Alors, merci Patricia de m’avoir proposé de parler de maternité, un thème qui n’est pas si souvent que ça abordé en tant que tel, même s’il est tout le temps là en toile de fond , mais plutôt comme ce dont il faudrait encore et toujours se défendre, se dégager, ce à quoi il y aurait à s’arracher ,donc sur un mode défensif. La gueule du crocodile serait toujours prête à se refermer s’il n’y avait le bâton phallique pour garder cette gueule ouverte.
Dans « Les formations de l’inconscient » Lacan a une de ses phrases lapidaires en ce qui concerne les mères :
« La loi de la mère , c’est bien entendu que la mère est un être parlant et cela suffit à légitimer que je dise la loi de la mère . Néanmoins , cette loi est , si je puis dire, incontrôlée . »
Le bon côté est que la mère est un parlêtre, elle aussi à lâché l’objet petit a, mais elle pourrait être capricieuse et laisser son enfant suspendu à son caprice.
Pour moi, de ce point de vue, une mère, c’est une mère qui dit qu’elle est la mère, qui se le dit et qui le dit. A défaut, et cela interroge évidemment la structure , nous aurons non pas un bébé mais une chose ,quasi pur organisme, qui , en aboutissement, souvent, d’un déni de grossesse, trouvera une étrange place, parfois dans un congélateur, chose silencieuse ou silence de la Chose, ni vivante, ni perdue tout à fait …
Chacun et chacune a une histoire avec sa mère , fut-elle d’adoption, mais est-ce qu’il ne s’agit pas toujours d’une histoire d’adoption , plus ou moins réussie .. ? Elles hantent les divans… Et chaque une femme ici présente a son histoire avec la maternité.
Sa mère, trop là, pas assez, fautive souvent …Vous vous souvenez de Marguerite Duras et de son article ,magnifique en terme littéraire mais incendiaire concernant l’affaire Grégory et la mère de l’enfant . Alors une mère sublime, forcément sublime, mais coupable, forcément coupable …Dans cette polarité on retrouve la double valence de l’objet a …
Plutôt donc l’angle de la métaphore paternelle que frontalement ce sujet immense qu’est la maternité, et les questions qui se posent à l’heure actuelle le sont en référence aux modifications de l’instance phallique et à ses conséquences.
Une des versions de « Ah vous dirais-je maman » concerne le père. Qui parle ? Un garçon , une fille ? De quel âge ? Difficile à dire …Ce pourrait être de toujours…
« Papa veut que je raisonne comme une grande personne , moi je dis que les bonbons valent mieux que la raison ! Papa veut que je demande de la soupe et de la viande , Papa veut que je retienne des verbes , moi je dis que les bonbons valent mieux que les leçons !. »
Qu’est-ce que ce père qui vient formuler ses exigences , son grain de sel entamant la jouissance de l’enfant connivente avec sa mère ? Nous sommes au 18 ème ou 19 ème siècle selon les versions, mais est-ce que les querelles si fréquentes de nos jours entre des parents fussent-ils séparés et concernant l’éducation des enfants ne viennent pas de ce quelque chose là . « Tu le ou la laisses tout faire ! ». Même si un père peut être maternel et une mère ne pas l’ être.. Nous savons bien que la clinique est singulière ..
Quels appuis aujourd’hui pour un infans pour se redresser, apprendre à marcher, parler, supporter les inévitables frustrations de la vie ? Quels appuis symboliques ont les mères pour être aidées à porter leur bébé sans pour autant l’avoir sur les bras, être aidées à entamer cette jouissance commune avec leur enfant ?
Vous vous souvenez peut-être de cette phrase du livre de Romains Gary « Les promesses de l’aube ».
« Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. » Alors c’est de ça dont nous aurions à nous remettre ?
