Le groupe de travail des « Réels Déliés » de l’Association freudienne de Belgique a proposé le 12 mars 2022 une journée d’étude sur la mise à mal du sujet de l’exil par les incidences des trajectoires et la violence de l’Histoire, ici comme ailleurs. Le manque de lieu d’existence dans l’Autre, dans l’autre pays d’accueil, et la confrontation à des lois, qui peuvent être contraires au Droit, alimentent des déliaisons portant sur les consistances RSI, et mettant nos patients dans des souffrances de réels déliés. Les bébés, les enfants, les adolescents sont affectés dans leurs processus de construction identitaire par suite des avatars des migrations des parents, le plus souvent des mères monoparentales.
Cette journée a interrogé l’impact de la politique migratoire européenne dans la clinique du sujet et la possibilité d’y répondre par ce que Lacan nomme la pluralité des “noms du père”. Le sujet de l’exil pourrait trouver un appui symboligène dans les transferts pour lesquels nos divers lieux de consultation font lieu d’ancrage, lieu de liaison et lieu d’existence subjective. Le transfert comme tentative de nouage du sujet et de ses affects tels que la honte ou l’effroi, “vraie touche du réel”, nous met particulièrement au travail en vue d’une clinique innovante. Cette clinique, sous l’emprise du silence et de la difficulté de faire récit, interpelle notre éthique et nous empêche de rester muets.
Le numéro 69 du Bulletin freudien est consacré à la publication des actes de la journée Les sujets de l’exil, chez nous, qui s’est tenue à Bruxelles le 12 mars 2022, organisée par l’Association freudienne de Belgique, sous la responsabilité de Barbara Santana, Anne Malfait et Étienne Oldenhove. Il accueille aussi un article antérieur d’Olivier Douville.