Mardi 13 du 5 Juin 2018 Séminaire sur Les Structures freudiennes des psychoses
16 juillet 2018

-

HERGOTT Stéphanie,ROTH Thierry
Nos ressources

Je dois vous avouer que lorsque j’ai découvert cette leçon j’ai tout d’abord été désemparée devant l’ampleur de la tâche et la somme d’érudition qu’elle requérait. En effet, je l’ai d’abord lue comme s’il s’agissait d’une véritable leçon de linguistique rigoureuse, foisonnante de références que je ne maîtrisais pas du tout, et il m’a semblé qu’elle était affaire de spécialistes et que j’étais bien mal tombée. À force de la relire, il m’est apparu cependant qu’elle était, au fond, articulée essentiellement autour de deux questions éminemment cliniques : que faut-il pour que ça parle, pourquoi cela parle-t-il dans la psychose ? Alors, je me propose de reprendre rapidement la lecture et la progression dialectique de la leçon pour ensuite développer un peu la question de l’automatisme mental, fil rouge de cette leçon.

Lacan, au tout début de la leçon, se référant à une réunion récente, ne mâche pas ses mots. À ses fidèles, il rappelle que ce que l’expérience analytique démontre, à condition de n’être pas totalement bouché, est que la réalité humaine ne saurait se confondre à ce qu’en proposent les deux principaux discours sur l’homme, celui de la philosophie heideggérienne en l’occasion, avec cette proposition que parmi tout les étants, il en est un, l’homme, dont l’existence représente une interrogation, une ouverture à l’être, caractéristique – et celui de la science où l’homme y est conçu comme un animal raisonnable. Ce n’est pas à ce niveau-là qu’ont à se tenir les psychanalystes dans l’exploration qui est la leur de la réalité humaine.

Après ce préambule incisif, Lacan entre de plain-pied dans la leçon et énonce les deux questions « limitées » qu’il souhaite éclairer :

Que faut-il pour que ça parle ? Question donc du déterminisme de la psychose qui, à la poser ainsi, écarte des modalités d’abord dans lesquelles on ne pourrait que se fourvoyer, comme par exemple le problème de la conscience. Ce faisant, il s’inscrit dans la tradition freudienne : « C’est donc bien dans la tradition freudienne que nous nous plaçons en disant qu’après tout la seule chose que nous avons à penser, c’est que ça parle. » p. 467

Deuxième question : pourquoi est-ce que ça parle ? « Pourquoi est-ce que, pour le sujet lui-même, ça parle, c’est-à-dire que ça se présente comme une parole et que cette parole c’est ça. Ce n’est pas lui. » p. 468

Et donc, pour déplier ces questions, Lacan va repartir de là où il en était resté les leçons précédentes concernant la parole et son circuit, à savoir au niveau du tu

L’approfondissement de la fonction du tuconstitue donc le premier maillon nécessaire au traitement consistant d’une réalité langagière qui est qu’au sein du sujet, cela se met à parler.

Le tu, nous dit-il tout d’abord, n’a aucun sens propre. De même, il n’a pas la valeur subjective d’une quelconque réalité de l’autre. Si spontanément nous l’entendons comme cela, si nous lui prêtons signification, et signification de l’existence d’un partenaire, c’est que nous sommes pliés par la grammaire et que de plus nous y croyons. La grammaire nous force à entendre ce tu comme la seconde personne du singulier, ce qu’elle est bien sûr, mais nous bouche à son côté purement formel, c’est-à-dire à sa fonction de site, de point, et à sa valeur essentiellement de conjonction servant à exprimer indifféremment la condition, la temporalité ou la locution « comme ceci ».

Se déboucher des préjugés grammaticaux est essentiel à l’appréhension de la fonction de ce tu, de ce à quoi il sert, et pour ce faire, pour nous ouvrir l’esprit, Lacan va nous faire voyager dans d’autres langues, nous déplacer de notre horizon de compréhension commun et spontané. Et d’évoquer ainsi les particules, morphèmes purement fonctionnels des langues non flexionnelles (comme le chinois, langue isolante où les mots, invariables, ne sont composés que d’un seul morphème), ou encore la valeur de protase, c’est-à-dire de subordonnée conditionnelle placée en tête de phrase, du tuen grec. Je ne m’avancerai pas plus avant, j’en suis bien incapable, mais ce dépaysement, à le suivre, nous permet de saisir que « ce tuest loin d’avoir une valeur univoque, loin d’être en quoi que ce soit quelque chose dont nous puissions hypostasier l’Autre, que ce tuest à proprement parler, dans le signifiant, ce quelque chose que j’appellerai une façon de hameçonner cet Autre, et de hameçonner très exactement dans le discours, d’accrocher à l’Autre la signification. » p. 470, et plus loin : « ce tuqui est une sorte d’accrochage de l’Autre dans le discours, cette façon d’accrocher l’Autre, de le situer dans cette courbe de la signification, que nous représente de Saussure, qui est la parallèle de la courbe du signifiant. Ce tuest cet hameçonnage de l’Autre dans l’onde de la signification. » p. 471

Dans ce premier capitonnage, le tu, loin de représenter quelque allocutaire ni de le signifier, est ainsi essentiellement de l’ordre d’une ponctuation fixant l’Autre en un point de la signification, venant le stopper, comme en couture, dans sa variabilité interprétative.

