Germaine de Staël : l’exception

Colloque Chambéry 1er et 2 octobre 2016
Figure historique complexe, aimée et haïe, Germaine de Staël a été d’abord une femme, connue par ses écrits, toujours accessibles deux cents ans après sa mort. Elle a largement ouvert la voie politique moderne du mouvement libéral. Vive et vouée à une activité politique intense, observatrice aiguisée au carrefour de la Révolution, elle a le souci dans le monde chaotique du moment de revenir aux valeurs héritées des Lumières. En nos temps de poussées des populismes de tous bords qui se déploient dans le vide sidéral de la pensée politique, l’action et le débat menés par cette femme méritent réflexion. C’est le premier point.
Le second aspect consiste dans l’énigme de sa position de femme : « Je suis la fille de Monsieur Necker ». Formule dont la psychanalyse ne peut qu’interroger la signification éventuelle et la marque d’un destin qui semble s’y dessiner pour elle. Mais une vie saurait-elle s’enclore dans une telle formule ? Il y a ses amours secrètes, d’autres plus mondaines, il y a Benjamin constant et bien d’autres faits qui rendent ce personnage extraordinaire, presque indéfinissable. Elle se déclare française, parisienne et enfin européenne. Elle adore l’intelligence dans ses aspects les plus variés et contradictoires, des nationalités des opinions elle privilégie les plus éclairées. À l’empire dictatorial napoléonien, elle oppose l’empire de la pensée. Mais comme une femme elle prend à sa manière grand soin de plaire. C’est à la diversité attachante de cette femme que nous consacrerons notre étude. Celle située entre la mascarade liée à la fonction phallique du signifiant maître et le savoir en place Autre, où s’engagerait peut-être l’enjeu véritable du politique au sens du féminin.
Responsables :
Marianne Amiel, Françoise Rey, Gérard Amiel, Jean-Paul Hiltenbrand