Semper
06 octobre 1996

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Gabriel BALBO
EPEP
Psychanalyse-enfants

Je serais tenté de border ce que je vais creuser pour vous par deux propos poétiques. L’un est de P. Claudel et souligne qu’un certain bleu de la mer est si bleu, qu’il n’y a que le sang qui soit plus rouge ; l’autre est d’A. Gide, frappé par la noirceur du lait. Ce sera donc entre ce rouge océanique bleu et ce noir laiteux qui le bordent, que j’aborderai avec vous la fonction symbolique du père et, ce faisant, la métaphore paternelle.

Et pour l’aborder j’annoncerai tout de suite la couleur, quitte à la laisser ensuite un peu de côté sur ma palette, pour n’y revenir qu’en conclusion, convaincu qu’elle sera cependant sous-jacente à ce que je vais avancer.

Cette couleur, la voici : de ne pouvoir être parturient, de ne pouvoir enfanter au sens d’être en couches puis d’accoucher, l’homme est frappé du sceau non pas d’un manque car l’imaginaire de l’homme  » enceint  » ne fait pas défaut, mais bel et bien d’un trou. Si l’homme ne devient père que d’avoir un enfant, si c’est l’enfant qui le constitue comme père, c’est de ce trou et de lui seul qu’il tire la force de sa fonction symbolique. En d’autres mots, la fonction paternelle est symbolique de se soutenir du réel de ce trou et de son impossible.

Ce n’est pas que Par, racine indo-européenne de père et de paternité physique, n’ait donné Parere, Partus (procurer, procureur, procurateur : mettre au monde, avoir soin pour un autre) ou ait encore donné Parturire (être en couches, parturiente, parturition) et enfin Partus (enfantement), il n’empêche que rien n’y a fait : un père n’est pas une mère, non pas en raison d’une différence étymologique car à cet égard le Par est partagé, mais en raison d’un Trou.

Première conséquence de cela : si un enfant peut n’être qu’un réel pour sa mère, s’il peut n’être pas symbolique pour elle, il ne peut pas ne pas l’être pour son père ; il est en effet au moins symbolique de ce trou dont il procède tout autant, que de l’utérus maternel.

Deuxième conséquence : en devenant mère une femme peut encore connaître quelque chose de son incomplétude puisque, faisant corps avec elle, son trou peut être tout pour elle, alors ; là donc où ça naît pour elle, pour un père, ça n’est pas du trou. Ce trou lui est Autre, ne fait pas corps du tout avec lui, est une absence qu’aucune présence ne peut jamais venir lui dialectiser : l’incomplétude, irréductible S1 pour lui, est à jamais ce qui troue le S2 de son savoir. Et que par transsexualisme il se fasse femme ou infâme – comme on voudra – ne change rien à ce trou. Tirésias au moins, qui avait pu devenir femme, n’avait pu le devenir, qu’à la condition de retourner après un certain temps à sa condition originelle.

Ce n’est donc pas un hasard si le père est toujours Autre à tous, s’il leur est étranger : il le doit à ce trou qui conditionne son statut, sa fonction, son fonctionnement. Il est le signifiant même du manque dans l’Autre1. Le père procède par conséquent, puisque c’est ainsi qu’en latin le trou se nomme : d’un hiatus.

Voici des tuyaux, des robinets, des fuites et des baignoires, et puis voici ce coeur de petit Hans qui ne bat que pour eux… Mis là est le hiatus : tous ces symboles phalliques ne sont que secondairement maternels ; ce sont d’abord et surtout des symboles paternels, c’est-à-dire des choses qui permettaient de donner un bord, une forme, une image, une représentation, que dis-je une représentation, un concept, au hiatus paternel tellement angoissant pour l’enfant ; au point que l’angoisse de castration n’en figure que la dérive, elle aussi secondaire.