Alors la question suivante est de savoir ce qu’il faut pour promouvoir ce tuà la subjectivité, ce tuqui, Lacan insiste, n’a pas pouvoir de désignation de l’Autre/autre mais qui, à l’instar de ces otolithes qu’il avait évoqués dans la leçon du 13 juin, a, comme signifiant, essentiellement pouvoir d’opération sur lui. À l’inverse évidemment, ce corps étranger, en suspension dans notre propre discours, nous livre à son pouvoir et nous conduit aussi sûrement qu’un électroaimant. La clinique de la psychose nous le démontre dans ses différents registres d’intimation délirante, d’injonction hallucinatoire ou encore, je le propose, dans ce phénomène plus discret qu’est l’écho anticipé, de l’acte comme de la pensée, de l’automatisme mental.

Donc, comment promouvoir ce tuà la subjectivité, comment dans le discours lui faire supporter quelque chose de comparable à notre ego ? Ici Lacan nous propose le pas suivant qui est la prise en compte du verbe être.

Après avoir résumé l’analyse essentiellement étymologique et grammaticale qu’en propose Heidegger, il la critique puisqu’il considère qu’est élidée la fonction singulière et irréductible du verbe être, ce à quoi il sert essentiellement, à savoir sa fonction copulaire. 

« à quel moment et par quel mécanisme ce tutel que nous l’avons défini comme ponctuation, comme mode d’accrochage, signifiant indéterminé, comment ce tuarrive à la subjectivité. Je crois que c’est très essentiellement quand il est pris, et c’est pour cela que j’ai choisi les phrases exemplaires dont nous sommes partis, tu es celui qui… quand il est pris dans cette fonction copulaire à l’état pur, et dans cette forme de son état pur qui consiste à proprement parler dans sa fonction ostensive. » p. 474

Ici Lacan n’explique pas d’avantage en quoi la fonction ostensive, qui communément désigne le fait de montrer l’objet désigné par le mot, serait la forme la plus pure de la fonction copulaire, mais, en poursuivant la lecture et à la faveur d’un nouveau progrès du questionnement autour du « tu es », il nous invite au pas suivant qui participe de son explicitation : « Nous devons trouver l’élément, qui, exhaussant ce tu, fait de ce tuquelque chose qui déjà dépasse d’un degré cette fonction indéterminée d’assommage, qui commence à en faire, sinon une subjectivité, du moins quelque chose qui est le premier pas vers le tu es celui qui me suivras » p. 474 « Tu es celui qui me suivras » est bien sûr la formule prise au fil du séminaire comme paradigmatique de cet effet sur le sujet de mandat ou d’investiture. Il interroge donc l’élément nécessaire à l’exhaustion du tu, au dépassement de sa pure fonction d’assommage. Et il enchaîne de sa réponse : « c’est le c’est toi qui me suivras » lequel serait une ostension puisque supposant l’assemblée présente de ceux qui sont le support de ce discours. Assemblée imaginaire certes mais ayant valeur de témoin, de tribunal, et donc de garant en quelque sorte de l’obligation faite au sujet en recevant l’avis d’y répondre : je te suis, c’est–à-dire d’obtempérer à l’ordre. C’est un passage difficile assurément devant lequel je cale un peu.

Pour poursuivre, je relèverais deux remarques, qui ont l’air comme ça un peu latérales mais qui participent pleinement du cheminement rigoureux de la leçon. 

La première, clinique, est que nous ne disposons pas – sauf gymnastique spéciale ! – du refus d’entendre, que dès lors que quelque chose est proféré, cela produit chez celui qui l’entend des effets de conduction, c’est-à-dire qu’il est sommé d’y répondre, qu’il obtempère ou pas. C’est bien là nous dit Lacan que gît et se manifeste la force propre du discours. Il l’avait du reste déjà amené dans la leçon du 8 février : « Écouter des paroles, y accorder son ouïr, c’est déjà y être plus ou moins obéissant. Obéir n’est pas autre chose, c’est aller au devant, dans une audition. »

On peut ainsi fermer les yeux, mais pas l’oreille, nul diaphragme n’en vient régler l’ouverture.

Je crois qu’on peut rapprocher cela aussi de l’enseignement de Marcel Czermak quant il n’a de cesse de nous rappeler que les psychotiques ne résistent pas au transfert. 

