Dans un discours le semblant au contraire
29 septembre 2008

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CHASSAING Jean-Louis
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I –

L’hypothèse, scientifique, est posée. Elle peut être intuitive, déductive, elle se pose sous une forme logique. Lacan y applique la psychanalyse, avec la forme négative dont il précise que la Verneinung – la dénégation – implique ici l’existence de fait que le discours est du semblant. Alors, pourquoi compliquer l’année…  ?

A contrario l’hypothèse ici est un discours qui ne serait pas du semblant.

"Le semblant au contraire", dans mon titre sans verbe, c’est la même chose que si l’on dit "steak au poivre", "soupe à la grimace", ou encore et c’est sans doute plus proche de ce que nous avons à dire et à lire "un tissu à rayure… (certainement verticales" ? ). C’est à dire, mais cela n’a pas une grande importance ici, que je fais usage de la préposition "à", préposition qui indique la manière d’être et d’agir, l’accompagnement, c’est le cas notamment ici, enfin des rapports de position.

"Je sais à quoi m’en tenir" dit Lacan, plutôt que "je sais où je m’en tiens, je sais où j’en suis…". À propos de cette dernière formule Lacan dit qu’elle est "antinomique" à la démarche scientifique. Plus exactement il dit qu’en aucun domaine de la science on a la carte, le mapping de la chose. Il évoque à ce moment "le hasard et la nécessité" – bien qu’il ne le nomme pas il s’agit manifestement du prix Nobel Jacques Monod et de son recueil du même nom – le hasard et la nécessité – paru aux éditions du seuil en 1970 -. Lacan dit que lorsque le scientifique s’applique à ce genre d’exercice ce n’est plus de la science dont il s’agit mais de philosophie. En effet le sous-titre du livre de Jacques Monod est bien Essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne. Un essai philosophique paraît d’ailleurs aux mêmes éditions du Seuil en 1972, écrit par Madeleine Barthélemy-Madaule, intitulé L’idéologie du hasard et de la nécessité. Cet ouvrage, qui se veut critique et très argumenté commence par une phrase intéressante de Blaise Pascal, mise en exergue :

"… Nous brûlons du désir de trouver une assiette ferme, et une dernière base constante pour y édifier une tour qui s’élève à l’infini ; mais tout notre fondement craque, et la terre s’ouvre jusqu’aux abîmes." Pascal.