Pour un humain, s’arracher à la jouissance maternelle, quitter cette position d’objet pour devenir sujet tel est l’enjeu … Et pourtant cette jouissance initiale commune est indispensable, rien ne peut advenir sans elle .. Freud parle je crois de la mère comme de la première séductrice de l’enfant mais cette séduction est réciproque. Dans leur grande majorité, pas tous hélas, les bébés sont outillés pour séduire activement leur Nebenmensh, leur autre secourable, en général la mère, leur survie étant en jeu … Sans cette commune séduction , sans le regard émerveillé d’une mère sur son bébé, que de difficultés ..Winnicott parlait d’une folie maternelle, transitoire, en principe, et indispensable.
Une jouissance parce qu’il en faut une, mais une jouissance pas-toute, porteuse de vie et non empêcheuse de vie …
Alors n’oublions pas que Lacan nous a laissé, après la métaphore paternelle, et le Nom du père, Les Noms du père, et un Nœud Borroméen où ce n’est plus le phallus qui est au centre mais l’objet a , et où il s’agit d’un tissage entre trois registres ouvrant à une souplesse et à une créativité possible , bien utile pour le monde qui est le nôtre..
Ne nous désespérons donc pas trop , d’autant que ce Noeud apparaît quelques pages après le Tableau de la sexuation dans le séminaire « Encore » . Lacan a élaboré ce tableau au fil de tant de ses séminaires précédents et à peine ce tableau formalisé ,il passe à autre chose , au nœud avec ce a au centre . Un déplacement radical …
Ce fut la préoccupation constante de Lacan de tenter d’approcher en terme d’écriture au plus près de la faille , du hiatus , de la béance, de ce qui ne coîncide pas, l’objet a n’en étant jamais qu’une écriture.. Le questionnement autour du féminin en est une autre forme.
Charles Melman nous rappelait souvent que c’est un trou qui nous gouverne, ce que nous passons notre temps à tenter de combler, de boucher. Le rapport à la différence des sexes qui autrefois réglait plus précisément la structure est l’autre nom de cette question.
De toute façon, il y a quelques thèmes comme ça qui nous approche au plus près de l’impossible à dire, comme cette question « Qu’est-ce qu’une mère ? »
A l’impossible, nul n’étant tenu ou m’y tenant , je ferai mon possible.
« Ah vous dirais-je maman ce qui cause mon tourment ? ». Chanson qui a traversé les âges ..
« Depuis que j’ai vu Sylvandre me regarder d’un air tendre, Sylvandre, un berger , depuis que j’ai vu Sylvandre me regarder d’un air tendre , mon cœur me dit à chaque instant , peut-on vivre sans
amant ? »
C’est une bergère qui parle, elle va aux champs avec sa houlette, son bêton de berger, et son chien.
« Hélas Maman, un faux pas me fit tomber dans ses bras, je n’avais pour tout soutien que ma houlette et monchien, l’Amour voulant ma défaite , écarta chien et houlette . »
On ne peut mieux le dire que le dit cette jeune bergère divisée par le désir de Sylvandre, dans l’équivoque du « de » et laissant sa houlette tomber ..
Une adolescente désolée, me disait que le désolant était qu’elle ne parlait plus le même langage que sa mère. Avant, un avant ce cheminement vers sa division féminine, elles s’entendaient si bien .. Nous parlons beaucoup de transition de genre , ce siginifiant a fait son apparition pour nommer ce vouloir impérieux de transfoemation et de passage d’un genre à l’autre , avec parfois le traitaement hormonal et chirugical qui l’accompagne. Finalement cette question n’évacue as la différence des sexes puisque cela reste une référence : pas celui là .. mais l’autre ..
En tout cas ces signifiants nouveaux m’ont été utiles pour nommer ce que j’entends chez lzs adolescents que je reçois et qui sont dans ce délicats passages, cette transition jusrement dans leur process de sexuation et que je trouve encore une fois très émouvant.
Christiane Lacôte-Destribats avait abordé cette temporalité spécifique de l’adolescence et ce qu’elle avait nommé le « suspens » à respecter chez ces adolescents aux prises avec un corps leur échappant , les stupéfiant, le recours aux stupéfiants tentant de figer ce processus inarrêtable dans le corps, Nous aurions tort de minimiser les effets de ce process en réduisant les adolescents à leur statut d’élèves.