Schreber, aux débuts de sa seconde maladie, souffrant entre autre d’insomnies, et fort de son transfert sur Flechsig, le consulte. Celui-ci se veut rassurant et l’assure que les progrès de la médecine auront tôt fait de lui assurer un sommeil des plus féconds. La nuit même il tente de se pendre, nous rappelle Lacan, on l’hospitalise. Alors ce terme de fécond, sur fond bien sûr de ces difficultés à l’endroit de la paternité et de la présence du « fantasme » qu’il serait beau d’être une femme subissant l’accouplement, ce terme, ne peut-on dire qu’il n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd et qu’il l’engrosse de ce qui constituera l’une des lignes de force de sa psychose : être la femme de Dieu et engendrer une nouvelle humanité.

La deuxième remarque est elle aussi riche d’implications pratiques. Lacan l’amène de façon un peu ironique en nous faisant remarquer qu’il n’est pas forcément inutile de donner aux gens ce qu’ils demandent, qu’il s’agit simplement de savoir si cela leur est bienfaisant. Et il précise que si cela a quelque effet, c’est précisément dans la mesure où cela leur sert à compléter leur vocabulaire : « en fait, c’est rarement et par pur hasard que cette façon de procéder produit un effet bienfaisant, car cette façon en effet de compléter son vocabulaire peut permettre au sujet de s’extraire lui-même de cette sorte d’implication signifiante qui constitue la symptomatologie de sa névrose. C’est pour cela que les choses ont toujours marché d’autant mieux que cette sorte d’adjonction de vocabulaire de notre délirant, est quelque chose qui avait encore gardé quelque fraîcheur. » p. 475 

S’il évoque Schreber, et au-delà la psychose, cette remarque vaut bien évidemment pour nous-mêmes, tâchons d’enrichir notre vocabulaire, ne devenons pas des oiseaux parleurs. Et puis, bien sûr, dans la direction de la cure, l’attention donnée à l’opération d’extraction de l’implication signifiante qui nous voue à telle névrose, qui nous livre à nos symptômes, à nos dieux et démons.

Juste après ces deux remarques, Lacan reprend le fil où il l’avait laissé, à la fonction d’ostension, mais en en rapprochant encore l’objectif du tu es celui qui me suivra. Là, pour être brève, à la faveur de l’équivoque des signifiants suis/suit et tu/tue, Lacan relève la double impasse qui se constitue pour celui restant captif de cette fonction ostensive. D’une part, l’autre pris comme objet dans la relation d’ostension n’est jamais rencontré comme subjectivité que sur le plan imaginaire, et donc sur un plan d’identification réciproque où moi c’est l’autre. D’autre part, et c’est là le drame de l’identification purement imaginaire, c’est la face létale du tu es qui aboutit à la destruction de l’autre à la faveur d’une dialectique exclusive, ou moi ou toi.

Le registre imaginaire ne suffit donc pas et on arrive au dernier terme, en forme de question, du parcours de Lacan : que faut-il pour que l’autre soit reconnu ? Eh bien, il faut l’évocation de l’Autre, il faut que l’Autre soit reconnu au-delà de ce rapport de mutuelle exclusion du registre imaginaire. Et cette reconnaissance, fut-elle évanouissante, ne procède que de son évocation. Il faut qu’il soit évoqué, et s’il l’est c’est à la faveur de ce mandat, de la réponse donnée à ce mandat : à ce « tu es celui qui me suivras » répond « je le suis, je suis ce que tu viens de dire », réponse pleine. On retrouve ici ce qu’a très bien développé Edouard Bertaud, la troisième personne essentielle au discours en tant qu’elle désigne le sujet même du discours. Alors il y a ce très beau passage sur l’invocation, je vous le cite :

« Que ce soit autului-même que nous nous adressions en tant qu’inconnu, c’est là ce qui fait son aisance, c’est là aussi ce qui fait sa force, c’est là aussi ce qui fait qu’il passe de tu esdans lesuivrasde la seconde partie en y persistant. Il y persiste précisément parce que dans l’intervalle il peut y défaillir. Ce n’est donc pas dans cette formule à un moi, en tant que je le fais voir, que je m’adresse, mais à tous les signifiants qui composent le sujet auquel nous sommes opposés. Je dis à tous les signifiants qu’il possède jusques et y compris ses symptômes. C’est à ses dieux comme à ses démons que nous nous adressons et c’est pour cela que cette forme de la phrase, cette façon d’énoncer la sentence que j’ai appelée jusqu’à présent celle du mandat, je l’appellerai à partir de maintenant l’invocation, avec les connotations religieuses qu’a ce terme (…) les signifiants, les dieux et les démons, c’est à eux que l’invocation s’adresse et c’est bien pourquoi je pense que le terme d’invocation désigne à proprement parler cette forme la plus élevée de la phrase, grâce à quoi tous les mots que je prononce dans cette invocation sont de vrais mots, des voix évocatrices auxquelles chacune de ses phrases doit répondre, l’enseigne de l’Autre véritable.» p. 478-9.

Si le signifiant appelé, celui qui porte la phrase fait défaut chez l’Autre, s’il est forclos, alors se produit une réduction de la relation à une pure relation imaginaire, mais intensifiée. 

