Topologie de l'effet sujet
20 août 2013

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VORDARO Angela
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0. Du précédent symbolique au sujet

Le réel de l’organisme et un investissement d’un agent empreignent une régularité de l’alternance qui oppose tension et apaisement engendrant une expérience de satisfaction : présence et absence s’intercalent dans l’automaticité de la réponse à la manifestation de la nécessité. Alors, la lecture du réel de l’organisme faite par l’agent maternel distingue la première opposition et l’enchaînement entre tension et apaisement. On forme une matrice symbolique acéphale, qui porte la consistance imaginaire des sens donnés par la mère à ce réel.

Cela permet de planifier R,S,I comme trois lignes voisines et souples, qui subiront des déformations continuelles.

1. La fissure Réel se répercute sur le Symbolique

Dans le double minimal de termes en relation différentielle, l’incidence du manque réel de l’objet de la satisfaction localisera l’impossible automaticité tension-apaisement. Il s’agit du temps de l’actualisation, dans l’expérience, de la structure minimale du signifiant, qui maintenant répercute sur l’ infans, comme réel, retraçant le refoulement originaire.

Cet enlacement dénaturera l’Autre. Le propre effet du fonctionnement rythmé de l’alternance réalise un décalage et produit lacune, altérité réelle, à la relation d’alternance rythmique, par le retardement ou par la précipitation des termes alternants. Ce moment déconnecte la chose de son cri : le premier signifiant – le cri – répercute comme sens, signifiant unaire qui, ne pouvant que prêter à sommer une récupération, ne se fait pas lui équivaloir, retrace à peine son absence.

L’objet de la satisfaction ne s’ébauche dans le symbolique qu’en émergeant en tant que manque extrême : « c’est une privation réelle qui se manifeste et, telle quelle, peut être réduite » (Lacan, mars 1962).

Dans la bordure sur laquelle la réponse s’effectue en tant que une non-correspondance inversement identique à l’appel, l’intervalle différentiel mobilisera la répétition, en fondant le désir (d) qui s’articule sur la voie de la demande dès qu’une réponse quelconque se produise là-dessus.

Par conséquent, l’être vivant qui fonctionnait dans l’économie de la tension minimale du plaisir est marqué par le détour du trait unaire, où tout apaisement se conteste par la jouissance saisie dans sa dimension de perte. Cette dénotation a besoin du trait unaire, la répétition commémore une irruption de la jouissance, où le plaisir cède « au déplaisir qui ne veut dire autre chose que la jouissance » (Lacan 1992-1969-1970 :73). Cette quête de l’identification de la jouissance, fonction du trait unaire, donne origine au savoir comme signifiant, suivant les termes plus élémentaires où un signifiant enlace l’autre, articulation qu’un signifiant représente la visée de jouissance pour l’autre signifiant, qui reproduit sa perte. Là s’engendre le radical S2 qui répète S1 représentant le manque qui scande, par le signifiant, le savoir.

2. L’Imaginaire recouvre la hiance réelle dans le symbolique

La hiance réelle ouvre la réalité à la signification de la chose, dans la diversité des objectivations à être vérifiées, de la même chose. Pour surmonter le déchirement l’enfant retourne l’équivalence à la situation antérieur, remplaçant chaque objet concret offert pour la satisfaction. Cependant, ceux-ci n’entraînent pas la rencontre de la rejouissance pleine supposée ressentie. L’enfant situe l’agent de la privation subie dans l’altérité maternelle et de ce fait y localise la possibilité de satisfaction, en y supposant le savoir sur sa jouissance. Donc, le manque réel dans le symbolique est recouvert avec l’imaginarisation de l’agent maternel.

Le fantasme de l’omnipotence de l’Autre situe, dans la rétroaction, l’agent de la possibilité de la demande comme agent du manque de la satiété. L’Autre réel, constitué du fonctionnement symbolisant, peut être pris maintenant imaginairement, c’est l’Autre imaginarisé comme accapareur de l’unique chose pour laquelle la demande serait satisfaite.

