Identification et subjectivité ?
16 novembre 2020

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FIERENS Christian
Séminaire d'hiver
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Identification et subjectivité ?

 

J’entends le séminaire d’hiver comme une préparation — par la lecture de Freud — du séminaire d’été consacré à un séminaire de Lacan. C’est dans ce sens que je soutiens mon séminaire de préparation du séminaire d’hiver chaque année.

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Le terme « identité » n’est employé comme terme technique par Freud que dans les expressions « identité de perception » (correspondant au principe de plaisir) et « identité de pensée » (correspondant au principe de réalité). Il s’agit chaque fois de recherche d’identité, qui n’est pas trouvée. Il y a la place pour un troisième principe, que je propose d’appeler le principe de jouissance. Ce qui suppose que l’on ait mis radicalement en question le concept même d’identité. « L’inconscient n’aime pas l’identité ». Pas plus d’ailleurs que le « marché » qui lui-même est fondé sur l’identité d’objets, de monnaie, d’individu (« l’inconscient ne calcule pas », même s’il y a des calculs de chiffre dans le travail du rêve, ils ne sont pas fondés sur une identité quelconque).

L’introduction du narcissisme n’est pas la fabrication d’une identité, mais une réflexion continue, d’où jaillit la structure complexe du développement du moi, de moi idéal et de l’idéal du moi (tous ensemble).

L’identification — faute d’une véritable identité — fabrique une identité. Mais c’est une fication, c’est-à-dire une fiction. Chez Freud, l’identification est vue principalement dans le cadre de la formation de groupe — l’église et l’armée. Ce n’est pas le modèle de la psychanalyse (« il n’y a pas de groupe psychanalytique », dixit Lacan). La question est ainsi plutôt de se défaire de l’identification (le « désêtre ») ou de la mettre en question (comme le fait Lacan, dans le retournement du tore compris comme un des composants d’un nœud borroméen,  L’insu que sait….).

La subjectivité n’est pas vraiment un concept freudien (d’autant plus que Freud ne cite jamais[1] Descartes, fondateur du sujet et de la psychologie). Le sujet est introduit par Lacan, mais comme une question : « Du sujet enfin en question ».

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Il me semble que le sujet du séminaire d’hiver centré sur les problèmes de l’actualité devrait plus explicitement comporter un volet de questionnement sur les concepts convoqués, dont dépend la mise en question de « conceptions du monde » contemporaines. C’est en tout cas ce que je souhaite.

Christian Fierens 

[1] À part dans une lettre, réponse à un biographe de Descartes qui lui demande d’interpréter les trois rêves de Descartes.