Schreber l’exemplifie du déclenchement de sa psychose et Lacan va ici nous en proposer, au terme de son parcours, orienté je vous le rappelle par ces questions « pourquoi ça parle, que faut-il pour que ça parle ? », il nous en propose donc l’explication, le déterminisme structural. Il le fait à la faveur du cas Schreber, mais aussi de l’apport de la présentation clinique d’un patient antillais. 

Il le fait aussi de l’apport de Freud qu’il interroge et réarticule. C’est la critique de la genèse de la paranoïa par une homosexualité latente qu’il juge, concernant Schreber, peu documentée et au fond pas nécessaire. Nul besoin d’en appeler à l’Œdipe et à son court-circuitage pour rendre compte de l’agressivité inhérente au registre duel et du déclenchement des psychoses. L’appel d’un signifiant manquant au sujet suffit à opérer cette réduction à l’axe imaginaire : « Dès lors quand ce signifiant qui porte la phrase fait défaut à l’autre, le je le suisqui vous répond ne peut faire figure que d’une interrogation éternelle, tu es celui qui me…, quoi ? À la limite de ce qui sort, c’est la réduction au niveau précédent, tu es celui qui me… tu es celui qui… etc., tu es celui qui me tues. » p. 479.

Alors, quel Signifiant est appelé pour Schreber ? Bien sûr celui de père, conceptualisé comme Nom du Père avec cette formule magistrale « Avant qu’il y ait le Nom du Père, il n’y avait pas de père ». 

Signifiant essentiel donc qui, de ne pouvoir être reçu, puisque manquant chez le psychotique, d’être appelé produit ce remaniement structural du champ de langage tout entier et qui s’appelle le déclenchement d’une psychose. Réponse à « que faut-il pour que ça parle ? ».

Alors pour finir, je souhaiterais insister sur deux aspects essentiels de ce remaniement du champ symbolique chez Schreber. 

Le premier, Lacan l’évoque, est ce perplexifiant assassinat d’âmedont il est l’objet et je souhaiterais le rapprocher de la fin de la leçon à propos de l’automatisme mental. « Pourquoi ça parle ? ».

« À partir de ce moment-là, justement parce que l’egoest évoqué (…) et évoqué au-delà de tout signifiant qui puisse être significatif pour le sujet, la réponse ne peut être que l’usage permanent, je dirais constamment sensibilisé du signifiant dans son ensemble. Et ce que nous observons, c’est que c’est sous ses formes les plus vides, les plus neutres, les plus égoïsées, que le caractère mémorisant qui accompagne tous les actes humains, est aussitôt vivifié, sonorisé, et devient le mode de relation ordinaire d’un egoqui est là évoqué et ne peut pas trouver son répondant dans le signifiant au niveau duquel il est appelé (…) Ceci n’est pas une telle particularité puisque c’est même la définition de ce qu’on appelle l’automatisme mental. Et pourquoi ? C’est parce que précisément dans la mesure où il est appelé sur le terrain, où il ne peut pas répondre, dès lors c’est la seule façon de réagir qui puisse le rattacher à l’humanisation qu’il tend à perdre ; c’est de perpétuellement se présentifier dans ce menu commentaire du courant de la vie qui fait ce qu’on appelle le texte de l’automatisme mental. Il n’y a plus pour le sujet qui a franchi cette limite, la sécurité significative coutumière, sinon dans cet accompagnement parlé. » p. 482

Alors, ce meurtre d’âme, dont Schreber nous livre lui-même le déterminisme au début du chapitre 2 de ses Mémoires: une partie qui se joua autrefois autour des noms, des noms et pas des individus, de Flechsig et de Schreber, comment ne pas l’entendre comme cette humanisation qui se perd, comme la mort subjective d’un Schreber dont l’Autre se délite. Et alors, ce que Lacan amène c’est l’automatisme mental comme fonction préservant, pour un temps, le sujet de la marche néantisante et déshumanisante du processus psychotique. 

L’automatisme mental, en sa forme minimale de petit automatisme tient en quelques traits spécifiés et différentiels : son trait princeps est qu’il appartient au registre de la pensée : pensée maladive s’exprimant néanmoins selon le mode ordinaire de la pensée. Sont dès lors exclues de l’acception xénopathie et sensorialité. Un second trait est sa neutralité à entendre aussi bien du côté de la signification que de l’affect. Sans sens ni adresse particulière, des phénomènes automatiques de pensée contrarient le cours volontaire de la pensée et le patient, s’il peut en être surpris, ne se sentira nullement interpellé en son nom. De Clérambault décrit minutieusement les divers phénomènes positifs et négatifs pouvant altérer la pensée. Deux modalités perturbatrices sont isolées : l’automatisme verbal où l’élément intrusif est de l’ordre du langage articulé (par exemple l’apparition de mots explosifs ou de non-sens), l’automatisme psychique où c’est une pensée signifiante en elle-même qui vient troubler le cours normal de la pensée (dévidage de souvenirs ou disparition de pensées). De Clérambault relève enfin le caractère fondamentalement imposé, irrésistible et parasitaire du phénomène qu’il qualifie du terme d’interférence. C’est donc bien, pour reprendre l’indication de Lacan, le langage qui se met à parler tout seul.

