Le pis de (ma)mie

Le pis de (ma)mie
J’en conviens aussitôt le jeu de mot est exécrable mais l’excès est devenu notre ami. Ici il concerne la transmission dont l’épidémie est précisément un excès déploré.
Belle occasion de rappeler qu’il y a deux modes de transmission et deux seulement. L’un qui opère à partir d’un réel imposé à tous : la tyrannie, la religion, le père, par la grâce desquels chacun est mordu de la même façon. L’autre qui passe d’un signifiant à l’autre, à touche-touche, directement au contact, donc sans médiation, à la recherche de la limite qui arrêterait un processus forcément maladif puisque rien n’y supporte la vie.
Je suis persuadé que nos amis y ont aussitôt reconnu les procès qui opèrent dans le discours, différent d’un côté et de l’autre.
Du même coup ils ont identifié, c’est leur privilège, le mécanisme logique du populisme, transmission par le contact de l’exigence d’un pouvoir fort, qui serait imposé à tous, et arrêterait la propagation de l’épidémie. Et nos « camarades » qui chipotent l’intérêt de la psychanalyse, le bazar ouvert par Lacan, pourront toujours faire les Kapos des camps qui s’ouvriront. Mais comment, s’exclameront-ils, un processus naturel, la propagation d’un virus, serait-il informé de la loi du signifiant ? Il faudra certes le leur demander, tout en constatant que, volens nolens, nous n’avons pas d’autre moyen pour l’interpréter que cette loi.
Mais c’est parce qu’elle reste inconnue que nous n’avons pas de vaccin contre le populisme, celui contre le virus viendra.
Charles Melman
Le 11 mars 2020