Il n’y a pas de psychanalyste d’enfant, mais des psychanalystes qui reçoivent des enfants, car la théorie et la clinique psychanalytiques ne sont pas spécifiques aux enfants. Les psychanalystes qui reçoivent des enfants travaillent avec les mêmes outils théoriques que ceux qui reçoivent des adultes. Par contre certaines questions techniques particulières peuvent se poser. Les enfants décident rarement seuls de consulter un psychanalyste, ce sont les parents qui prennent l’initiative du premier rendez-vous, à partir d’une question ou d’un symptôme de leur enfant qui les mobilise. De ce fait le transfert passe d’abord par les parents, avant de se mettre en place entre l’analyste et l’enfant.
Freud énonce qu’au travers du transfert "nous cherchons à rendre conscient l’inconscient, ou à supprimer le refoulement". L’idée que le refoulement serait moins "intense" chez l’enfant que chez l’adulte, du fait de sa courte existence, laisserait entendre que le chemin de l’inconscient au conscient serait proportionnel au temps écoulé. Il n’en est rien. Le travail analytique présente les mêmes difficultés que chez l’adulte, avec sans doute du côté de l’analyste l’obligation d’une grande vivacité face aux spontanéités naïves de l’enfant.
Alors nous retrouvons-nous devant une contradiction sur ce concept du transfert quand Lacan énonce que "le transfert est le moyen par où s’interrompt la communication de l’inconscient, par où l’inconscient se referme"? Mais ajoute-t-il aussi "le transfert c’est la mise en acte de la réalité de l’inconscient". Pour réfléchir à cette question nous devons prendre appui sur le désir de l’analyste lequel, nous dit-il encore, est "l’instance du transfert". Il y va donc en psychanalyse avec les enfants, comme avec les adultes, du désir de l’analyste ; ce qui ne veut pas dire d’un désir parental, d’un désir d’éducateur, d’un désir de soin, etc. mais du désir de l’analyste en tant que "l’interprétation pointe le désir auquel en un certain sens elle est identique : le désir c’est l’interprétation elle-même". Comment le psychanalyste va-t-il mettre en acte son désir face à un enfant dans la cure ? Cette question si importante de la mise en place du transfert, Freud nous l’exemplifie la seule et unique fois où il rencontre le petit Hans ; que lui dit-il ? "Il y a bien longtemps, je savais qu’un petit garçon…"
Illustrons rapidement en référence à l’infantile, la notion de transfert, par l’exemple d’une fin de séance avec un patient adulte alcoolique.
"La psychanalyse c’est pas pour moi… vous me comprenez pas, je devrais aller voir quelqu’un d’autre"
– "Qui ?"
– "Le Pape…".
Silence…
– "Entre pape et papa il n’y a qu’une lettre de différence".
Citons encore Lacan : "L’inconscient c’est la somme des effets de la parole sur un sujet à ce niveau où le sujet se constitue des effets du signifiant."
Concluons en rappelant que l’enfant est un sujet.