Schreber en est sans conteste affecté, c’est ce qu’il nomme voix intérieures, ou parler des nerfs

S’il n’est pas toujours évident de différencier cliniquement ce petit automatisme de ce qui va constituer sa marche (les phénomènes d’écho, l’hallucinose puis le grand automatisme qui lui regroupe tous les types d’hallucinations psychosensorielles) et s’il ne me semble pas qu’il puisse en un temps être isolable d’une série d’autre manifestations langagières, Schreber distingue cependant très nettement toute la sémiologie des « voix intérieures » en tant qu’elles « parlent du dedans » d’autres manifestations langagières, « extérieures » telles que le verbiage des oiseaux miraculeux. (p. 220)

La nature des voix intérieures est d’être l’ébranlement vibratoire des nerfs humains ayant le « caractère d’un léger chuchotement modulant le son même de certains mots humains », ces mots étant alors « récités en silence, à la manière d’une oraison mentale ». Leurs caractéristiques principales sont leur continuité essentielle – elles accompagnent Schreber en toutes circonstance, cette doublure ne connaissant nul silence –, ainsi que l’absurdité et le non-sens des propos tenus. 

En aucun cas fruits des propres pensées de Schreber mais de leurs « falsifications », elles s’expriment selon des modalités lexicales et grammaticales particulières. Du côté lexical, c’est la « langue fondamentale », côté grammatical, c’est toute une série de spécificités soigneusement répertoriées et dont l’unité tient en une grammaticalité défective. 

Un type d’automaticité est relevé à plusieurs endroits comme par exemple le surgissement de « l’automatique pensée de souvenir » et bien évidemment dans la succession mécanique et se répétant des centaines de fois par jour des phénomènes consécutifs au « penser à rien » : bruit à proximité, miracle du hurlement, lever du vent et appels au secours.

Je rappellerai enfin la dégradation progressive du discours des voix, autrefois créditées d’une pensée propre, se réduisant en une cacophonie répétitive et monotone de ritournelles, conjonctions et exclamations amputées de leur chute significative, ce sur quoi je vais revenir.

Alors que dire de cette proposition de Lacan où, non seulement cette sensibilisation du signifiant dans son ensemble serait la réponse structurale à l’appel d’un signifiant forclos, mais constituerait également un lieu de recel minimal pour le sujet autrement tué par la marche néantisante du processus psychotique ?

Daumézon et Lanteri-Laura en 1961 dans Signification sémiologique de l’automatisme mental de Clérambault., reprendront, sous la terminologie psychopathologique de défense contre l’hallucination et ses effets de néantisation, cette proposition et je vous renvoie à ce très bel article.

Schreber lui-même évoque cela. Cela est du reste un trait essentiel de sa psychose puisque si toute l’observation témoigne de la présence continue de l’Autre comme essentielle à son existence, la menace du laisser en plan en étant une des manifestations les plus patente, il reste que la modalité de son rapport à l’Autre conditionne et façonne les quelques degrés de liberté subjective dont il jouirait.

Plus précisément, il me semble que le témoignage de Schreber authentifie l’automatisme mental à la fois comme « ramassis de boniments serinés comme une mécanique », mais surtout comme modalité bienveillante et d’un énorme intérêt selon lui puisque le garantissant d’un droit essentiel à son humanité : « Quant au contenu de leur discours, il ne s’agit pas précisément d’injures ou de paroles blessantes, il se résume plutôt à une façon d’imbécilités neutres (on rabâche sans arrêt, par exemple, David et Salomon, salade et radis, petit tas de farine, etc.), et quant à leurs modalités, elles me sont moins importunes dans la mesure où ce verbiage se concilie plus adéquatement avec le droit naturel de l’homme de ne penser à rien ; à la longue, on peut s’accoutumer à l’intrusion dans sa tête de menus propos insensés tels que ceux que j’ai donnés en exemple dans la parenthèse ci-dessus, dans la mesure où leur insignifiance permet plus facilement de les assimiler à des « pensées de ne penser à rien » (p. 181-182)

On voit au fond comment Schreber s’accommode de l’insignifiance généralisée du signifiant décapitonné en tant qu’elle lui préserve, peut-être pas une place subjective, mais tout du moins ce résidu de droit subjectif qui est de ne penser à rien, modalité ultime de protection d’un Autre déchaîné. L’imbécillité, l’insignifiance, la neutralité, le non sens de cette doublure permanente de l’automatisme l’autorise et constitue ainsi pour Schreber le rempart contre la tyrannie du signifiant hallucinatoire et la mort subjective conséquente. On sait le caractère déshumanisant de l’injure hallucinatoire ; le « charogne » de Schreber, signe qui l’épingle et le nomme pour ce qu’il est : pourriture d’objet.

