L'Inconscient : Bewusstes und Unbewusstes, connaissance et savoir insu
22 octobre 2014

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LE COAT-KREISSIG Patricia
Lire Freud et Lacan
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Dans le mot allemand Bewusstes nous trouvons Wissen, le savoir en tant que savoir conscient. Be-wusst, habituellement traduit par conscient, est un adjectif comme l‘unbewusst, le nicht bewusst, qui se traduit par : pas conscient, insu.

Dans le dictionnaire étymologique allemand (Duden 7, 4.me édition) nous trouvons en effet : Bewusstsein : le savoir éclairé de quelque chose, l’ensemble des processus psychiques permettant à l’être humain de prendre conscience de son monde environnemental (Umwelt) et de soi-même. Unbewusst : inconnu, pas su.

En cherchant l’étymologie de Wissen, nous rencontrons l’ Althochdeutsch wizzan, etsa racine indo-germanique : ueid: erblicken, sehen : apercevoir, voir, avoir vu ainsi qu’un rapprochement à la racine grecque de idein : voir, reconnaître, idénai : savoir, idéa : l’apparition, la forme et l’image originaire et au latin : videre : voir. La racine de Wissen est aussi celle du mot Witz, Gewissen et Bewusst.

Das Wissen est alors une forme de connaissance, voire reconnaissance d’une certaine image ou forme et associé à une pensée résultante d’un travail psychique, qui apporte une Kenntnis, une connaissance sur cette image. Ce travail psychique serait à l’origine des Bewusstseins, dela conscience dont Kant dit qu’elle a à faire à un « je pense », à des représentations.

Ce qui se trouve en dehors de ce champs de la reconnaissance, l’insu -ainsi nommé dans sa pure différence- ce que Freud tente d’approcher par voie imaginaire, par la « Vorstellung », la représentation ou les représentations inconscientes et la Vorstellungsrepräsentanz, nous allons l’étudier avec Lacan en travaillant sur le signifiant et la lettre.

Ces quelques remarques sur les signifiants : inconscient, savoir insu, conscient et connaissances nous permettent d’attirer votre attention sur un petit texte freudien de 1912 concernant la notion de l’inconscient. Il est tiré d’un discours que Freud a tenu en anglais en 1912 à la « Society for psychical research » à Londres. Son manuscrit aurait été repris avant sa publication en novembre 1912 en Angleterre. « A Note on the Unconscious in Psycho-Ananlysis ». En mars 1913 une version allemande est parue dans « l’ Internationale Zeitschrift für Psychoanalyse » sous le titre : « Einige Bemerkungen über den Begriff des Unbewussten in der Psychoanalyse ». Ernest Jones laisse supposer en 1962 que cette version soit une traduction du texte publié en Angleterre et transmis par Hanns Sachs.

En 1925 ce texte rejoint le no 4 des « Collected papers » en anglais, retravaillé afin que les termes utilisés soit conformes à l’enseignement de Freud en allemand.

Il semblerait que Freud ait lu ces deux versions avant publication. Mais rien n’est certain à nos jours. Et pourtant, il s’agit là d’un travail extrêmement précieux, d’une première approche fine et détaillée du mot « Unbewusst ». Ce sont les premiers pas de Freud qui le mènent ensuite à l’article de 1915 sur l’inconscient. Il ne reprendra donc l’aspect trilogique de l’inconscient sous sa forme pré-conscient, conscient et inconscient et sous l’aspect descriptif, systématique et dynamique que bien plus tard dans ses travaux.

Le texte traduit paru dans les Œuvres complètes, t. XI, PUF, 1998, p. 174-175. s’intitule « Note sur l’idée d’inconscient en psychanalyse» est traduit par E Robert. Nous trouvons une autre traduction dans « Métapsychologie » chez folio essais : « Note sur l’inconscient » revue et corrigée par J. Laplanche et J.-B. Pontalis.