Quand Freud parle de bienveillance, Lacan demande « êtes-vous capable d’aimer vos patients ? », parce que l’amour est le seul chemin qui mène à l’être (in Le transfert, le 30 novembre 1960). Anticipons : la prétendue neutralité ne serait-elle que l’effacement du contre-transfert ? Et, de façon plus complexe, un voile baroque jeté sur le non-rapport sexuel ?

La « prise de parti » relèverait donc d’une position théorique dite correcte ?…  voire d’une Weltanschauung, ou encore d’une analyse non menée jusqu’au bout, suivant l’expression de Ferenczi.  

Quel statut pour ces restes : inanalysables ? Objet « a », histoire personnelle comme sinthome ? Ou ombilic dans le monde sphérique ?

Le délire est un néo-parti pris. Freud le dit simplement : « J’ai réussi là où le paranoïaque échoue ».

Faut-il brûler la deuxième topique ! Celle où Freud comprend ce qu’est l’instance dans l’Autre à partir de l’hypnose et de l’hystérie collective, entre Moi Idéal et Idéal du Moi ! Charles Melman le relève déjà le 11 janvier 1982 dans son commentaire de RSI, entre i(a) et a. On peut en déduire que la position de l’analyste dans le transfert dépend de sa théorie de l’interprétation.

Le Surmoi…

Est-ce toujours un obstacle à la cure ? L’obscénité signale le franchissement du bord de la croyance au semblant.

Qu’est-ce que l’ordre ? Que dire des témoignages de la position d’autorité de Lacan dans certaines cures ? L’ordre relève-t-il du seul signifiant maître ? Que faire lorsque la langue n’a pas (plus) de signifiant maître ?

Polluer : au sens de Sade, c’est l’accomplissement d’une boucle pulsionnelle qui assure la jouissance de l’idiot.

« Mais dans certains cas, faute des réactions de celui qui dans l’opération s’y trouve logé, c’est le lien lui-même qui risque de disparaître » Plus que l’amorce d’un changement de « parti pris », cette phrase est une véritable inversion copernicienne pour peu qu’on en radicalise le propos !

« Le retour inclus »  convoque l’écart entre l’analyste idéal et l’Idéal de l’analyste. Ce que Lacan énonce comme d’un autre à l’Autre.

« S’abstenir de les entendre » fait résonner l’enseignement de Lacan qui insiste sur l’interprétation comme venant non du sujet mais d’un déchet. Quelles conséquences ? Quel retour pour ce « sensible » ? S’ouvre ici le champ des nouvelles psychopathologies.

La fonction analyste Idéal répond à la croyance à un idéal de névrose, donc à un idéal de structure. C’est le sens de la formule de Lacan : « Totem et tabou est un produit névrotique ».

Aseptiser la cure par l’idée d’un « a » ineffable produit des effets (non souhaitables ) dans « certains cas ».

Pour le dire autrement, au plus près du texte que nous commentons, le fait de ne pas accuser réception autrement  que par un silence, comme retrait de la personne de l’analyste, met l’analysant potentiel devant le surgissement opaque du désir de l’Autre, qui s’organise alors comme une véritable « mise en énigme ». Mais seul Œdipe sait résister au Sphinx ! La psychanalyse ne s’adresserait alors qu’au monde œdipien, le seul capable d’élaboration symptomatique, de formations de l’inconscient devant l’opacité sexuelle ? La norme du monde est-elle névrotique ?

 Faut s’y faire ! la névrose, faudrait l’écrire ainsi, n’est pas-toute, comme le dit déjà Freud dans sa Ichspaltung ! Encore une neurotica qui s’barre !

L’alternance des moments dans la cure n’est pas sans évoquer le texte de Serge Leclaire qui fait de ce repérage une des pistes de la possibilité d’une « psychothérapie des psychoses ».

Mais la remarque de Charles Melman va plus loin qu’une simple indication technique, et nous encourage à prendre la mesure de l’écart entre le transfert comme signe de l’opacité sexuelle, suspendant les associations, et le transfert comme soutien pour un remaniement du nœud borroméen.

Je propose d’envisager l’hypothèse du transfert comme raboutage, comme quatrième rond. Cette errance sous raboutage permet le bris-collage c’est-à-dire engendre un modèle de cure-type adaptée aux différentes variations des économies psychiques liées aux fluctuations du monde.

Ceci nécessite de repenser et l’éthique et la position de l’analyste, faute de quoi la fin de la cure pourrait se résumer à l’identification à la théorie supposée de l’analyste.