Temporelles / Destabilisation
11 avril 2002

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MELMAN Charles
Billets



La tentative de déstabiliser un pays consiste à discréditer ses représentants politiques, rendre suspecte la magistrature, décourager les forces de police, bousculer les mœurs et réviser l’histoire, dénigrer les fonctionnaires du savoir, voire le savoir lui-même et ce, au profit de l’opinion. C’est celle-ci alors qui, associée au sentiment, devient la vectrice des conduites et du jugement. Un tel processus peut passer pour un triomphe de la démocratie directe.

Il est en fait une régression, qui dispense de l’analyse des manifestations de la vie sociale. L’opinion peut certes se croire informée, par les médias mais en réalité elle est formée par eux, dans le moule d’un imaginaire consensus.
On peut s’étonner de la discrétion des forces politiques qui, en France, réagissent peu à un tel processus. Pour des raisons idéologiques, il est soutenu à gauche. Pour des motifs économiques, la droite laisse passer un a-politisme éminemment favorable à l’économie libérale. Quant à l’appel aux vertus républicaines et citoyennes, il touche comme un souvenir attendrissant.
Le paradoxe de la campagne présidentielle est ainsi de ne plus avoir de discours audibles, puisque la place dont ils se réclament est désormais oblitérée ou déconsidérée. Restent les évocations nostalgiques du passé ou bien « Loft Story ».