3. La démarcation symbolique de l’Imaginaire : l’enfant se suppose équivalent au phallus

La mère imaginée omnipotente se laisse pressentir affectée dans sa puissance, en demandant à l’enfant ce qui lui est insaisissable. Deux manques se recouvrent sans réciprocité. A la demande de l’Autre, l’enfant essaye de déterminer le désir qui le soutient et se positionne comme terme qui le contemple, prenant la place phallique à laquelle suppose équivaloir. Son recours est de donner ce qu’il possède.

L’enfant est le remplaçant métaphorique (de son amour pour le père) ou métonymique (de son désir de phallus), compensation à ce que manque essentiellement à la femme. Pour l’impasse de son désir, elle essaiera de le conformer à ce que, à la demande de l’enfant, se localise un sujet désirant qui sanctionne, soutient le désir maternel : à ce moment, la demande d’un désir de l’autre, dans un rapport de double leurre.

4. La fissure réelle de l’équivalence symbolque enfant : phallus

Cette position de signe ne se soutient pas. L’enfant a beau se donner, il n’est pas le phallus. Et s’il peut se supposer l’être, il ne peut pas se défendre, il sera avalé et annulé. Par cette voie-là, l’enfant a besoin de chercher quelque chose qui le défend du désir maternel. C’est ce qui l’oblige à faire face à un existent réel qui prive et interdit la mère. L’enfant constate qu’il y a une gêne chez eux, obstacle infranchissable entre l’enfant et la mère, l’insurpassable Autre de l’autre. Dans ce quatrième mouvement, se produit donc, le déchirement réel du symbolique qui répète, sur la trame complexifiée, le premier mouvement ; et, encore, intègre tous les autres, suivant l’ordre que l’énumération ferme.

À partir de la constatation de la privation de la mère, l’enfant perçoit qu’il y a interdiction qui les rend, tous les deux, affectés par l’absence du phallus. Ce que la mère ne possède pas fait surface projetée comme symbole. L’enfant doit accepter, remarquer, symboliser, enfin, donner signifiant à cette privation dont la mère témoigne être objet.

5. Le recouvrement imaginaire de l’interdiction réelle

L’obstacle infranchissable entre l’enfant et la mère sera traité par l’enfant dans le mythe de l’omnipotence paternelle. Le caractère de père réel qui le rend perdu est retrouvé imaginairement, personnifié en père imaginaire mythifié dans son omnipotence qui, tout étant terrible le défend de la voracité maternelle ilimitée. Toute la transition mythique articulée par l’idéalisation, la crainte et l’agressivité s’y est produite. Dans ce cinquième mouvement, dont la structure reproduit avec un autre élément le deuxième mouvement, constitue le recouvrement imaginaire du père réel.

La privation de la mère se profile derrière le rapport de la mère avec l’objet de son désir – il s’agit de quelque chose qui prive la mère. Dorénavant, cela qui était en dehors du sujet, va intervenir en tant que personnage myhifié, produisant la présence d’un terme qui jusqu’à présent n’était pas entré en jeu – quelqu’un qui peut répondre dans n’importe quelle situation, que le plus grand atout, le véritable phallus, c’est lui-même. La mère fonde le père comme médiateur de quelque chose qui est au-delà d’elle et de ses caprices, la loi telle quelle.

6. Le lien de la métaphore – Le Symbolique répercute sur l’Imaginaire

L’exhaustion combinatoire de l’articulation des formes de l’impossibilité d’être le phallus maternel épuise la permutation du rapport imaginaire de l’enfant avec le réel. On produit la métaphore paternelle, le sixième mouvement de la tresse, dans lequel le symbolique recouvre l’imaginaire. Le phallus imaginaire est dissipé, mis hors-jeu et remplacé par une unité de mesure qui règle les rapports entre désir et loi, leur concédant une logique. Du moment qu’il peut supposer un savoir au père, celui qui est capable de donner à la mère ce qu’elle désire, l’enfant le situe dans la place où au moins un sait ce qu’elle veut.