tue le temps. Ce Temps  du tout, tout de suite, où nous nous sentons sous pression, dans un régime de la contrainte, de tension entre le temps social et le temps subjectif. Le retard va alors nous sauver en quelque sorte, il va nous permettre de résister à cette accélération du temps et de reconquérir un temps subjectif, un temps à soi , un temps pour soi.

Le retard est notre sauveur.

En étant en retard, on résiste, on fait une pause , on s’arrête.

On n'est plus dans le temps de l'autre , dis-tu, et on peut se recentrer sur soi,

Tu vas jusqu'à dire que le retard peut être révélateur d'hospitalité.

En fait quand j'attends des invités et qu'ils sont en retard, je m'impatiente, Le retard est vécu comme agressif : ils se moquent de moi !

Tu vas nous montrer que ce n'est pas de ce retard-là dont on parle ici: mais bien d'un art du retard !

Tu avances que le temps du retard est salutaire et hospitalier : il est aussi ,dis-tu ,le temps de l'attente de l'autre, on pense à eux, on les attends, on les accueille.

Dans le retard, on jouit d'un sentiment de liberté: il y a donc le temps de la contrainte et le temps de la liberté.

Le retard c'est comme une liberté qu'on se réapproprierait.

Si le retard devient nécessaire c'est que lui seul permet de jouir du temps.

Tu as écrit ton livre avant la crise sanitaire : il anticipe ce que nous allons vivre,

Pour se protéger du virus, on nous a confiné, on nous a contraint à nous arrêter ,à faire une pause, à changer de rythme, à scander son temps autrement : on a été libre de notre temps dans un contexte où tout nous contraint, Nous sommes conviés à un rendez-vous avec nous-mêmes.

Les retrouvailles avec le temps se vivent sur le mode du retard : « il aura fallu tant de temps ».

« Le retard est un supplément de temps »

Bref tu fais du retard une vertu, et c'est tout à fait nouveau.

A la lecture de ton livre nous sommes perpétuellement dans le paradoxe, dans des idées qui vont contre le sens commun: « il s'agit de tordre les idées dans le sens inverse de l'opinion commune pour rétablir l'équilibre ».

Ce qui est intéressant, c'est que tu réinterroges les concepts, tel le retard, l 'ennui, le sommeil, la fatigue, l'insomnie pour en faire des moments créateurs qui ont le pouvoir de transformation de soi et qui ont des vertus paradoxales.

Ton livre est dense, riche et très original.

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