Charles Melman et l’Italie
02 novembre 2022

-

GILARDI Costantino
Hommages à Ch. Melman

Charles Melman et l’Italie

 

Aujourd’hui, 25 octobre 2022, on a célébré à Paris l’enterrement de Charles Melman.

Nombreux sont ceux qui écriront sur lui, sur son enseignement, sur ses batailles et sur sa place dans l’histoire de la psychanalyse.

En ce jour de l’enterrement, je désire évoquer quelque chose de ma relation personnelle avec lui et de celle qu’il entretenait avec l’Italie.

Je l’ai rencontré en 1970, lorsque je fréquentais le séminaire de Lacan à l’amphithéâtre de la faculté de droit au Panthéon. Notre lien s’est poursuivi lorsque je fréquentais les séminaires, la formation et les congrès de l’École Freudienne de Paris.

En rentrant de Paris, j’ai commencé à participer au séminaire que Giacomo Contri, traducteur des « Écrits », tenait à Milan et à partir duquel se forma la Scuola Freudiana, qui publiait la revue « Sic ».

Le 3 février 1973, Jacques Lacan donna une conférence publique à Milan, au Musée de la science. Après la conférence, un groupe d’une quinzaine de personnes se réunit dans la maison d’Umberto Eco et, parmi eux, Elvio Fachinelli, qui avait traduit des courts écrits de Lacan pour les éditions Einaudi.

Je garde un souvenir très vif de ce que Lacan a dit après l’intervention de Fachinelli : « ce que vous dites est d’or ». Au cours de cette réunion, commença à prendre forme ce que, plus tard, Lacan proposera pour l’Italie avec son écrit de fin avril 1974 titré « Directives » et connu sous le nom de « Tripode » pour la constitution en Italie d’une association psychanalytique d’obédience lacanienne.

En ces mêmes années, se réunissait chaque mois, chez Maria Teresa Majocchi, un groupe de jeunes analystes parmi lesquels : Carlo Viganò, Ambrogio Ballabio, Alberto Turolla et Mario Binasco, pour la supervision de cas et aussi comme groupe de travail avec la participation de Charles Melman, qui dès cette première présence en Italie nous a introduit à un point sur lequel il a toujours fermement gardé le cap : le transfert de travail.

Charles Melman a été mon premier contrôleur, travail qui commença rue Soufflot, se poursuivit rue de l’Odéon et ensuite rue des Archives.

En 1982 j’ai participé aux journées de travail de Nice, qui ont amené, après la dissolution de l’École Freudienne, à la fondation de l’Association Freudienne : j’en ai fait partie dès sa fondation et j’en ai été le président de 1990 à 1992 : années d’intense et, pour moi enrichissant, travail avec Charles.

Chaque fois que je venais à Paris, Charles m’invitait à sa table, chez lui. Un lieu de travail dans le champ de la psychanalyse, où on mettait sur la table discussions, projets, problèmes, organisation.

Avec Denise Sainte Fare Garnot, il m’a choisi comme parrain pour le “baptême laïque” de son dernier fils, Benjamin.

Il encouragea vivement la fondation d’une association italienne rattachée à l’Association Freudienne, qui avait ajouté Internationale à son nom.

L’évolution de ce premier groupe né à Turin est bien connue par tous ceux qui liront ce texte.

Je souhaite évoquer les séminaires internationaux qui se sont tenus à Turin en 1990 sur le premier séminaire de Lacan « Les écrits techniques » et en 1997 sur le séminaire « Les non dupes errent ». Je souhaite aussi rappeler sa présence assidue à Rome et son accompagnement continuel des groupes lacaniens en Italie.

En 2010 Elena Sormano a traduit en italien l’ouvrage de Charles Melman « L’homme sans gravité », publié chez l’éditeur Bruno Mondadori.

Mon maître est mort.

Costantino Gilardi.