Une femme peut se penser toute : elle peut se croire comblée. A une telle croyance, menstruations et ménopause opposent l’exigence de réalité. Le trou, comme l’on voit, n’est en rien l’équivalent du manque : on ne manque justement de rien, quand on est en possession de certain trou.

Ah non, direz-vous : Tout, mais pas ça ! L’exclamation ouvre justement le séminaire sur le sinthome : Lacan y lit l’énonciation même du malaise paternel dans notre civilisation. Nous y reviendrons. Pour le moment, relevons quelques traits signifiants, du trou dont se soutient la fonction paternelle ; voyons un peu ce qu’il en est de son hiatus et de son bord.

A Rome dans l’antiquité, le bord en question est purement social. Le hiatus est impressionnant, tant il est posé comme tel. Terme  » générique  » en effet – alors que Mater n’est qu’un terme  » général  » – Pater ne concerne en rien le géniteur ; et d’un bord, celui du père, on ne peut même pas voir dirais-je, le bord relatif au géniteur, dont la fonction relève d’ailleurs d’autres concepts : comme parens, genitor, par exemple. Pater a si peu à voir avec genitor, que l’homme qui le désire peut fort bien être père d’un enfant qu’il n’a pas conçu. Il est alors Pater adscisco, – de scio, savoir -, père en connaissance de cause, père adoptif dirions-nous aujourd’hui. Et qu’il soit naturalis ou adsciscus, le père est non seulement légitime, mais aussi et surtout connu. A Rome, le père d’un enfant ne peut pas être un inconnu, seul son géniteur peut l’être ; qui plus est, ce père ne peut être méconnu : il ne le peut, parce qu’il est légitime, et que la légitimité se reconnaît à trois attributs symboliques : le dominus, la potens, la potestas. Le trou est donc bien bordé : il est bardé même. En raison de ses trois attributs, la puissance du père est assurée ; elle s’exerce sur la maison : il en est le chef (domine), chef d’un clan, d’une tribu, d’une gens, d’une  » colonne  » ou suite des générations ; elle s’exerce sur les siens : il en est le maître (des – pot – a : le maître de maison, disaient les grecs), potens dont l’histoire a gardé la formule pater familias ; elle s’exerce sur ses biens (son patrimonium, sa res familiaris) et atteste de sa liberté, des pouvoirs juridiques et politiques qui sont les siens. Observons que mater familias existe à Rome, mais n’est qu’un titre honorifique, que le matrimonium y indique la maternité légale puis la qualité d’épouse, qu’il n’y a pas d’adjectif matrius correspondant à patrius ou patricius, l’adjectif qualifiant la mère étant formé à partir du suffixe no qui marque son origine, qu’enfin une mère est toujours connue, toujours naturelle, qu’elle n’a pas le droit d’être une inconnue.

Pour ce qui regarde le père, rien à voir avec le sexuel, avec la chose ; c’est parfaitement clair, parfaitement pensé, et ça n’a que faire du  » certaïncerta  » d’un juridisme déliquescent et de bas empire, qui mélange tout et qui fait du coup du père un bouche-trou. C’est si bien pensé qu’avec la même rigueur se soutenant du même trou, Lacan a pu déclarer :  » L’ordre familial ne fait que traduire que le Père n’est pas le géniteur2.  » L’ordre en effet, ce n’est pas la confusion. Cela veut dire que du hiatus il vaut mieux maintenir l’écart, pour que le père incarne effectivement une fonction.

Le hiatus de nos jours disparaît ; c’est qu’au contraire seul compte le géniteur : le père fonctionne, il n’est plus qu’un fonctionnement, et par ce fonctionnement, nous ne sommes pas loin de faire du géniteur la fonction même. La fonction génitale, génitoriale tiens, domine, avec toute l’imagerie que l’on connaît où l’artificiel, – car l’insémination peut n’être plus qu’artificielle alors pourtant qu’on en attend du réel -, conduit à des prouesses de transplantation à rendre rêveurs les botanistes, tant nos transplanteurs empotent, dépotent, rempotent !… Eh bien, cet artificiel de l’insémination, est-ce bien le géniteur qu’il concerne ? Mais pas du tout : c’est surtout le père qui en devient artificiel, c’est donc lui qui est maintenant contre-nature.

