Nous sommes nommés et classés depuis la naissance.  Il faudra ensuite s’arranger avec cette embarrassante anticipation pour y correspondre, mais comme on peut, à sa sauce, peut-être finalement pour l’abandonner.  C’est ce qui s’impose au parlêtre : s’avancer dans l’Autre et devant les autres, sous quelque signifiant, et trouver sa formule personnelle entre conformité et liberté.  Le signifiant, c’est du semblant qui implique qu’il y a de l’indicible.  Ça ne marche jamais tout à fait.

L’enjeu identitaire reste toujours tendu entre deux pôles paradoxaux et dont la synthèse représente un travail permanent du sujet : être soi-même, en quelque sort authentique, d’une part, et faire communauté, se reconnaître mutuellement, autrement dit identiques, d’autre part.  Ce second pôle de la convergence est aujourd’hui moins imposé, moins violent qu’autrefois ou, du moins, reçoit-il contradiction et dénonciation de cette dimension violente.  Ainsi, nous verrons qu’il y a lieu de distinguer deux violences :  structurelle et inévitable de par l’assujettissement au langage, d’une part ; conjoncturelle, contingente, inessentielle d’autre part.  La confusion de ces deux plans m’est apparue récurrente dans ma clinique quotidienne.  Le schéma de la sexuation représente un repère et une clé de lecture de ces phénomènes.

PRÉAMBULE

Le rôle du psychanalyste n’est pas d’être moraliste.  Pour autant, il est un spectateur qui ne peut pas complètement se dégager, puisque sa pratique appelle une réponse, même silencieuse à la demande d’un autre.   Vous reconnaîtrez donc dans la clinique, un angle quasi politique.  Le risque dans nos généralisations est d’influer positivement ou négativement sur le champ de la tolérance, de l’accueil sociétal de ces phénomènes.  J’ai bien conscience que le choix des  cas évoqués, de leur présentation, de leur mode de compréhension et de leur d’interprétation, n’échappe pas au biais de ma propre subjectivité, comme à l’ambiance intellectuelle qui règne dans le milieu de la psychanalyse.

 Toutefois, j’espère vous montrer comment la distinction des plans et des violences peut permettre de ne pas se laisser piéger dans l’écueil des opinions et préjugés personnels, favorables ou défavorables.

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