L’orientation qui préoccupe tant les parents et leurs enfants est aussi voire surtout celle qui concerne leur orientation sexuelles sous le mode , qui aiment-ils, qui sont-ils et les errances de leur désir .Les signifiants divers et variés qui leur sont proposés actuellement leur permettent peu-être de trouver un abri langagier sans doute transitoire pour nommer ces tâtonnements qui restaient silencieux autrefois et qui témoignent de ce que Freud appelait avec force la bisexualité constitutive de l’être humain . Il la disait plus consistante du côté féminin en raison de la présence de deux organes sexuels , le clitoris et le vagin . Nous savons ce que Lacan élaborera à partir de ce constat freudien . Les précipitations à prendre au pied de la lettre et surtout dans le réel du corps les balbutiements angoissés de ce désir adolescent ou pire enfantin, empêchent l’élaboration de la question sans doute la plus importante pour un parlêtre, son identité sexuelle et sa place dans le monde.
Freud a pu référer le résultat d’une analyse à la possibilité d’aimer et de travailler.
Charles Melman nous rappelait souvent que nous parlêtres n’avons pas l’appui d’un instinct pour guider notre conduite, c’est donc notre destin d’humain d’avoir à faire ce chemin.
Ces transitions accompagnent notre vie, plus apparentes sans doute du côté féminin,apparition des règles, leur présence attestant de l’absence vécue parfois très douloureusement par une femme d’une grossesse, leur apparition faisant naître soulagement autant que regret ou le contraire, l’ambivalence étant maîtresse en ce domaine, leur suspension hors grossesse indiquant que « quelque chose se passe », énigme à déchiffrer ..La ménopause et ses prémisses, autre temps, autre transition, autre passage …
Finalement nous avons à nous réinventer sexuellement et humainement chaque fois que la vie avec son déroulement et le temps qui passe ou les événements qui la jalonnent, chaque fois que la vie donc vient modifier notre référence à l’instance phallique, que l’on soit tout ou pas-tout du côté » phallique.
Puisque nous étions avec cette chanson dans l’ancien temps, je propose que nous nous attardions sur un tableau très connu de Georges De La Tour. C’est « Le nouveau-né », il date de 1648 et se trouve au Musée des Beau-Arts de Rennes.
Cette huile représente une Nativité.
La Vierge Marie tient l’Enfant Jésus emmailloté contre elle . Elle semble regarder son enfant qui dort .. sous le regard de sa mère Sainte-Anne qui tient une bougie que l’on distingue à peine mais dont la lumière éclaire , en clair-obscur la scène . Le nouveau-né est nimbé de cette lumière.
Cette Nativité paisible témoigne du miracle ordinaire que constitue toute naissance quand, comme on dit, et cela n’a pas toujours été le cas , ce n’est pas toujours le cas, rien de garanti dans ce domaine, « la mère et l’enfant se porte bien ». Et même si les naissances ne sont pas divines, quelque chose de cette lumière, de cet éclat agalmatique doit envelopper le nouveau-né . En son absence, c’est l’objet a dans toute sa crudité qui apparaît, il n’y a pas de bébé mais un simple organisme .
Que nous dit ce tableau, que cette naissance est une affaire de femmes, comme le dit le terme Sage- femme même quand le praticien est un homme .C’est une affaire de femmes et on sait à quel point la naissance d’un premier enfant fait traversée physique et psychique pour une femme et opère un remaniement très profond.
Pas de conception pour une femme sans une harmonie relative, retrouvée au-delà des secousses de l’adolescence ou par la grâce d’une cure analytique avec sa mère. Une mère peut avoir été absente de différentes manières , morte , déprimée , mais aussi récusée, rejetée.
Le mythe de la Femme sans ombre déplie ce thème. L’ombre signifiant l’appartenance au monde des humains et la possibilité mais aussi l’acceptation de s’inscrire dans une filiation, dans l’ordre des générations..de régler ce que Monique Bydlovski appelait la Dette de vie et consentir à ce titre au vieillissement et à la mort.
