Je vais aujourd’hui vous parler du tableau des modalités, tel que Lacan
l’établit dans la huitième journée du séminaire
« les non-dupes errent ».
Dans un premier temps je vous montrerai pourquoi ce qu’on appelle logique propositionnelle
peut aussi être inclue dans les cadres plus larges de la logique modale
et pourquoi cette idée de J. Lacan a de l’intérêt pour nous.
Dans un second temps, je procéderai à un commentaire d’Aristote,
en considérant les différentes modalités inscrites au tableau.
Ce commentaire me permettra peut-être de vous dire quel est l’apport d’Hintikka
à la problématique de J. Lacan, notamment en ce qui concerne les
distinctions que le logicien finlandais établit en 1973 entre les différentes
modalités : le nécessaire, le possible, l’impossible, le contingent.
Je voudrais tout d’abord formuler une ou deux remarques préliminaires.
Que dit Lacan à la fin de la leçon du 19 février 1974 ?
– Il n’y a rien à découvrir dans le réel, « l’inconscient,
ça ne découvre rien »
– par contre il y a bien à inventer. L’invention et particulièrement
l’invention logique, cela permet de voir où est le bord du trou. C’est
ce qu’a fait Aristote avec De l’Interprétation, les Premières
et les Secondes Analytiques, mais aussi d’autres textes de l’Organon.
Qu’est-ce qui distingue l’invention de la découverte ?
C’est une question classique de l’épistémologie moderne, depuis
certains articles de Canghilhem.
Pour qu’il y ait découverte, il est nécessaire que quelque chose,
un continent par exemple, attende d’être nommé, qui soit toujours
déjà là, apte à être désigné
par une parole. La découverte a un parfum de métaphysique qui
ne sied pas à l’invention ; c’est un être qui est là et
qui doit être reconnu par la parole. Mais l’invention alors ?
L’invention procède de l’écriture. A ce titre le savoir qu’elle
élabore, grâce au dire d’un sujet, a facilement statut de connaissance
formelle, ou du moins formalisée.
Alors quelle est la spécificité de cette connaissance qui passe
par l’écrit, c’est-à-dire par quelque chose qui au minimum relève
du trait d’inscription, parfois de la lettre et parfois du chiffre.
En quoi ces considérations préliminaires intéressent-elles
la réflexion sur les modalités ?
Au préalable quel est le principe de la logique dite modale ? Lorsque,
dans une proposition, le verbe, qui porte l’assertion affirmative ou négative,
est » modifié » par un adverbe ou une locution ayant valeur d’adverbe
au lieu d’être simplement posé, la proposition est dite modale.
Par exemple il est nécessaire qu’il n’y ait pas de rapport sexuel, voilà
une proposition modale. Je ne sais pas si toutes nos tentatives ne cherchent
pas à la rendre contingente, néanmoins ce n’est pas tout à
fait la même chose de dire :
– il n’y a pas de rapport sexuel
– il est nécessaire qu’il n’y en ait pas
– tous les hommes sont mortels.
– Il est nécessaire qu’il le soit.
« Tous les hommes sont mortels » est une proposition qui donne lieu aux syllogismes
que l’on sait. C’est la logique propositionnelle, avec laquelle Aristote va
concasser de l’Etre. Pour le dire, comme le dit Lacan, il va faire des trous
dans les propositions formées d’un sujet, d’une copule et d’un prédicat.
Au lieu de « Tous les hommes sont mortels », il va écrire Tous les A
sont B. Voilà un échantillon de la logique propositionnelle.
« Il est nécessaire que tous les hommes soient mortels » c’est déjà
beaucoup dire, mais l’adjectif, là, modifie une partie de la proposition
par rapport notamment à la connaissance et au temps.
Quelles sont les modalités désignées comme telles par
Aristote dans le De l’Interprétation et dont Lacan se demande d’ailleurs
pourquoi il les a désignés ainsi. Ce sont, comme je l’ai dit,
le nécessaire, le contingent, le possible, l’impossible.