Contre nature le père ? Vous n’y pensez pas. Ah non, Tout, mais pas ça. Et cependant, Œdipe ne fut-il pas un tel père ? A cette question, Lacan répond :  » Faut-il que le meurtre du père ait constitué – pour qui ? Pour Freud, pour ses lecteurs ? – une fascination suprême, pour que personne n’ait même songé à souligner qu’il se passe, ce meurtre, à l’insu du meurtrier, qui non seulement ne reconnaît pas qu’il frappe le père, mais qui ne peut pas le reconnaître, puisqu’il en a un autre, lequel, de toute antiquité est son père, puisqu’il l’a adopté (…) Ce dont le meurtre est suggestif, c’est de manifester la place que le père géniteur a, en une époque, dont Freud souligne que tout comme dans la nôtre, ce père y est problématique3.  » La prohibition autour de laquelle tourne ce mythe, n’est évidemment pas celle de l’inceste. Lacan la cherche, tourne autour, l’approche, et finalement s’en éloigne. Et ni  » Totem et tabou « , ni  » Moïse et le Monothéisme  » ne lui sont à cet égard de quelque utilité.

Il ne s’agit en effet ni de l’interdit de l’inceste, ni de l’interdit de connaître d’une jouissance qui ne serait réservée qu’à Un seul, puisqu’une foule – quelle soit anonyme ou familiale – s’autorise toujours à reprendre, à qui elle prétend l’avoir confié à titre précaire, le phallus dont procéderait la jouissance toute. L’interdit primordial, qui court latent dans ces mythes freudiens et dans chacun des nôtres, c’est de connaître son géniteur. Le géniteur, c’est l’inconnu dans la maison. Et il a à le demeurer. C’est l’intrus, le passager du grand Autre. Seul peut, et doit, être connu, le père. Il s’agit donc bien désormais de distinguer, en théorie comme en clinique, père et géniteur, connu et inconnu. Un mythe pourtant et de façon patente, exemplaire, rappelle cet interdit. C’est celui de Phaëton, fils du Soleil et de l’Océanide Clymène ! Elevé par sa mère dans l’ignorance de son géniteur, elle le lui fait connaître quand il est adolescent ! Le jeune homme demande alors à son géniteur de père un signe de reconnaissance de sa puissance : si tu es bien mon géniteur, lui dit-il, confie moi donc pour le prouver la conduite de ton char !

Après bien des hésitations, le Soleil y consent et lui confie son char. Pour éviter la conflagration universelle et la fin du monde qui s’en suivrait, Zeus, à qui les astres et les dieux portent plainte, foudroie le jeune garçon et le précipite dans le fleuve Eridan. On lui doit finalement les peupliers… Il est interdit de savoir qui est son géniteur.

L’identification de la foule à son leader, à son chef, ne procède de rien d’autre que de ce désir de transgresser l’interdit de connaître son géniteur. Le bon père du peuple, qui est-il d’autre, sinon celui qui les a tous engendré ? C’est un problème difficile pour un peuple, quand il est l’élu, de ne pas se prétendre le géniteur de tout ce qui s’engendre. Tout comme il est difficile à qui est légitimé par une élection, de ne pas se faire reconnaître comme le géniteur de tous ceux qui l’ont élu. C’est surtout au sein d’une institution, qu’un tel géniteur n’a pas à être connu, n’a pas à se faire connaître, et qu’un hiatus doit y exister. Le fondateur par exemple, s’il est père, n’est pas géniteur.