Il s’agit là d’une vaste question, posée d’ailleurs par Jean Marc Levy-Leblond, directeur de la revue Alliage, professeur à l’université de Nice, enseignant la physique et l’épistémologie, et qui dans cette revue citée interrogeait : la science, les scientifiques, savent-ils ce qu’ils font ? Vaste question en effet, mais la référence est sans cesse présente tout au long du séminaire de Lacan. Ecriture logique, voire mathématique – j’ai été surpris de lire à un moment donné que Lacan parlait de "discours mathématique", dont il précise bien cependant que ce qui le caractérise est "que nous ne puissions plus lui donner aucun sens" – mais cette écriture ne suffit pas à "faire science", pour reprendre une expression d’Isabelle Stenghers. Il faut en plus une vérification de la cohérence interne, par la "répétabilité" de l’expérience et par la mesure, par la quantification. Tout du moins ceci pour une science expérimentale. Ces paramètres, ces trois points sont tentés par Lacan à sa façon dans ce séminaire. A sa façon, car bien évidemment la psychanalyse ne peut-être répertoriée parmi les sciences expérimentales, sauf à y ouvrir une autre voie. Ce qui, même si c’est tangentiel, n’est pas incongru. Je reprendrai la phrase d’Ernst Mayr dans son Histoire de la biologie. Diversité, évolution et hérédité, chez Fayard – Le temps des sciences ; 1982 / 1989 pour la traduction française et la post-face. Dans son introduction, "la place de la biologie dans les sciences" Ernst Mayr plaide pour le fait que chaque discipline dite scientifique ait sa propre conceptualisation, la biologie ne pouvant être acceptée dans le champ des sciences au même titre que la physique par exemple. Evidemment, puisque la psychanalyse insiste essentiellement sur la dimension de la parole et du langage, l’affaire est plus corsée. Sur cette question de la mesure Lacan ne s’y trompe pas, lâchant quelques touches rectificatives par rapport à trop de préoccupation "à faire science", ce qui n’est d’ailleurs pas une prétention majeure ici. La rigueur interne de la cohérence de la praxis est plus fondamentale. Lorsque Lacan parle, dans la leçon du 12 mai 1971, de la lettre qui a plu du semblant, libérant de la jouissance, il parle du ravinement de l’écriture. Et il évoque la droite. La droite et la distance. Et la courbure universelle ; la parabole. "Donc, il n’y a de droite que d’écriture, d’arpentage que du ciel. Mais ce sont l’un et l’autre en tant que tels pour soutenir la droite, ce sont artefacts à n’habiter que le langage. Il ne faudrait quand même pas l’oublier. Notre science n’est opérante que d’un ruissellement de petites lettres et de graphiques combinés." Il me semble qu’il y a là des distinctions notables. Il y a le langage, avec le discours, et la combinatoire des petites lettres. Quant à la vérification dans "la dimension de la science", il en parle explicitement dans la leçon 8 du 19 mai 1971, comme étant "la voie qui s’attache à saisir où la fiction butte et ce qui l’arrête". Et cette butée dit-il est la contradiction. Ainsi me semble t-il, dans la structure de fiction, essence même du langage où se loge la vérité, se produit une sorte de presse, de serrage, qui "met ainsi la vérité au pied du mur de la vérification". Il parle plus loin dans le séminaire de la Cour, du rapport sexuel qui est étatisé, incarné par le Roi et la Reine, structure ainsi posée qui met en valeur, de la vérité, la structure de fiction. C’est à partir de là dit Lacan que prend fonction la lettre, en rapport avec le défaut d’écriture du rapport sexuel, malgré ici "une promotion fictive". C’est le conte d’Edgar Poe.

C’est au discours que se rapporte "le semblant au contraire". Et je donnerai un certain nombre de formules ici pour tenter d’expliciter ma lecture.

  1. "Le semblant c’est le contraire de l’artefact" écrit Lacan au tout début.
    Comme toujours les formules arrivent dans un contexte. A un moment du séminaire Lacan intervient pour parler de ses écritures – formules, lettres, graphes, topologie – dont il dit bien qu’elles sont répétées – déjà ! – inlassablement, mais qu’il faut prendre la mesure justement du chemin par lequel il y est arrivé, à cette écriture. Ce chemin est celui d’une parole, d’une parole qui se réduit, et prendre la mesure de ceci m’évoque un théorème, qui ne peut-être d’autant mieux retenu que la démonstration, sa démonstration en a été effectuée et comprise. Le contexte de cette première phrase – formule est celui dans lequel Lacan mentionne que deux loustics de son séminaire ont pu le traiter "d’idéaliste pernicieux". Il s’en réfère alors non pas à l’idéal mais à l’idée, il oppose l’idée, en tant que connaissance par la perception qui viendrait extraire une "qualité naturelle" du Réel, laquelle serait présente dans la nature, il oppose donc cette idée idéaliste à ce qu’il appelle "l’appareil du discours", ce qui est de mon point de vue l’artefact avec le semblant. Il parlera plus loin "d’appareil du signifiant", le mot appareil étant également utilisé par Freud. Toutefois Lacan n’est pas nominaliste – donc pas naturaliste, pas nominaliste (ce que j’entends comme sa phrase "le référent n’est jamais le bon"). Il oppose à cet idéalisme de l’idée, tout aussi bien idéalisme nominaliste qu’idéalisme naturaliste, l’Idée selon Platon qui se demandait où était le Réel de ce qui était nommé. Ainsi était établi si l’on peut dire un lien disjonctif. Et déjà ici dans le séminaire apparaît dans les suites de cette réponse l’écriture mathématique, "algébrique" dit-il, c’est-à-dire que c’est par le jeu de lettres, une "réduction", mais nécessairement également par la notion du semblant, que l’on "désigne" ce qui est réel. Ce jeu de lettres vient border "au mieux" si l’on peut dire, à savoir dans les sciences (au mieux à entendre comme ce qu’évoque Lacan de ce que dans la logique algébrique les scientifiques travaillent "sans plus se soucier du semblant" ! ), jeu de lettres qui vient border cet impossible qui est à une limite de la consistance de "l’appareil de discours" – le littéral du littoral, "qui n’est pas frontière", entre savoir et jouissance. Mais il est également important de mesurer que c’est par l’appareil du discours que se tente la localisation de cet impossible. Ceci est particulièrement saisissable comme intention, comme intention formalisée, dans le texte "Radiophonie", dans le numéro 2 et 3 de la revue dont parle Lacan à ce moment, à savoir Scilicet.
  2. "Le discours c’est l’artefact"

