LE DEUIL AU TEMPS DU COVID-19

LE DEUIL AU TEMPS DU COVID-19
Il y a comme un « malaise dans la civilisation » au temps du covid-19 : un virus qui bouleverse nos habitudes dans nos vies et dans nos morts.
Comment traverser le deuil sans avoir pu dire au revoir à l’être aimé ou l’avoir accompagné jusqu’au bout ?
La logique médicale nous dicte les nouveaux comportements à tenir.
Les rituels sont bouleversés voire effacés ou remis à plus tard. Quelles seront les conséquences psychologiques pour ceux qui restent ? Un retour au fantôme comme notre cher Hamlet et son roi, des angoisses, de la culpabilité ?
Lacan nous pose la question : « Qu’est-ce que c’est que les rites funéraires ? Les rites par quoi nous satisfaisons à ce qu’on appelle la mémoire du mort, qu’est-ce, si ce n’est l’intervention totale, massive, de l’enfer jusqu’au ciel, de tout le jeu symbolique. [1]»
En privant les sujets du temps du rassemblement pour honorer, du temps de la parole pour dialectiser et contenir le réel, nous nous retrouvons, comme Hamlet, comme trou-matisés.
Si par ce voile du symbolique si ténu aujourd’hui, nous ne pouvons recouvrir un réel insistant et un imaginaire galopant, voilà qu’il va falloir encore se réinventer, trouver d’autres chemins de traverse pour vivre le deuil et non pas le subir dans ce monde changeant.
Olivia Cuche, inscrite au Collège
Visuel : Gerhard Richter, Two candles
[1] Jacques Lacan, Le désir et son interprétation, éd. ALI, p.359