« Ce que m’apporte la lecture de L’Homme sans gravité lorsque je reçois des jeunes gens concernés par la nouvelle économie psychique, c’est d’abord la possibilité de les envisager comme des semblables issus d’une génération spécifique et pris dans une société contemporaine ayant aussi des effets sur moi, notamment aux niveaux des jouissances, même si ce n’est pas au premier plan, nous pâtissons tous d’une structure psychique. L’intérêt est alors de savoir quelles sont les contraintes et les possibles de chacune.
Cet ouvrage de Charles Melman m’a également permis d’entendre que nous n’avons pas de recours du côté du Nom-du-Père, ni même du fantasme avec ces patients. La jouissance objectale est notre boussole, en excès très souvent, et c’est pour cette raison qu’ils viennent en analyse. Ma tentative est dès lors de faire entendre qu’ils sont joués par cette jouissance de l’objet. « Le sujet est un objet » nous dit Lacan dans L’Angoisse, mais le névrosé, lui, s’en défend.
Je suis toujours étonnée d’entendre leur parole adaptée, intelligente, mais lissée sur l’informatif. Je pose inlassablement cette question : « Mais vous, qu’est-ce que vous en dites ? ». J’essaie d’ouvrir sur l’équivoque (au lieu du signe), sur le multiple des positionnements subjectifs potentiels (au lieu de la réponse comportementale), et parfois un réaménagement des jouissances s’opère. »