Pourquoi parler ici d’artefact, alors qu’il y a déjà le semblant ? ! Alors qu’il y a déjà, comme développé l’année précédente, le discours ?

Et pourquoi est-ce "au niveau de l’artefact de la structure du discours que peut s’élever un discours qui ne serait pas du semblant" ? Questionnement, d’autant que plus loin Lacan dit le contraire – ce qui ne semble pas exclusif l’un de l’autre – : "Il est impossible sans la référence au semblant de qualifier ce qu’il en est du discours". De même : "il n’est du discours que du semblant" (leçon du 09 juin 1971).

Il sera plus explicite l’année suivante lors d’une conférence à l’université de Milan le 12 mai 1972. Il parle alors Du discours psychanalytique, et il fait référence au séminaire de l’année d’avant, donc celui de 1971, D’un discours qui ne serait pas du semblant. "J’ai passé mon année à démontrer que c’est un discours tout à fait exclu. Il n’y a aucun discours possible qui ne serait du semblant. Ca, c’est du semblant, hein ?" Et dans la suite, dans cette conférence à Milan en 1972, Lacan dénonce le fait que les psychanalystes peuvent être figés, peuvent croire dit-il tout en faisant semblant, que les choses marchent sur le plan du rapport sexuel, dénomination comme il l’entend lui. Il dit que lors de son séminaire de 1971 il relance quelque peu "la gymnastique" pour les psychanalystes, et notamment pour leur rappeler ce qu’ils font, "à savoir, malgré tout, que c’est de faire parler quelqu’un en lui expliquant comment il faut faire, c’est-à-dire pas n’importe quoi. Lui expliquer la règle : dire à une personne comment il faut qu’elle parle… Et que ça arrive à donner quelque chose, qu’il s’agit de comprendre pourquoi quelque chose qui se fait avec cet appareil que j’appelle le signifiant, ça peut avoir des effets." Parler, laisser parler ; une combinatoire en vient.

II –

Quelle importance ? Quelle importance accorder à ce terme d’artefact qui vient là, en pendant du terme de semblant ?

L’artefact c’est ce qui peut gêner la mesure, c’est ce qui peut fausser la donne. C’est une altération produite artificiellement lors d’un examen de laboratoire. C’est une définition qui a tout d’abord concerné la médecine, avec l’altération des tissus, puis qui s’est étendue à la chimie, à la physique. C’est la dimension du fabriqué, du facturé, du produit par la technique, par le métier (de bonne facture ou de mauvaise facture, c’est aussi l’étymologie de fétiche, dont Lacan va parler à deux reprises dans le séminaire). L’artefact est opposé classiquement à "naturel", ce dont s’empare immédiatement Lacan qui dit qu’il ne dénonce pas l’artefact pour en produire quelque chose qui serait, "magiquement naturel". Cette définition dans le champ des sciences nous vient de l’anglais, au début du 20ème siècle. Mais il existe un sens plus ancien, qui est lié bien évidemment à cet usage dans les sciences, et qui est le latin artis factorum : "fait – de – l’art", et l’art au sens de technique. Il s’agit donc là d’une manière, humaine, de faire. Ars ; artis : c’est une façon d’être, une façon d’agir : "Ce discours à n’agir que dans l’artefact", dit Lacan dés le début de son séminaire. L’artisan articule pour faire son article.

Lacan conjugue habilement les deux sens du mot artefact, le sens dans l’usage strict au sens des sciences, et l’usage plus traditionnel comme manière de faire, manière de poser un discours ici.