Ces éléments ne sont pas sans rappeler Freud et son livre « La vie sexuelle » .Freud rapporte le conflit conjugal à un héritage du côté féminin du ravage de la relation mère-fille marqué pour les petites filles par la rancœur et la déception que leur castrée de mère ne leur ait pas donné de pénis . Il évoque aussi dans le chapitre sur la transpositions des pulsions notamment anales l’équivalence pénis ,objet excrémentiel enfant qu’une femme enceinte aura à garder mais aura aussi à consentir à lâcher au moment de la parturition . Elle aura à consentir à s’en séparer.
Nous pouvons évoquer la complexité du trajet féminin, une femme n’en finissant pas de perdre ses objet, renoncer au lien libidinal d’avec sa mère et à l’espoir d’avoir un enfant d’elle, se tourner vers son père , espérer un pénis de sa part puis un enfant de lui , avoir à y renoncer pour le désirer plus tard .
Dans le chapitre de Freud intitulé « Sur la sexualité féminine » qui date de 1931 je relève ceci :
« Deux faits avant tout m’avaient frappé : le premier était que l’analyse témoigne que là où l’on trouve un lien au père particulièrement intense , il y avait auparavant une phase de lien exclusif à la mère aussi intense et passionné.
Le deuxième fait m’a appris que la durée de cet attachement à la mère avait été fortement sous- estimé.
Tout ce qui touche au domaine de ce premier lien à la mère m’a paru difficile à saisir analytiquement, blanchi par les ans, semblable à une ombre à peine capable de revivre, comme s’il avait été soumis à un refoulement particulièrement inexorable . »
J’ai trouvé une traduction qui me parait plus fine sinon plus exacte : Ce premier lien blanchi par les ans a la consistance d’une ombre.
Freud dit aussi que peut-être les analystes femmes ont un accès plus aisé à ce lien , ce lieu .. La conception , la naissance une affaire de femmes mais évidemment pas que !
Ce qui est convoqué dans le tableau de Georges De La Tour , fut-il simple lumière , c’est comme le dit si bien le langage, c’est l’opération du Saint-Esprit , autrement dit le phallus.
Je me souviens de Charles Melman nous parlant , je ne suis pas sûre qu’il s’agissait d’une patiente ,.
Cette femme était en mal d’enfant . Elle n’arrivait pas à être enceinte en dépit de son entrée dans un protocole de P.M.A. Si mes souvenirs sont bons, Charles Melman lui dit quelque chose comme « et oui ce n’est pas comme cela que l’on fait les enfants ».
Le divin enfant fut conçu très vite après . Peut-être , en fait nous ne savons jamais très bien ce qui préside à une conception, peut-être dans l’opération transférentielle du Saint-Esprit , et nous savons bien que les grossesses issues du divan et fruits de la parole ne sont pas rares ..
Avec le mystère de la fécondité , nous abordons ce que j’appellerai la clinique de le grossesse et de l’accouchement, clinique qui concerne le psychisme et le corps et relève en partie de l’inconscient. L’utérus, ce muscle hautement hystérisable ..
Nous sommes avertis de la délicate période du post-partum et du post-abortum, cette clinique qui va du baby-blues , fruit de la perte du bébé du dedans et de la rencontre avec le bébé réel, à la dépression voire à la psychose du post-partum si impressionnante.
Mais il existe une clinique plus discrète, témoignant de mots restés eux aussi bloqués , en souffrance et dont l’écho résonne dans le corps.
Les lois sur la contraception, l’interruption volontaire de grossesse, les progrès de la médecine dans le domaine de l’hypofertilité, ont produit une révolution sociale et culturelle pour les femmes et dans le champ des relations entre les hommes et les femmes.
La question du désir d’enfant a pu apparaître quand son tenant lieu la peur d’être enceinte a reculé, permettant un écart entre sexualité et plaisir et procréation. Le « tu enfanteras dans la douleur » aisi que la peur de mourir en couches font partie, plus ou moins , des fantômes du passé même si l’accouchement peut rester un tsunami physique et psychique longtemps tu.