Seulement cette distinction entre logique propositionnelle et logique modale
est trop simple. La logique propositionnelle est finalement toute aussi modale
que les autres. Comment Lacan le montre-t-il ? En faisant allusion à
un passage du De l’Interprétation à des propositions contradictoires
pouvant être considérées l’une par rapport à l’autre
comme nécessairement vraie ou nécessairement fausse.
En quoi a-t-il de l’intérêt pour le psychanalyste ? C’est que
la contradiction est un artifice de suppléance, qui supplée à
ce fameux trou du Réel.
C’est que cet artifice n’en est pas moins vrai, puisqu’il est le point d’appui
et le point de départ de l’invention logique.
Quel est le passage ?
On le trouve en 17b25 du De l’Interprétation
« De tous les couples de contradictions portant sur les universelles et prises
universellement, l’une est nécessairement vraie et l’autre nécessairement
fausse. »
S’il est vrai de dire que le blanc est ou que le blanc n’est pas, nécessairement
le blanc est ou n’est pas. Il en résulte que l’affirmation est nécessairement
vraie ou fausse.
Le principe dit de contradiction et son usage de suppléance permet de
constater qu’une proposition descriptive énoncée au présent
a un aspect modale, dès que l’on s’interroge sur sa nécessité
au regard de la proposition qui lui est contradictoire.
Où retrouve-t-on cet aspect des choses dans le tableau qui nous intéresse
?
A) Nécessaire ?
Nécessaire que : p Nécessaire que : – p
En mettant sur le même plan, nécessaire que p et nécessaire
que – p, Lacan traite bien de la contradiction comme d’un artifice de suppléance
entre deux propositions contradictoires p, et également nécessaires,
(tant que la nécessité de l’une ou de l’autre n’a pu trouvé
confirmation dans le réel hic et hunc). Nous allons y revenir tout de
suite, mais auparavant une remarque.
Lacan ajoute à l’invention aristotélicienne une définition,
un ensemble de définition, qui sur le fondement de l’étymologie
latine met en avant la portée durative du signifiant nécessaire,
et sa partie d’écriture.
« C’est ce qui ne cesse pas de s’écrire ». Ici Lacan reprend certainement
l’héritage conventionnaliste de l’épistémologie moderne
: c’est l’écriture qui confère à quelque chose – restons
vague – la caractéristique de ne pas cesser de s’écrire, ajoutons
l’écriture, en tant qu’elle a vu triple consistance symbolique, réelle
et imaginaire (Elle n’est pas inductible à l’inscription des lettres,
notons-le). C’est de l’écriture d’un système formel que s’instaure
sa nécessité, sa nécessité d’écrit par la
consistance imaginaire de la démonstration. Cette proposition est généralisable
à l’ensemble des phénomènes psychiques dès lors
qu’ils comportent la dimension du trait d’inscription. Voilà, il me semble,
l’idée de Lacan. [Ainsi le passage par l’écriture formelle de
la logique ou de la science n’est-il pas nécessaire dans le cadre de
cette nécessité élargie de l’écriture].
Trouve-t-on chez Aristote les prémisses d’un tel statut logique pour
la nécessité ?
En Meta D S. 1015 a 30.35
« Quand une chose ne peut être autrement qu’elle n’est, nous disons
qu’il est nécessaire qu’il en soit ainsi. »
Au premier abord, nous pourrions dire que ce n’est pas l’écrit qui préoccupe
Aristote, mais conformément à son parti pris métaphysique
l’être. C’est l’être qui permet de conclure à sa nécessité.
Mais un peu plus loin, en 1015 b 5.10, nous trouvons une autre définition
de la nécessité. « La démonstration fait partie des choses
nécessaires parce qu’il est impossible que la conclusion soit autre qu’elle
n’est, s’il s’agit d’une démonstration proprement dite. Les raisons de
cette nécessité, ce sont les prémisses, s’il est vrai que
les propositions d’où procède le syllogisme ne peuvent être
autres qu’ils sont. »
Il y aurait beaucoup à dire sur ce passage. Je me contenterai de deux
remarques :
– il y a bien déjà chez Aristote l’idée d’une spécificité
de la démonstration logique pour la détermination de ce qui est
nécessaire.