Ainsi l’artefact conjugue :

  • le fait de poser un discours, de s’y positionner et d’en être déterminé à la fois, aliéné.
    "Il n’y a de fait que du fait de le dire"
  • Une dimension d’invitation, voire transférentielle.
    "… discours dont l’artefact est supposé suffire à ce que vous soyez là".
  • L’ensemble même de la structure du discours, son organisation à partir du moment même où il est énoncé.
    "Le fait énoncé est tout ensemble le fait du discours. C’est ça que je désigne par le terme d’artefact".

Il s’agit ainsi de quelque chose d’établi, de fondé, voire de conventionnel. Ce dernier terme peut se référer au propos de Lacan lorsqu’il parle de la Cour et de la noblesse, le redoublement d’artefact, celui de la Cour et celui de la noblesse comme champ institué, posé. C’est ici que Lacan évoque ce champ posé, conventionnel, qui introduit donc "un rapport sexuel étatisé", et établi ainsi la répartition ordonnée de la jouissance.

III –

Alors, autre question, pourquoi – et comment – réduire cet artefact ? Cet aspect de réduction est dans le texte du séminaire, au tout début. Il m’a rappelé un souvenir. Un ancien professeur en psychiatrie, d’obédience jungienne, critiquait Freud : "trop réducteur" disait-il. Lui, jungien, était plutôt dans l’ampleur ! Mais il m’a fait penser en effet à cette remarque de Freud, je crois que c’est dans l’Introduction à la psychanalyse, ces conférences faites au médecin, lorsque Freud répond à une question qu’il formule lui-même mais qui lui a probablement été posée maintes fois : "Mais comment faites-vous avec vos patients pour retenir tout cela, pour tout retenir ?" En effet, la question de ce qu’on retient, des traits distinctifs, discriminatifs, que nous retenons, se pose ici. Se pose également, et Lacan y fait référence à quelques reprises dans ce séminaire, la question de l’interprétation. Sur quoi porte- t- elle ?

Je partirai pour ce qui concerne la réduction de l’artefact de cette phrase dans la première leçon "c’est au niveau de l’artefact de la structure du discours que peut s’élever la question d’un discours qui ne serait pas du semblant." Que peut "s’élever"…

Ceci vient après justement des propos sur l’oracle et sur l’interprétation, sur ce déchaînement de la vérité "dont les effets ne sont pas du semblant". Le déchaînement, la chaîne qui se rompt.

"La vérité n’est pas le contraire du semblant".

"Le semblant est la fonction première de la vérité".

Ces deux phrases ramènent en effet à l’inscription dans les tétrapodes du discours, dans la structure du discours, où la vérité est dans une place sous celle du semblant, à gauche du tétrapode. S/V x/x.

Un autre propos est important, souligné par Valentin Nusinovicci dans nos discussions, et dans le propos de ce matin, c’est la fin de la première leçon.

Le discours de l’inconscient est émergence. Lacan y parle de la fonction d’ "enseigne" du signifiant. L’enseigne c’est la marque, le signe distinctif. Elle serait alors en rapport avec ce que j’évoquais ci-dessus, la marque qui vient révéler une vérité, mi-dite ; rêve, symptôme, psychopathologie de la vie quotidienne… La vérité, pas tout entière, se manifeste par le semblant. Au tout début de son texte Radiophonie Lacan mentionne qu’il s’agirait de "rompre le leurre du signe par le signifiant et de révéler ainsi la division du sujet". Le signe est ce qui avertit qu’il y a quelque chose à entendre. Et dans ce séminaire de 1971 il s’agirait me semble t-il de trouer le semblant, de désarticuler le signifiant qui fait discours, par la lettre.

Mais dans cette émergence du discours de l’inconscient, poursuit Lacan "rien n’implique quoi que ce soit, dans ce qui le précédait, qui fut soumis à sa structure". C’est la fin de la première leçon. Et, ai-je compris, dans les conséquences de cette émergence du discours de l’inconscient, rien ne peut changer (à savoir que la vérité se fait par le semblant, le semblant ne s’énonce qu’à partir de la vérité dit Lacan), rien ne peut changer "si ce n’est qu’un discours se centre sur son effet comme impossible", et c’est ainsi, dit Lacan, "qu’il a des chances d’être un discours qui ne serait pas du semblant".

