Hommage à Patrick Valas
13 mars 2023

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BÉLOT FOURCADE Pascale
Hommages
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Nous avons le regret  de vous annoncer la disparition de notre collègue et ami Patrick Valas le 9 mars 2023.

Il nous a semblé que Charles Melman aurait écrit quelques mots en hommage à Patrick Valas, et qu’il aurait fait valoir la fidélité à l’égard de l’œuvre orale et écrite de Lacan dont témoigne aujourd’hui son site.

Ce site constitue une véritable mine pour beaucoup d’entre nous, analystes ou béotiens. Nous nous y référons, et nous encourageons nos collègues à faire de même. Il l’avait ouvert, disait-il, parce que « ce nouveau savoir que Lacan liait à la jouissance, fait partie du patrimoine de l’humanité et  ne saurait être privatisé » et qu’il s’agissait de « le mettre à portée de quiconque y vient pour l’acquérir ». Nous y trouvons de nombreux inédits, des audiophones et des transcriptions. Toujours vif et curieux, Patrick cherchait à attraper Lacan dans sa langue, je dirais presque au mot à mot, dans le respect de son texte, de son dire et de ses entours. Et en effet, les enregistrements nous restituent les rythmes et intonations de sa parole – son « s’ou pire » – où parfois s’incarnait pour nous l’Autre dans un au-delà du sens.

Charles Melman, qui a souvent invité Patrick Valas en tant que témoin d’une époque, aurait sûrement souligné son honnêteté intellectuelle. Il ne cherchait jamais à se faire valoir et dénonçait les manipulations de toutes sortes. Très sympathique, il pouvait être dans une certaine légèreté d’esprit, drôle souvent et son humour impertinent faisait souvent entendre mieux que toute théorie les visées d’une psychanalyse.

Patrick n’a jamais confondu la subversion du sujet avec les états d’âme actuels de ceux qui voulaient croire à un accord entre l’enseignement de Lacan et leur « révolution ». Il essayait plutôt de nous situer par rapport à l’impossible, il nous détournait de vouloir attraper trop positivement la psychanalyse. Il disait que « le psychanalyste ne peut appuyer sur les bons boutons parce qu’il n’y en a pas, même dans la théorie ».

Il était aussi un bon médecin. Il avait été aussi « médecin du monde », s’était engagé au Biafra, en Jordanie lors de « Septembre noir », lors d’autres conflits encore. Il me rappelait récemment dans une conversation la nécessité de maintenir à tout prix ce lien de la médecine et de la psychanalyse. Freud et Lacan avaient aussi laissé entendre ce message.

N’oublions pas que Patrick a été le seul que Lacan ait autorisé à enregistrer ses enseignements. Il a été dans les premiers qui ont compris la nécessité de la retranscription de son œuvre elle-même. Sachons-lui gré de n’y avoir jamais tenté par lui-même une interprétation. Son travail restera et nous resterons à en mesurer le prix.

                                                                                               Pascale Belot-Fourcade