N°36, avril 2012, éditions érès
Jean-Louis Chassaing
Pour la psychanalyse, la question du « trauma » est fondamentale voire fondatrice, puisque les jolies viennoises « amenées à » Freud se plaignaient de traumatismes, généralement familiaux, et parfois faisaient « trauma » pour leur entourage ! « Faites-les taire ! » c’en est assez ! Ou encore : « laissez moi parler et ne me demandez pas toujours d’où vient ceci ou cela ! », tel Elisabeth Von R au Maitre ! A cette époque le père était mis en accusation ; c’était déjà ça… Devant le nombre, et du fait de la parole, Freud en a fait fantasme. Ce qui lui est régulièrement reproché, par exemple par un Jeffrey Moussiaeff Masson[1], un temps Directeur des Archives de Freud, succédant ainsi à Kurt Eissler. Freud n’a pas fait enquête sociale mais il a suivi les logiques signifiantes qui se présentaient dans les paroles des patient(e)s.
Aujourd’hui le temps est à « la transparence », et à la « victimologie ». Que le « réel » ne soit plus escamoté, mais mis au grand jour !
Ce numéro du Journal Français de Psychiatrie reprend en partie, et élargit, certaines interventions, modifiées depuis, des journées de l’Association lacanienne internationale qui se sont tenues à Clermont-Ferrand les 14 et 15 juin 2008. Des arguments historiques (Cf. par exemple un joli texte de Jean Garrabé), de clinique, côtoient ainsi les élaborations théoriques sur ce thème, ou encore des questions d’Histoire (Cf. Patrick Garcia, Hélène L’Heuillet) ou d’anthropologie historique (Pierre-Yves Gaudard, Christian Lachal).
Ainsi ce numéro, dont nous devons, comme d’habitude, la confection à Thierry Jean, sur un thème très actuel, est d’une grande richesse et permet une réflexion, qui parfois dérange au plus profond, à propos de ce que peuvent être les « conduites humaines ».
L’éditorial rappelle fort justement que le dossier du numéro 1 de cette remarquable collection était déjà consacré au Traumatisme et à ses incidences subjectives. L’ouverture par un texte de Charles Melman – Déontologie du traumatisme mai 1994 – posait excellemment les bases des réflexions. Les numéros suivants étaient consacrés à Pourquoi la toxicomanie va se propager (n°2 ; 1995), et aux rapports de la psychanalyse et de la science. De quel prix se paye le désir du scientifique ? (n°3 ; 1995). Ce Journal est décidemment d’une actualité à suivre !