Ceci m’évoque deux points. Tout d’abord le fait que le semblant répond aussi à la partie droite du discours dans les tétrapodes, notamment à la place, en haut, de la jouissance S/V J/x. Il est important à mon avis ici de lire l’ensemble, et notamment la fin, de Radiophonie. Dans ce texte, parlé puis écrit dans Scilicet, Lacan à la fin retrace le discours avec les flèches d’ "impuissance" et d’ "impossible", et il commente ceci. Je ne peux le reprendre ici, il faut le lire. Mais deux discours "cernent le réel dont fait fonction leur impossibilité" : c’est le discours du maître et le discours de la psychanalyse, dont Lacan au tout début de son séminaire de 1971 dit qu’il ne sont pas forcément l’envers mais qu’ils sont en torsion l’un l’autre, faisant référence ici à la double inscription (à relire ici le colloque de Bonneval avec les propos de Leclaire et de Lacan, colloque auquel intervient également Henri Ey.)

Cet appui sur l’impossible, mais un impossible cerné, repéré, est peut-être ce qui permet d’entendre cette phrase dans la leçon du 12 mai, leçon de Litturaterre : "rien… rien n’est plus distinct du vide creusé par l’écriture que le semblant, en ceci d’abord qu’il est le premier de mes godets à être toujours prêt à faire accueil à la jouissance, ou tout au moins à l’inviter de son artifice".

Le deuxième point est une question : la lettre est-elle au-delà de l’artefact ? Au-delà du discours du semblant, au-delà du tétraèdre, ainsi que le pose Lacan dans une leçon. Au-delà, avec la nécessité de son usage pour l’écriture. C’est le moment où il parle du triangle équilatéral, avec les trois points, puis de l’équilatéralité de quatre points, puis de l’équilatéralité de cinq points, ce qui là est très difficile à se représenter et nécessite, comme la mesure et l’arpentage, une écriture. La lettre, en effet, n’est pas dans l’espace de quadrillage par la police dans le conte d’Edgar Poe ; mais elle y siège,… toute retournée ! Le texte qui ouvre les Écrits, le séminaire sur la lettre volée, mentionne bien comment, dans l’artefact de la distribution de la jouissance, la lettre sème le désordre. Elle est hors-loi, elle déroge aux fondements. C’est effectivement, dans l’artefact, dans la disposition du conventionnel, dans l’honneur, l’état, c’est une rupture. Elle est intenable. "Elle situe sa destinataire dans une chaîne symbolique étrangère à celle que constitue sa foi". Il faut relire ce morceau explicite d’une part de la position de la lettre, d’autre part de la féminisation dont parle Lacan. C’est bien là en effet la destination, le destin de "celui", ainsi féminisé du fait de la détention, mais pas de la possession, de "celui" qui a la jouissance de la lettre, à être ce "sujet imbécile" de n’y rien comprendre et de n’y pas savoir qu’en faire dont parle Lacan. D’ailleurs qu’est ce qui est possible ? Si ce n’est à ne pas essentiellement en faire impuissance, autres discours de Radiophonie dans Scilicet, à savoir le discours hystérique et le discours universitaire.

J’aimerais justement terminer avec les dernières phrases de Radiophonie.

"Ainsi le langage fait novation de ce qu’il révèle de la jouissance et surgir le fantasme qu’il réalise un temps.

Il n’approche le réel qu’à la mesure du discours qui réduise le dit et faire trou dans son calcul.

De tels discours, à l’heure actuelle il n’y a pas des tas."

Je reviens à l’artefact. Il y a également une dimension – demansion, mention, demeure, demande… – qui est celle du temps. Il est ici réduit ; c’est aussi une dimension subjective. Elle est mention, mentionnée dans le séminaire, dans les Ecrits de Lacan, dans la mesure où la lettre féminise du temps de sa détention.

PS : Jean Périn me faisait remarquer à juste titre qu’il y avait là les trois dimension RSI de la lettre. En effet