En 2001 Charles Melman offrait, de façon originale, aux jeunes analystes en formation de travailler en Collège les textes fondamentaux de la psychanalyse, sous la direction de Claude Landman, Jorge Cacho et Denise Sainte Fare Garnot. Les formations de l’inconscient constituaient l’axe de travail et de lecture de la première session. La formation du psychanalyste chevillée à celles de l’inconscient ? Une évidence qui me saisit immédiatement, heureusement, me ménageant du même coup, une place au sein de l’ALI : effet d’interprétation.
Alors, bien sûr, il y eut les « plénières », d’une richesse extrême : je me souviens des lectures de Marc Darmon sur « la lettre volée », de Martine Lerude sur le chapitre 7 de la « Traumdeutung », de Choula Emerich sur « Père ne vois-tu pas que je brûle ? », de Marie-Charlotte Cadeau sur « le rêve de la belle bouchère », de Bernard Vandermersch sur « subversion du sujet et dialectique du désir », de Stéphane Thibierge sur la fonction spéculaire, de Jean-Jacques Tyszler sur la clinique des psychoses, de Roland Chemama sur « les Formations de l’inconscient », de Claude Dorgeuille sur « Contribution à l’histoire du mouvement psychanalytique », et de quelques autres.
Bien sûr, il y eut aussi les lumineuses présentations de malades de Jean Bergès, si précieuses pour l’accès direct donné à l’infantlle alors que ma pratique clinique en CMP et en libéral concernait essentiellement les adultes.
Mais surtout il y eut cet apprentissage de la lecture, en petit groupe, sous la responsabilité de Stéphanie Hergott. Loin d’une lecture magistrale, une pratique du déchiffrage, toujours questionnante, qui ne craignait pas de se montrer, à l’occasion, tâtonnante. Bref un mode de lecture décomplétée qui m’a tout de suite accrochée en ce qu’elle préservait mon désir et ma place singulière de lectrice.
C’est ce plaisir rencontré, partagé, qui a permis pendant plusieurs années, après le Collège, la constitution d’un groupe de lecture des « séminaires », et qu’aujourd’hui encore, ce travail se poursuive avec Dominique Dallemagne et d’autres collègues de l’ALI.
À présent responsable de groupe au Collège, j’essaie avec de jeunes collègues en formation de maintenir ouverte cette voie, tant il apparait que cette lecture « au plus près » des textes fondamentaux de la psychanalyse, et en particulier des séminaires de Lacan , est susceptible de produire des effets de vérité, pour les êtres divisés que nous sommes.
Christine Robert