Au fond, la foule n’étant qu’un objet a comme tel partiel, le fragment du corps auquel elle se rapporte est la main – on essaie toujours en politique de tenir des assises, ou une foule, dans sa main. Tout groupe, toute foule, se comptent donc toujours en fait sur les doigts d’une main, laquelle permet de dire d’une foule qu’elle est ouverte, permissive, fermée, ou pugnace. A cet égard, la foule ou la main c’est également Das Ding : l’Assemblée, la Chose. Dans la mesure où toute Chose de ce type ramène à la horde primitive, le seul mobile qui la soutient est la mise à mort de son chef, lequel est un inconnu pour elle puisqu’elle n’en connaît guère que ce qui s’en donne à voir, ou s’en laisse entendre. C’est très peu, et ce n’est jamais à proprement parler paternel. Bref une foule est un corps au sein duquel ne résonne, ne fait écho au sens de la pulsion, que la voix qui image de son chef. Une foule, un groupe, une institution. C’est donc un corps à deux trous.

 » – Je suis un vrai déchet, une injure de la nature, une poubelle, une saloperie. Je ne suis qu’une merde, qu’une serpillière. Mon père me disait : moi, si j’avais eu une tête comme la tienne, j’aurais fait un procès à mes parents ! J’ai voulu lutter contre ça. Et je lutte encore. Mais quand je suis entrée à l’école primaire, comme j’étais pas belle, Vincent, un morpion, un petit insecte que je déteste encore, m’a appelé Crado-buldoz. Et tous les garçons s’y sont mis avec lui. Et ça a duré toute l’école primaire comme ça. Et je pouvais rien faire. Dans la rue, ils m’insultaient pareil, quand ils me voyaient. J’essayais de me faire accompagner par des adultes, pour ne pas les entendre. Ils osaient pas, alors. Ça a duré pendant toute la communale. C’était l’horreur. Du coup, je n’avais que des copines. Vous me croyez, quand je vous dis ça. Comment vous me trouvez, vous d’abord, hein ? Dites-le…

– Est-ce bien à vous, que s’adressait votre père, et tous ces gamins ?

– Bah, à qui voulez-vous que ça ait été ?

– Bah oui, je vous le demande.  »

Et elle est maintenant dans l’inconnu. Elle ne sait pas à qui s’adressaient ces reproches. Et elle ne sait plus qui en était le génitor. L’intervention, telle que je l’ai faite, n’a pas seulement procédé du Qui parle ? ou bien du Che vuoi ? Elle a principalement, procédé de ce que J. Bergès et moi dans notre livre L’enfant et la psychanalyse avons conceptualisé du nom de transitivisme. La double inconnue à laquelle l’intervention transitiviste la confronte, procède évidemment d’une double négation du connu ou, pour le dire plus précisément, d’une double négation de l’illusion phallique de savoir. En procédant de la sorte, je la ramène à l’interdit fondamental de connaître le géniteur, à l’interdit de savoir totalement de l’Autre d’où procède ce qu’elle peut en connaître ; aussi peut-elle parvenir à cette conviction que ce qu’elle est susceptible de savoir, elle le détient en propre déjà. Elle peut donc se faire l’hypothèse d’un savoir en elle. En l’Autre disons-nous. En quoi mon intervention est-elle une interprétation introduisant de l’équivoque dans ce qu’elle articule ? Car c’est uniquement par l’équivoque que l’interprétation opère. Il faut qu’il y ait quelque chose dans le signifiant qui résonne. Lacan ajoute que ce qui résonne, fait pulsionnellement écho dans le corps, parce que ça y résonne à partir d’un dire.  » Et ce dire résonne, consonne parce que le corps y est sensible, et il l’est c’est un fait, en raison de ses orifices dont le plus important est l’oreille : c’est à cause de ça que répond dans le corps ce que j’ai appelé voix.4  » C’est sur cet objet voix paternel autour duquel tourne la pulsion que mon intervention équivoque, afin qu’il fasse narcissiquement écho dans son corps autrement que pour l’enlaidir, afin que l’objet voix de son père demeure toujours beau. L’équivoque l’oblige à se sortir du circuit enlaidissant puisque l’aller et le retour de la pulsion vont désormais concerner deux autres qui sont pour elle des inconnus. Mon intervention y produit donc un hiatus.

