Mon ami par le cœur et l’esprit, Jean Garrabé vient de mourir, à la suite comme on dit d’une longue maladie, jamais assez longue pour ceux qui l’aimaient.
Avec lui s’en va le meilleur d’une jeunesse à la fois militante et calme, ferme et courtoise, érudite comme il n’est plus permis. C’était l’époque des débats intellectuels, dont l’enjeu était de savoir si la ruse habituelle qui consiste à décider en faveur du maître au détriment de l’honnêteté intellectuelle allait prendre le dessus, dans la doctrine et l’enseignement. Avec cet autre ami que fut Lanteri-Laura, nous formions un trio informel, toujours présent quand c’était nécessaire, héritier de cet humanisme qui fut gonflé d’espérance et vite rendu désuet, né de la Résistance et de Libération, vous vous rendez compte, des histoires de grand-père.
Celui-là, Jean, ne manquait jamais de répondre à l’appel, comme pour la fondation de l’EPhEP, entre deux voyages, invité par les universités du monde entier pour dire notre psychiatrie. Celle qui était repartie depuis L’évolution psychiatrique de Henri Ey, jusqu’à notre École, pour rappeler que pour traiter de l’aliénation il faut d’abord reconnaître la sienne.
Comme Lanteri, Jean va manquer à notre table, au café, à la tribune, au réconfort que l’on éprouve à reconnaître que la solitude n’est qu’un mauvais rêve. Que sa femme veuille bien trouver ici le signe de l’affection et de l’admiration que je lui porte depuis nos années engagées d’étudiant.
Salut, Jean.
Charles Melman