Antonin Artaud et les psys.. et Lacan
2021

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CHASSAING Jean-Louis,VALAS Patrick
Textes
Philosophie-littérature-poésie
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Antonin Artaud et les psys.. et Lacan
Jean-Louis Chassaing

Lors des dernières journées de l’ALI, Études des « La Troisième » Patrick Valas faisait savoir que Lacan avait rencontré Artaud, voir avait été pressenti pour l’expertiser. Le retour ne s’est pas fait attendre ! Les mots, durs, d’Artaud, sont mis sur le site complexe  de Valas, mais celui-ci nous a fait l’amitié de nous envoyer cet ensemble ci-dessous. On lit dans les insultes l’envolée de plus en plus ordurière, les mots se culbutant les uns les autres, dans une élation et une colère où ils frappent fort ! Lacan lui parle et lui demande explication, argumentée, amusé sans doute.

Merci à Patrick Valas.

 

« À ce propos, je vous signale qu’on trouve dans l’Introduction à « Van Gogh le suicidé de la société »  un passage où Artaud s’en prend à Lacan.

Il y dit que « la psychiatrie n’est plus qu’un réduit de gorilles eux-mêmes obsédés et persécutés et qui n’ont, pour pallier les plus épouvantables états de l’angoisse et de la suffocation humaines, qu’une ridicule terminologie, digne produit de leurs cerveaux tarés. Pas un psychiatre, en effet, qui ne soit un érotomane notoire. Et je ne crois pas que la règle de l’érotomanie invétérée des psychiatres puisse souffrir aucune exception ».

Vous voyez donc qu’Artaud pose ce théorème délirant que tous les psychiatres sans exception sont des érotomanes. Et c’est alors qu’il passe de l’universel au particulier :

« J’en connais un qui se rebella, il y a quelques années, à l’idée de me voir ainsi accuser en bloc tout le groupe de hautes crapules et de faiseurs patentés auquel il appartient. Moi, monsieur Artaud, me dit-il, je ne suis pas un érotomane, et je vous défie bien de me montrer un seul des éléments sur lesquels vous vous basez pour porter votre accusation. Je n’ai qu’à vous montrer vous-même, docteur L., comme élément, vous en portez sur votre gueule le stigmate, bougre d’ignoble saligaud. C’est la binette de qui introduit sa proie sexuelle sous la langue et la retourne ensuite en amande, pour faire digue d’une certaine façon . Cela s’appelle faire son beurre et trier son propre persil. Si dans le coït vous n’avez pas obtenu de glousser de la glotte d’une certaine façon que vous connaissez, et de gargouiller en même temps du pharynx, de l’œsophage, de l’urètre et de l’anus, vous ne pouvez pas vous déclarer satisfait. »