Depuis sa fondation, notre Association a interrogé les liens possibles entre psychanalyse et religion. Dans nos premières publications (Le Discours Psychanalytique : « Foi et raison, à partir de Saint Thomas » en 1983, ou « Qu’est-ce qu’on Sem » et « Dimensions juives » en 1985, ou encore « Dieu dernier cri ou les incertitudes de l’athéisme » en 1986) le questionnement sur la croyance était déjà présent. Il a été prolongé par des initiatives comme nos trois Colloques de Cordoue, excellentes rencontres qui ont eu, notamment à Fez, dès 2005, autour des trois monothéismes, avec des théologiens, des philosophes et autres cliniciens concernés par le fait religieux, par l’effet d’une référence au texte sacré. D’autres publications ont repris cet intérêt (La Célibataire, dont trois numéros en 2007 et 2008 portaient sur « Les trois religions du livre »), sans épuiser notre réflexion, sur l’identité, mais aussi sur le corps et la jouissance.
Chaque génération de psychanalystes a donné une place particulière au culte religieux, occultant ce qu’elle ne pouvait pas traiter. Chacune a produit des réflexions – que Freud a initiées avec son L’avenir d’une illusion (1927). Chacune a tissé des échanges, des correspondances, comme celle de Freud avec le pasteur Pfister (pendant 30 ans !) ou encore celle de Lacan avec son frère Marc, moine bénédictin.
Athée ou croyant, le psychanalyste ? Le travail de Melman sur le rêve freudien « Signorelli » nous enseigne comment Freud pensait avoir réglé son rapport à l’Autre. Disciple de Lacan, Melman avait certainement dans sa besace son séminaire sur L’Éthique de la psychanalyse, qui traverse ces questions.
Notre site internet veut reprendre cette adresse sous forme d’une série d’entretiens sur un outil que le psychanalyste partage avec le religieux : l’écoute. Comment écoute un rabbin, un prêtre ou un imam ?
Le premier entretien, avec Delphine Horvilleur, est désormais en ligne. Le suivant sera diffusé en juin. Nous devons la qualité de l’image et du son à notre collègue Geneviève Schneider, qui a fait également le montage, véritable travail de ponctuation.
Omar Guerrero
Psychanalyste
Vice-président de l’ALI
