{tab Présentation}
A reprendre les développements de Lacan concernant les « objets du délire », à savoir la voix et le regard, il apparaît que la pulsion scopique y tient une part prépondérante alors que les références à la pulsion invocante sont rares. Pourtant la pulsion invocante fait partie intégrante de l’héritage lacanien; elle apparaît une première fois dans le Séminaire Les Quatre concepts[1] où, à une question de Moustapha Safouan, Lacan répond ainsi : « Au niveau scopique, nous ne sommes plus au niveau de la demande mais du désir, du désir de l’Autre. Il en est de même au niveau de la pulsion invocante, qui est la plus proche de l’expérience de l’inconscient. »
Comment penser ce silence criant, alors que la voix constitue le quotidien de tout analyste praticien ? Cela tiendrait-il à quelque chose de perdu du chant maternel ? Ce sont d’ailleurs ce silence ou ce cri qui ont été donnés comme exemples de ce qui pouvait représenter au plus près la voix comme objet a. Or justement Lacan dans ses séminaires savait faire montre d’un déploiement vocal quasi dramatique où pouvaient s’enchainer longs silences et vociférations. Pourtant le trajet qu’il fait pour élaborer l’objet a voix part de la psychose avec ses hallucinations, donc des voix, et cet aspect de la question sera bien repris par le colloque de l’A.L.I. « Qu’appelons-nous voix ? » Et Lacan n’arrive que tardivement, dans le séminaire L’angoisse, à la voix dans sa dimension sonore. Cette dimension sonore dans ses modulations et sa rythmicité apparaît là comme la « voix du shofar »; à savoir ce son et souffle à la fois, sortis du shofar, cette corne de bélier qui constitue encore actuellement un instrument de culte chez les juifs.
Or ce long chemin de Lacan tendant à modéliser l’objet a voix dans le champ de la psychose comme hallucination psychique ne rencontre pas, contrairement à la référence qu’il fait au shofar, l’expérience des analystes qui travaillent avec des bébés, voire avec … des divas. Car pour eux, la question qui se déploie de façon prévalente est celle de la pulsion invocante et de son montage : appeler, être appelé, se faire appeler…
Ces journées partent donc du bébé, de sa mère et de leur chant; elles se proposent de déplier ce qu’il en est de la pulsion invocante dans toutes ses dimensions : invocation, appel, écoute…. Pour ce faire, elles mettront en tension des travaux et recherches psychanalytiques, scientifiques sur la voix, le chant et la musique, articulant élaborations théoriques et praxis d’engagement de la voix dans la cure.
{tab Programme}
Samedi 26 novembre
Matin
Place de la pulsion invocante
Président de séance : H. Bentata
M.-C. Laznik : Présentation
Table ronde
Recherche : D. Cohen, R. Cassel, C. St Georges
Hypothèses psychanalytiques à l’épreuve de la recherche scientifique Musicothérapie :
M. Sif et…
Après-midi
La clinique du bébé
Présidente de séance : M.C. Fourment
M.-C. Laznik : La pulsion invocante et l’Autre dans la clinique du bébé
P. Cacciali : Que découpe la voix de la diva maternelle ?
J.M. Vives : Pour introduire la question du point sourd
I. Catao : La pulsion invocante et ses impasses: la clinique psychanalytique de ceux qui ne parlent pas.
Dimanche 27 novembre
Matin
Le bébé et la musicalité
Président de séance : E. Bidaud
Ch. Ferveur : « Maestro bébé de l’Opéra » : Chant lyrique et sensorialité phonatoire précoces : un rêve familier
M. Gratier : La prosodie, le chant et la parole chez le bébé
C. Trevarthen : L’intime musicalité des voix avec le bébé
Après-midi
La pulsion invocante
Président de séance : Ch. Melman
A. Didier Weill : « Ce qui ne cesse de commencer »
H. Bentata : Pulsion invocante, rythm and baby blues…
{tab Modalités}
Responsables : Hervé Bentata, Eric Bideau, Paule Cacciali, Catherine Ferron, Marie-Christine Fourment, Marie-Christine Laznik
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