– Par contraste, l’invention lacanien met en exergue la modalité « durative »
de ce qui ne cesse pas du fait de l’écriture. Il est donc probable
qu’il faille désigner par là plus que l’écrit logique ou
scientifique mais bien toute forme de production psychiques, dès lors
qu’elle modifie par un trait d’inscription ou qu’elle dessine les contours d’une
structure, par exemple, un noeud borroméen.
B Possible ?
Que dire maintenant de la connection du possible au nécessaire ?
Reprenons le très fameux exemple de la bataille navale. Aristote dit
bien que :
la bataille navale a lieu
ou bien
la bataille navale n’a pas lieu
est nécessaire pris en bloc.
Si je ne me trompe pas, Lacan infléchit sensiblement la portée
de cette remarque, en admettant que chacune des propositions, p et non p relève
séparément du nécessaire. Mais il s’appuie, nous l’avons
vu, sur les remarques d’Aristote. Elles relèvent du possible, dès
qu’il s’agit de savoir laquelle des deux sera vraie dans le futur, dans ce cas
c’est l’une ou l’autre proposition qui est vraie, mais pas les deux simultanément
et la modalité des futurs dits contingents par la tradition devient dans
le calcul des propositions en
p V (ou bien) p
vrai vrai
» Nous sommes là dans l’artefact qui témoigne de cette béance
concernant la vérité. »
» L’ordre du possible est, comme l’indique Aristote, connecté au nécessaire.
»
Pour Aristote la nécessité de l’alternative prise en bloc découle
de l’exhaustion des possibles contradictoires : pour le dire autrement, il est
nécessaire que A est lieu ou n’est pas lieu.
Pour Lacan, il y a bien connection de la nécessité au possible,
mais le possible, en tant que tel, cesse de s’écrire. C’est une manière
de tirer les leçons de l’affirmation aristotélicienne selon laquelle
l’issue est dans ce cas imprévisible.
Mais l’issue est imprévisible, parce que paradoxalement
p V p
qui est un écrit
cesse de s’écrire.
Le possible dessine une limite à l’inscription d’une nécessité
quelconque.
On pourrait être tenté d’y voir trop rapidement la dimension de
ce qui ne cesse pas de ne pas s’écrire, le réel. Mais là,
Lacan nous met en garde. Il nous dit que du possible il n’y a rien à
tirer. Il n’y a rien à tirer logiquement et rien à tirer cliniquement,
si je puis utiliser cette expression « tirer ».
Logiquement d’abord, Aristote a les plus grandes difficultés à
discerner la limite entre le nécessaire et le possible, mais surtout
entre le possible et le contingent. Il arrive fréquemment que les deux
termes dunaton et endechomenon soient utilisés l’un pour l’autre et dans
des contextes différents. Nous y reviendrons.
Mais surtout d’un point de vue clinique, Lacan dit dès 1971 dans …
Ou pire que l’usage du possible dans la définition du nécessaire
conduit tout droit à l’impuissance. Si le nécessaire est défini
comme » ce sans quoi il n’est pas possible de, cela devient la condition ou
encore la puissance sans laquelle il n’est pas possible de. Bref un pouvoir
ne pas pouvoir, qui est la définition même de l’impuissance.
Dans quelle mesure peut-on dire que les considérations de Lacan à
propos d’Hintikka dans la leçon du 19 février reprennent ce thème
de la possibilité, comme modalité en impasse ?
Il y a longtemps que je souhaitais en parler devant vous. Car il me semble
que la lecture de Models for Modalities d’Hintikka est suffisamment éloquente
pour être reprise. Il n’en a jamais été question ici. C’est
pourquoi je vous propose d’évoquer à nouveau l’oeuvre logique
d’Hintikka.
Lacan dit que c’est une très bonne lecture qui est très bien
faite pour démontrer ce qu’il ne faut pas faire. En effet lire ce petit
livre est très instructif. Il est très instructif de le lire en
raison de la réticence même de Lacan à son égard.
Pourquoi cette réticence ?
