La réforme de l'hospitalisation sous contrainte du 5 Juillet 2011
04 septembre 2011

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JEAN Thierry
Billets



 

La réforme de l’hospitalisation sous contrainte du 5 juillet 2011 transfert au pouvoir judiciaire, en la personne du juge des libertés, la responsabilité de la poursuite ou non d’une hospitalisation sans consentement.

 

Que le terme d’internement disparaisse du vocabulaire ne masquera pas le fait que le législateur privilégie aux soins la privation de liberté. 

D’aucuns se réjouissent de l’intervention du pouvoir judiciaire qui, au dixième jour de l’hospitalisation se prononcera sur le bien-fondé de la mesure en cours. C’est toutefois oublier que le recours au pouvoir judiciaire était possible dans la loi précédente. Ce à quoi nous assistons aujourd’hui n’est rien d’autre qu’un transfert d’autorité délestant le psychiatre de ce qui fut jusque là sa responsabilité médicale. L’histoire montre la lutte de nos aînés, d’Esquirol à Georget, pour obtenir cette limitation du droit : celle de l’humain, de ses passions comme de sa folie. C’était au savoir psychiatrique que revenait de statuer de ce qui tenait du pathologique. On sait quelle importance l’art du certificat a pris tant aux assises que dans l’histoire de l’internement. Expert en la matière, l’autorité publique reconnaissait par l’avis psychiatrique cette part d’ombre que porte en lui tout homme. Fût-ce au prix de débats sinon de querelles, la psychiatrie, dans le meilleur des cas, venait s’opposer à la police de l’état.

 

La judiciarisation actuelle de la psychiatrie vaut comme symptôme social. Si elle consacre les thèses positivistes et stigmatisantes de l’homme dangereux du psychiatre italien Lumbroso, elle vaut aussi comme déni de cette part d’ombre et de folie qui nous habite chacun. Corrélativement, c’est une nouvelle indication de la mise en suspicion des savoirs au profit des règles techniques et gestionnaires où se profile en arrière plan la nécessaire infaillibilité de la science.

 

Ce ne sont pas tant la multiplication des certificats et des tâches administratives, les audiences au tribunal ou pire les vidéo-conférences de malades délirants et hallucinés qui sont ici alarmants que la mise sous ordonnance de la psychiatrie avec charge exclusive de veiller à la sécurité publique.