Tout, mais pas ça. C’est bien la demande qu’elle ne cesse d’exprimer. Cette énonciation, telle que l’a formulée Lacan, est l’énonciation même dont se soutient implicitement et/ou explicitement toute demande d’analyse. Demande dès lors paradoxale, divisée, voire impossible, puisque le mais pas ça qui fait sinthome est le père, dont le sujet voudrait que la fonction rende énigmatique tout nouage borroméen, en en faisant quelque chose de tétradique – en faisant du 4 avec du 3. En rendant de la sorte problématique et énigmatique la fonction paternelle, le sujet voudrait lui laisser sa valeur d’énonciation : jamais on n’en trouverait l’énoncé. Tout, mais pas ça : pas dénoncé, pas de savoir. Le père en demeurerait donc étrange, inquiétant, non spéculaire ; toujours Autre, il demeurerait cet inconnu dans la maison. Dans cette leçon inaugurale du sinthome, et dans celles qui suivent jusqu’à la fin à propos du père, Lacan maintient d’une autre façon, – le 4 avec du 3 -, le hiatus. On ne saura jamais tout sur ce père  » made on deep  » …

Faire du 4 avec du 3 connaît une promesse pathologique chez les parents des autistes – et parfois même des psychotiques. L’autiste a un père, une mère, un géniteur, mais ce géniteur est connu : c’est son père officiel, tandis que son père symbolique ne lui est pas connu alors qu’il est le seul homme de la famille. Cet homme, c’est la grand-mère maternelle : la mère de la mère.

Stricto sensu, le géniteur n’est pas le père proprement dit, puisque le père proprement dit, c’est la grand-mère maternelle : nous avons donc bien du 4 avec du 3 : un père (la GMM) un géniteur inconnu (Le P) une mère et leur enfant. Un tel chiasme n’est pas impossible et C. Levy-Strauss le mentionne comme normal et tout à fait symbolique dans certaine société africaine, où seules les femmes contractent entre elles mariage : l’une est l’épouse, l’autre est l’époux, et celui-ci peut devenir père grâce aux oeuvres de son épouse avec un géniteur de la tribu, avec un inconnu. L’enfant né dans ces conditions a bien pour père le mari de la mère comme dirait notre code civil. Pour cet enfant africain la métaphore paternelle existe. Lacan la définit comme ce qui résulte d’une fonction paternelle symboliquement assumée ; et ce qui en résulte, le doit à ce qu’un signifiant puisse se substituer un autre pour le refouler, pour le faire passer sous la barre : S/S’

Cette métaphore paternelle revient donc à ceci : Père/Géniteur

Dans la métaphore paternelle normale, le géniteur est toujours dans les dessous, dans les  » histoires de familles « .

Dès lors, l’enfant normal s’ordonne à l’algorithme suivant : « x.S (A), qui connaît son exception avec l’autiste .S(A). Tout enfant est au fond et normalement le produit du manque dans l’Autre, et de ce manque, son père est le signifiant. L’autiste est le produit d’un défaut du manque dans l’Autre.

Quand J. Bergès et moi avons défini dans notre ouvrage la fonction paternelle comme signifiant du manque dans l’Autre, nous avons voulu marquer ainsi que le père, comme fonction, n’est pas dans l’Autre. Dans le grand Autre il n’y a pas de fonction. Les fonctions se bornent à border l’Autre, ce lieu où l’esprit flotte seulement sur les eaux. Le père n’en est pas tout pour autant ; il n’est que le hiatus pour que le trou vaille.