Elle vient du fait que ces modèles reposent sur la modalité du
possible. Comme il était possible de le prévoir, c’est une logique
qui repose toute entière sur l’intentionnalité du sujet. Vous
savez que l’intentionnalité est définie par Husserl dans les Méditations
cartésiennes par exemple comme cette visée de la conscience qui
donne sens à l’objet qu’elle considère. L’intentionnalité
à laquelle se référe constamment Hintikka est l’intentionnalité
husserlienne dans cet ouvrage et c’est à partir de l’intentionnalité
husserlienne qu’il essaie de construire sa logique des mondes possibles. Il
sera ensuite repris par d’autres logiciens anglo-saxons, comme Kriepke.
Quelle est le fondement d’une logique des mondes possibles pour Hintikka ?
Hintikka constate comme un fait qu’une personne à l’intention de réaliser
plusieurs scénarios possibles et il n’en réalise qu’un seul. L’accent
n’est pas mis sur les faits réels, mais sur des attitudes propositionnelles
dûment formalisées qui correspondent à des futurs ouvrant
sur différents mondes possibles. Je ne commente pas les termes choisis
par Hintikka : les notions d' »attitudes » de la conscience, pas plus que les
notions de monde et d’univers de discours qu’il sollicite pour procéder
à cette élaboration.
Je souligne simplement qu’il existe parmi ces attitudes propositionnelles correspondant
à des « univers de discours » des choses qu’on espère, des choses
qu’on imagine, des choses qu’on croit etc.
La difficulté première de cette logique, c’est que la question
de la situation réelle est éludée et que la logique des
mondes possibles ouvrent sur un ensemble quasi infini de situations virtuelles
auxquelles les situations réelles peuvent d’ailleurs être réduites.
Hintikka rompt donc explicitement avec la théorie de la référence
réelle, telle que Russel ou Frege l’ont conceptualisée. Je ne
développe pas cet aspect qui n’est pas essentiel pour notre commentaire.
Mais je repose la question : pourquoi est-ce que c’est ce qu’il ne faut pas
faire ?
Parce que l’expérience clinique inflige un démenti à cette
approche des choses et que la théorie psychanalytique explique pourquoi.
La conscience intentionnelle correspond à un aspect de l’imaginaire,
non pas celui dont il est question dans les Non dupes errent, comme condition
d’accès à la bonne duperie, mais bien plutôt cet aspect
de l’imaginaire que l’on trouve par exemple dans la névrose obsessionnelle.
La rencontre du réel dépend de toutes autres coordonnées
que celles de la conscience intentionnelle envisageant les possibles et c’est
au titre du symptôme qu’il me semble devoir faire référence
à cet ouvrage.
Y a-t-il un autre ouvrage d’Hintikka auquel il ne serait pas erroné
de faire référence ?
Lacan considère qu’il a été devancé par Hintikka
dans le commentaire qu’il donne du De l’Interprétation dans Time and
Necessity sorti en 1973.
Si nous lisons à l’aide de cet ouvrage les passages consacrés
aux modalités dans l’Organon d’Aristote, nous constatons avec Hintikka
qu’Aristote oscille entre deux notions de possibilités.
– La première de ces notions est illustrée par le diagramme suivant
:
(reproduire le diagramme de la p. 447)
Il est une conséquence du passage selon lequel « quelque chose est possible
si et seulement si ce n’est pas impossible », que vous pouvez lire dans le De
l’Interprétation 13. 22a, 16-18, 32p.
– la seconde de ces notions est illustrée par le diagramme suivant :
(reproduire diagramme de la p. 449)
Cette autre notion vient du discours ordinaire. Elle est reprise par Aristote
dans les Topiques (II, 6112b1)
« Quelque chose est possible indique que quelque chose n’est pas nécessaire. »
Hintikka fait à ce propos une première remarque : l’ancien diagramme
– le premier – montre que « nécessaire que p » partage avec « possible
que p » une certaine aire logique.
D’où une seconde remarque : il est nécessaire de distinguer rigoureusement
le premier possible du second possible.