Enfin, il y a un deuxième aspect du remaniement du champ symbolique chez Schreber que je souhaiterais évoquer en forme de question, est-ce que, à l’instar de l’automatisme mental, cet autre phénomène langagier qu’est le phénomène des phrases interrompues, préservait encore Schreber d’une mort subjective ?

Alors il y aurait la version optimiste : 

Ce serait celle où le jeu forcé de la pensée, articulé au système du couper-la-paroleet aux messages interrompus (qui encore fait valoir un type de contrainte au continu que je ne développerai pas ici), en même temps que s’y révèlerait l’imposition, le forçage à la nécessité d’un complément significatif, eh bien en même temps quelque chose y préserverait un espace de recel minimal pour le sujet, sorte d’ultime arrimage aux terres de l’énonciation.

Marcel Czermak fait régulièrement valoir comment, dans la psychose, le sujet peut venir s’équivaloir et à la coupure et à l’objet. Schreber, lui, peut sembler préservé d’une totale disparition subjective à la faveur du type d’amputation et de nécessaire complémentation des phénomènes de message qui l’affectent. 

Reprenons ce qu’en dit Schreber : « Dès le début, de surcroît, s’est imposée l’emprise du système du couper-la-parolequi consiste en ce que les vibrations qu’on imprime à mes nerfs, et avec elles les mots qu’elles induisent, viennent à véhiculer non pas des pensées accomplies mais seulement des débris de pensée, dont c’est la tâche qui échoit en quelque sorte à mes nerfs que de les faire, en quelque façon, aboutir au sens. C’est en effet un trait de la nature des nerfs de se mettre, chaque fois qu’on leur jette des mots sans lien ou alors des phrases tronquées, à chercher automatiquement ce qui manque pour faire une pensée aboutie qui satisfasse l’esprit humain. » (p. 216-217)  

On entend bien ici l’automatisme à opposer une signification à l’énigme de sens qu’ils constituent. De plus, nulle latitude n’est laissée à Schreber de les ignorer. Cependant, même automatique, l’intérêt des phrases interrompues et de leur complément significatif est je crois, quand même, de préserver, dans le réel insensé du déchaînement hallucinatoire, quelque humanité par la réintroduction d’une signification.

Une autre modalité d’abord est de prendre les choses du côté du shifter, lequel je vous le rappelle, désigne dans l’énoncé le sujet en tant qu’il parle, c’est-à-dire le sujet de l’énonciation.

Lacan, dans sa « Question préliminaire à tout traitement possible de la psychose », distingue les phrases interrompues comme étant des phénomènes de message s’interrompant au shifter, c’est-à-dire des messages ne contenant que les termes-index du sujet. Or le shifter, s’il désigne le sujet ne le signifie pas, c’est-à-dire qu’il ne prend sens que des coordonnées du message. À ce titre, le complément est doublement significatif, et pour le sujet et pour le message :

« Maintenant, je vais me (…) rendre au fait que je suis idiot »

« Il nous manque maintenant (…) la pensée principale »

La réplique significative participe alors, après le suspens de la coupure, du bouclage rétroactif et donc du capitonnage de la chaîne signifiante.  En même temps, elle garantit le sujet d’une possible pensée principale. Est-ce que, ce faisant, elle lui ménage une place de sujet de l’énonciation, autrement exclu par l’interruption? Ça, c’est la version optimiste.

Alors, il y a une seconde version, à l’optimisme entamé par l’absence de jeu entre les deux morceaux de phrase, l’absence de variation entre les deux fragments. À la répétition fastidieuse des phrases interrompues répond invariablement le complément immuable et fixé. On n’aurait donc pas affaire à quelque chose de l’ordre d’une dialectique ouverte entre deux termes, où la question appellerait une réponse, où un signifiant renverrait à un autre signifiant, mais plutôt à une réplique automatisée et pétrifiée, purement réflexe révélant le caractère déjà présent de pur écho et de doublage automatique de ce qui peut paraître réponse voire résistance d’un sujet déjà exclu. 

Je crois qu’au fond c’est la question toujours vive, actuelle, des degrés de liberté laissés au sujet par le délitement structurel opéré par la psychose. Et puis, toute aussi topologique, cette question des différentes modalités réparatoires opposées au dénouage.

Texte relu par l’auteur.

Marc Darmon Merci Stéphanie Hergott, c’est tout à fait intéressant de présenter l’automatisme mental de cette façon, puise que classiquement, on considérait comme phénomène élémentaire,la destruction totale. Là vous présentez comme une chose qui s’oppose justement à cette…

Stéphanie Hergott Qui en protège, en tout cas le sujet pour un temps. 

