Bibliographie non-exhaustive commentée à propos du Séminaire D'un discours qui ne serait pas du semblant"
18 avril 2008

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DE LAGONTRIE Monique,COERCHON Pierre,FLORENTIN Thierry
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Un certain nombre de collègues ont tenu à partager les lectures qui leur ont permis d’agrémenter, d’éclairer, ou d’accompagner le travail des leçons du séminaire " D’un Discours qui ne serait pas du semblant ". Nous publions ci-après leurs premiers commentaires, qui n’engagent qu’eux-mêmes, et destinés à s’enrichir et à se croiser de vos contributions, au fil de cette année.

À propos de l’écriture chinoise

Rainier Lanselle : " Ecriture ou langue graphique ? ".

Article consultable en ligne sur le site www.lacanchine.com. On peut également consulter une version légèrement différente in langue comment ça va ? Langue et psychanalyse, Elema, Paris, 2007, p. 123-154, actes du colloque du Cercle freudien, " La langue comment ça va ? ", 9-11 juin 2006. Article traduit en allemand par Peter Widmer, psychanalyste à Zürich, sous le titre " Schrift oder graphische Sprache? ", Riss, Zürich, 2007, p. 23-60.

Dans cet article où l’érudition n’alourdit pas l’émerveillement du lecteur qui aborde la langue chinoise et ses spécificités d’écriture, Rainier Lanselle démontre bien qu’il est un suiveur de jacques Lacan et de son détour chinois. Il nous permet d’entendre, dans l’étude du rapport de l’écrit et de la parole en Chine, comment le principe de l’Empire, détenteur des règles du pouvoir de l’écriture, peut se débarrasser des risques de l’équivoque interprétative d’une lecture subjective du texte, mais au prix de l’éradication du sujet de l’inconscient lui-même. Ne lui resterait-il alors dans ce cas que l’échappée de la tentative sublimatoire de la calligraphie pour nouer le trait à la lettre ? Pierre Coerchon

À propos des Jésuites en Chine

Si on ne trouve plus en librairie l’ouvrage aujourd’hui épuisé de René Etiemble " Les Jésuites en Chine. La querelle des rites. 1966. Collection archives. Julliard ", on se consolera avec la somme écrite en deux tomes " l’Europe Chinoise ". 1989. Bibliothèque des Idées. Gallimard ", où le rapport des intellectuels de l’Europe à la Chine au XVIIème et XVIIIème siècles y est largement retracé. L’oeuvre de René Etiemble est une oeuvre d’érudition, toujours bouillonnante, il faut lire ses "Propos d’un emmerdeur ", entretiens tenus sur France Culture avec le journaliste Jean-Louis Ezine, pour se faire une idée de ce bonhomme toujours en mouvement, qui à 85 ans, parle de l’amour et de la vie, de ses origines, et de son travail. Le style de son écriture a ceci de particulier qu’il y est toujours présent, subjectivement, qui rend sa lecture agréable, comme celle d’un conteur, plutôt que du savant qu’il était. Un autre ouvrage de référence, tout à fait abordable par un non spécialiste, à propos de la question de l’implantation des jésuites en Chine, est l’ouvrage de Jacques Gernet : " Chine et christianisme La première confrontation ". Gallimard. Bibliothèque des Histoires 1991. Enfin, pour le plaisir, les " Lettres édifiantes et curieuses des jésuites de Chine 1702-1776" Desjoncquères. Paris. 2001. Thierry Florentin

À propos des écrits de François Jullien

Une bonne façon d’entrer dans l’oeuvre de François Jullien, est certainement par l’intermédiaire du livre d’entretiens menés avec Thierry Marchaisse "Penser d’un dehors (la Chine), entretiens d’Extrême-Occident ". Seuil 2000. Il s’agit d’un dialogue entre les deux hommes, très vivant, et illustré d’anecdotes sur la Chine telle que François Jullien l’a vécue dans les années 70, ainsi que sur la pensée chinoise classique. Thierry Marchaisse est philosophe, éditeur, et par ailleurs un fidèle compagnon de route de la psychanalyse. On peut également se tourner d’emblée, ou ensuite, vers le colloque qu’il a organisé en 2003, destiné à " mettre à l’épreuve la consistance du savoir sinologique avec la pertinence théorique de la psychanalyse ", et publié chez Puf " L’indifférence à la psychanalyse. Sagesse du lettré chinois, désir du psychanalyste. Rencontres avec François Jullien ", rassemblant un certain nombre de contributions de psychanalystes autour de François Jullien.

On lira avec intérêt son commentaire de Mencius, dans "Fonder la morale", sous-titré " Dialogue de Mencius avec un philosophe des Lumières " Grasset. 1995. Un autre texte, difficile, mais qui est dans le fil des questions soulevées dans le séminaire, traite du tracé du texte canonique chinois dans la construction de la pensée, il s’agit de " La Chaîne et la trame ". On ne peut citer tous les ouvrages publiés de François Jullien (près d’une vingtaine…), mais bien qu’ils ne fassent pas directement référence à la psychanalyse, leur lecture pose de multiples questions croisées avec les questionnements et les préoccupations des psychanalystes. Citons entre autres, la trilogie sur l’efficacité, de difficulté de lecture inégale, " La propension des choses ", le " Traité de l’efficacité ", et " Conférence sur l’efficacité ". Mais aussi " Un sage est sans idée ", ainsi que " L’éloge de la fadeur ", qui n’est pas sans évoquer le non-désir du psychanalyste, prêt à accueillir, de même que la fadeur contient en elle-même toutes les saveurs les plus extrêmes, l’expression de tous les désirs. Thierry Florentin

À propos de l’oeuvre de François Cheng

"Souffle-Esprit", de François Cheng, Seuil

De l’art pictural à l’art de la parole "Souffle-Esprit" invite à entrer dans le tableau, au coeur de la nature qui déborde du cadre de papier, là où l’eau s’écoule… d’un fond de gorge… au creux du lit ? Du li ? De l’i ? Je ne sais… ‘Je’ naissait. "Une eau se perçoit par le vent qui la parcourt… sous un ciel désolé, dans une forêt ancienne, les êtres isolés, depuis leur tréfonds, lancent des cris d’appel…" Les traits sont-ils des cris ? "Ces cris c’est ce que j’appelle le i, dont tout le tableau doit être habité… Dans une vraie peinture un seul trait suffit à raviver le souffle…" "Tout le monde connaît l’importance du li et du ch’i", ce n’est pas le psychanalyste qui traiterait du contraire ! C’est un texte qui respire et qui en appelle à la succession des saisons où chaque matin met en bouche la rosée. Monique de Lagontrie