Selon Hintikka, le premier diagramme correspond à strictement parler
au possible au sens propre, le second diagramme correspond à ce que Lacan
va lui-même ensuite isoler comme la contingence au sens propre. Ce qu’ordinairement
les commentateurs ne pas rigoureusement.
Résumons-nous : la possibilité au sens propre pour Aristote est
en contradiction avec l’impossible mais comprend ce qui est nécessaire
et ce qui n’est pas impossible.
– la contingence exclut à la fois le nécessaire et l’impossible.
– la difficulté, c’est que la possibilité recouvre une multiplicité
d’applications. C’est parfois dans le texte d’Aristote la nécessité,
parfois la contingence, d’où la relative confusion des commentateurs.
– constatons cependant qu’Aristote aperçoit la difficulté et
la nuance, que nous trouvons développée avec Lacan, lorsqu’il
dit que la contingence, c’est : « ce qui n’est pas nécessaire et qui
peut être supposé exister sans qu’il y ait à cela impossibilité. »
On peut donc dire au sens équivoque du nécessaire qu’il est contingent,
c’est d’ailleurs encore plus vrai après la conceptualisation proposée
dans son tableau par Lacan.
Mais pourquoi la contingence au sens propre réponde à notre définition,
il faut que nous affirmions au moins la contingence de quelque chose.
Maintenant commentons la deuxième ligne en partant du haut de ce tableau.
Remarquons au préalable que l’articulation de la nécessité
à l’inscription dans le temps par l’écriture déplace considérablement
l’enjeu de la logique modale telle qu’elle opère pour l’inconscient.
Cet enjeu se retrouve dans la définition que donne Lacan de la contingence,
après l’avoir isolée comme tel par rapport au possible. Ce qui
n’était, redisons-le, pas évident au départ, compte-tenu
des indications du texte aristotélicien. Comme dans le second diagramme
d’Hintikka, la contingence n’est ni nécessité, ni impossible,
ni possible bien sûr.
C’est ce qui cesse de ne pas s’écrire. Rappelons aussi l’autre définition
qu’en donne Lacan : c’est ce qui cesse, « virgule » de s’écrire. Est
contingent ce qui s’arrête, en venant s’inscrire. Il y a une double insistance
sur le coup d’arrêt de l’inscription et sur l’écriture qui porte
ce coup d’arrêt.
Ce qui s’arrête de quoi ? Il y a là une autre équivoque.
Nous voulons reconnaître la dimension d’acte que comporte la modalité
de la contingence définie à partir de ce qui advient à
l’écrit entre un avant et un après.
Nous sommes là dans la dimension d’un dire, mais aussi bien dans celle
de la connaissance, qui peuvent inscrire quelque chose qui fait acte.
C’est ce temps de passage de ce qui était impossible – à savoir
qui ne cessait pas de ne pas s’écrire – à ce qui devient nécessaire
qui saisit par cette stricte définition de la contingence, le temps de
l’acte.
Il est clair que ce temps n’a strictement rien à voir avec l’alternative
imaginaire présentée par la modalité du possible et que
le dire comme ça dissipe la confusion des définitions.
C’est le temps de l’entrée du sujet dans la nécessité
d’une inscription.
Il s’ensuit donc logiquement que l’impossible constitue ce reste, ce réel
auquel vient se nouer de manière, on le voit par le tableau lui-même,
de manière structurale, le trait de la nécessité. La formule
p L p est toujours fausse, mais cette fausseté signifie que pLp sont
logiquement invérifiables en même temps, c’est une limite de l’écriture.
Dernière remarque : en faisant de l’impossible le réel, ce n’est
pas du tout une modalité au sens aristotélicien du mot que vise
Lacan, mais bien plutôt une modalité de structure. L’usage des
modalités n’est plus formel, mais physico-mathématique. Elles
décrivent la texture d’une structure.
Dans le De l’Interprétation l’impossible est pensé par opposition
à ce qui est, comme ce qui n’est pas et n’a de consistance que logique.
Et faire le réel, c’est déplacer l’économie du discours
logique vers l’impossible et en faire le support de l’écriture. Le pas
est important. Merci.