Thierry Roth – J’ai énormément de choses à dire, on n’a pas trop le temps, j’aurais quand même deux questions mais je vais en poser une là un peu comme ça… très courte à propos de ce terme de « fécond » de Flechsig, tu dis Schreber, « ça tombe pas dans l’oreille d’un sourd, il entend bien. » Alors quelle est la particularité de cette entente, cette écoute, de cet entendement, chez un sujet psychotique par rapport à un sujet névrosé ? Parce que le « fécond » peut être entendu par un névrosé tout autant. Mais comment tu…, « ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd », on voit bien que ce qui différencie le psychotique du névrosé n’est pas évident et d’ailleurs Lacan dit souvent, y compris le fait que « ça parle », ça parle aussi bien pour un névrosé, il ne sait pas davantage ce qu’il dit et pourtant ces tergiversations-là, il les reconnaît comme siennes. Alors sur ce « fécond », quelle est la particularité pour toi de la manière dont Schreber l’entend ? 

Stéphanie Hergott Ça va le féconder d’une manière non métaphorisable, non dialectisable, non poétisable, un petit peu associé au fait que le psychotique ne résiste pas au transfert. 

Julien Maucade – Flechsig lui dit : « la psychiatrie a fait des progrès, tu auras un sommeil fécond », et donc il ne dort plus… c’est un sommeil fécond. 

Stéphanie Hergott – Je vais te coller un petit sommeil des plus féconds… familièrement mais lui-même il ne dort pas, tente de se pendre, 

Julien Maucade – Du coup,il ne dort plus,il n’ose plus dormir. 

Thierry Roth –Alors on parle toujours du délire comme tentative d’auto-guérison et effectivement comme Marc [Darmon] le rappelait, tu mets l’automatisme mental…

Stéphanie Hergott Je ne le mets pas, je lis la leçon, je le propose comme le fait Lacan, comme Daumézon et Lantéri le font dans ce superbe article « Signification de l’automatisme mental », 

Bernard VandermerschEst-ce que Lacan accepterait cette idée, cette finalité qui dans les sciencesest un résidu archaïque. Si les papillons ont des ailes de couleur, c’est pour, il sait quoi faire, il y a toujours une explication finaliste… là, pourquoi dire que c’est une défense ? Pourquoi ça n’est pas un phénomène tout simplement automatique, qui se produit comme le symptôme qui apparaît, ça apparaît finalement. Est-ce qu’on va dire que ça a une finalité ? On peut s’apercevoir qu’effectivement, ça permet au sujet de tenir. C’est une petite note. On parle facilement dans la psychose que ceci est une étapede défense contre… le sujet serait lui-même étonné d’apprendre que son délire est une tentative de défense contre l’effondrement. Mais par contre, dans le délire, on entend, quand Schreber par exemple dit que le fait que les rayons divins miraculaient le fait d’aller chier par exemple, que donc il y a là quelque chose d’un objet qui fait la concupiscence de Dieu, c’est à la fois persécutif et en même temps, c’est ce qui lui permet, dit-il, que les rayons divins restent attachés à lui, qu’ils restent objet de la jouissance de l’Autre… Ah, il le dit ! Mais est-ce qu’on va dire que… il n’y peut rien si à chaque fois qu’il va aux toilettes, il y a quelqu’un qui y est déjà allé devant lui et que Dieu miraculise à chaque fois quelqu’un pour l’empêcher d’aller chier. On voit bien, que cette notion… Est ce qu’il ne faut pas quand même l’éliminer un peu, cette notion de finalité… ?

Stéphanie Hergott – Je ne crois pas l’avoir développée, effectivement c’est très simple de mettre après des visions téléologiques de cette affaire, c’est ce que feront Daumézon et Lantéri, [BV– Comment?] Je n’ai pas dit que c’était une défense contre l’hallucination, c’est ce que développeront en [19]61, Lantéri et Daumezon. Lacan dit quand même – qu’est-ce que ça va être la réponse à ce signifiant appelé, forclos, ça va être la sensibilisation perpétuelle et permanente de tout le signifiant mobilisé ? Et ce qu’il propose c’est la seule façon de réagir qui puisse le rattacher à l’humanisation qu’il tente à faire. C’est une très jolie phrase, et donc c’est un peu ça, le concept de défense m’a toujours paru un concept un peu problématique, dans la psychose. Mais cette sensibilisation générale du signifiant qui se met à parler, à seriner, à cacophoner sans aucune signification, cette pure absurdité, ce serait un temps peut-être minimal où le sujet garderait quelque chose avant d’être épinglé ou être interpellé par les objets-voix, divers. Je trouvais ça intéressant à développer… pas comme une défense…

Bernard Vandermersch– Ce n’est pastout simplement le fait que faute d’une réponse possible subjectivante… [S H – Oui] le signifiant sous lequel le sujet pourrait se faire représenter, [S H – Oui] puisque ce signifiant est manquant. [S H – Oui] que tout simplement la chaîne, ça répond de partout, quoi. 

Stéphanie Hergott Oui, mais le patient psychotique, saisi d’un petit automatisme peut continuer à fonctionner socialement et interpersonnellement d’une manière tout à fait bienvenue. Donc, il est protégé avec beaucoup de guillemets, quand même du caractère meurtrier, injurieux des hallucinations et de certains délires. Il y a quand même, même si c’est grave un automatisme mental, c’est évidemment grave puisque effectivement, ça participe du déclenchement et de la marche vers des choses plus avancées, mais néanmoins, le patient qui en est affecté a quand même… cette humanité qu’il tente à faire, je trouvais ça poétique et j’avais envie de m’attacher un peu à cette tragédie-là.

Josiane Quilichini Dans le sens que tu disais que ça l’accompagnait, par rapport à « Tu es celui qui me suivra », lui sans s, une espèce de persécution, peut-être que cela, ça apaise, sur cette route, cet accompagnement, qui n’est pas de l’automatisme, ce n’est pas comme ces injures, ça n’a rien à voir, c’est tout à fait important que tu différencies bien ce qu’il entend, les commentaires et les autres…

Pierre-Christophe Cathelineau– Je voulais dire tout l’intérêt de l’exposé que j’ai entendu mais mes réserves. J’ai quelques réserves sur, disons, une certaine orientation, que je reconnais venir de Marcel Czermak, et qui concerne, je dirais précisément, la dimension, la marchedéshumanisante du processus psychotique. Je veux bien qu’on avance de ce côté-là mais je pense que d’un point de vue éthique, il y aurait certainement à avoir une certaine distance par rapport à des formules de ce type, puisque même Lacan dans « Les structure freudiennes des psychoses », parle à propos du délire de Schreber, d’une tentative de guérison. Alors, vous allez me dire, tentative de guérison.., et Freud aussi… Freud et Lacan… La métaphore délirante, etc. Si je dis ça, j’ai toujours été, comment dire ça, très sceptique, par rapport à, disons, une vision crépusculaire de la psychose, qui situe le psychotique du côté d’une destruction, je dirais, quasi attendue du côté du clinicien et qui me semble pas exactement ce que dit Lacan, ce n’est pas ce que dit Lacan dans « Les structures freudiennes des psychoses »Il a une vision très structurale, effectivement, quand il parle du tu, il fait la différence entre le tuqui objective et le tuqui es dans le rapport au grand Autre, il amène un certain nombre de distinctions de cet ordre, mais il ne me semble pas, c’est peut-être une lecture a priori une lecture a priori, que la lecture qu’il fait du cas Schreber, est une lecture qui, je dirais, envisage la psychose, sur un versant crépusculaire. Et donc, si j’avance dans ce sens-là, je pense qu’on aurait tout intérêt à éclairer, là encore je suis désolé de me répéter mais je persiste et je signe, « Les structures freudiennes des psychoses »par rapport à ce que va dire Lacan des psychoses après et qui éclaire les psychoses d’une autre façon, à mon avis moins catastrophique, en quelque sorte, que celles qu’on serait susceptible d’adopter si on le lisait au premier degré. 

Bernard Vandermersch Ecoute, oui, mais celui qui parle de déshumanisation, c’est Schreber lui-même. C’est-à-dire qu’il est certain que Dieu est en train de, Bon, il dit Dieu il se défend, il se défend mais c’est lui qui m’a mis dans cet état-là. Mais quand même il me déshumanise mais il n’emploie pas le mot déshumaniser mais il emploie quand même le mot de destruction. Et puis excuse-moi, ceux qui ont connu les psychoses avant les neuroleptiques et même dans les endroits où ils étaient à peu près bien pris en charge, il y avait des descentes effroyables. 

Pierre-Christophe Cathelineau Je ne dis pas qu’il n’y ait pas des descentes effroyables [B V Et presque irrémédiables.] mais ce n’est pas le centre de gravité de notre réflexion sur la psychose. 

Bernard VandermerschOui, mais de dire. Je pense qu’il ne faut pas être angélique, il y a des psychoses qui ont une évolution terrible ! 

Pierre-Christophe Cathelineau– Je suis d’accord [B V – Ce n’est pas peu dire.] Mais ce n’est pas la question mais il me semble que à faire de l’évolution catastrophique de la psychose, dans certains cas le centre de gravité de notre…

Bernard VandermerschC’est très embêtant, parce que la façon dont on s’en occupe, a énormément d’importance dans l’évolution. 

Pierre-Christophe Cathelineau– Je pense que c’est important…

Bernard VandermerschTout à fait d’accord avec toi, là-dessus… Mais il ne faut pas quand même, Ce n’est pas parce qu’il y a des délires magnifiques dans des psychoses… très créatives, qu’il n’y a pas aussi des choses… très, très dures

Pierre-Christophe CathelineauJe sais mais c’est une question d’équilibre dans l’écoute.

Transcripteurs : Monique Maynadier, Isabelle Nicoud, Catherine Parquet.

Relecteurs : Érika Croisé Uhl, Dominique Foisnet Latour.