Nous sommes passés maintenant d’un enfant si je veux quand je veux à une inquiétude de certaines jeunes femmes quant à leur fertilité et à l’idée assez répandue pour des trentenaires de faire congeler leurs ovocytes sans qu’elles se représentent forcément un parcours exigent.
Puisque nos journées se déroulent sous le signe des 20 ans de La Noevelle Economie Psychique , que Charles Melman a toujours été un psychanalyste dans la cité , je vais aller faire un petit tour et interroger ce moment étrange que nous vivons.
De tous temps le corps des hommes et des femmes a répondu aux attentes du pouvoir en place et a été pris dans l’histoire.
Les guerres en sont un bon exemple :
Celle de 14-18 a envoyé les hommes au front tandis que les femmes étaient requises pour les remplacer dans les usines et aux champs . La fin de la guerre a permis , obligé, les deux sans doute le retour des deux sexes dans leur place habituelle. Les femmes ont été encouragées au « réarmement démographique » comme nous l’avons entendu il y a peu.
Pendant la 2ème guerre mondiale, les lois pétainistes exhortaient les femmes à la natalité et la dernière femme à avoir été guillotinée en France l’a été en 1943. Son crime était d’avoir pratiqué des avortements.
Alors ou en sommes-nous ? Qu’est-ce qui fait berceau à la maternité de nos jours ? Patricia Kressig nous parlait tout à l’heure du film Emilia Perez interprété par une actrice transgenre.
Elle a su nous transmettre la détresse sans nom qui était la sienne alors qu’elle était enfermée dans un corps d’homme. Détresse à laquelle nous ne pouvons qu’être sensible en tant que cliniciens tout en ayant à envisager sa détresse de structure et non pas de genre .
Compte tenu du mouvement masculiniste trumpiste extrèmement réactionnaire qui se déploie aux Etats-Unis mais pas que , est-ce que des journées comme celles organisées ce week-end pourront encore se tenir ? Est-ce qu’elles ne sont pas déjà à contre courant d’une histoire en marche qui revient vers un passé trop connu ? Ce temps du malheur intime et social de ce qu’on appelle maintenant les minorités qui est aussi le temps du malheur pour tous . Il ne fait jamais bon vivre pour aucun quand c’est un extérieur politique souvent mais qui peut s’incarner dans les réseaux sociaux qui vient dire qui et comment aimer et comment être.
N’oublions pas qu’il reste des pays où des hommes et des femmes payent de leur vie leur orientation sexuelle ou le simple fait de laisser leurs cheveux flotter au vent.
Charles Melman dans ses éditoriaux nous a prévenus à maintes reprises de l’attente de ce qu’on appelle « un homme fort » qui nous soulagerait des affres de notre division de sujet.
Est-ce que l’on peut dire que comme le nuage de Tchernobyl, les courants sociétaux ne traversent pas le champ de la psychanalyse ?
Le mouvement Me too a ouvert la voie et la voix et à permis à différentes situations de se faire jour. Dans ces situations , il y a pour nous un écart à poser entre la réflexion citoyenne et le travail de la réflexion psychanalytique qui elle a à interroger ce qui a pu faire accrochage à un trauma au sens trivial du terme. Elle a aussi à faire émerger pour un sujet le trauma que constitue la rencontre avec le sexuel , l’impossible du savoir sur le sexe et l’impossible du rapport sexuel.
Alors ,ou en sont Sylvandre et Lisette , sa bergère ? Elle a peut-être gardé sa houlette et son chien , il passe du temps avec ses potes, ou bien ils vont ensemble à la Salle de sport , font du cross fit en surveillant leur alimentation… leur routine quoi … ! Ils ont peut-être raison de rester dans leur zone de confort . Parce que ,oui, la possibilité qu’il y ait un acte sexuel , pas le rapport ,mais un acte ,la capacité à jouir et faire jouir , sont l’heure de vérité pour un ou une parlêtre. Heure de vérité pour un homme ou une femme dans la relation à leur désir. Nous ne sommes plus dans le virtuel, il s’agit de juger sur pièce pourrait-on dire …
Avoir un enfant aussi fait épreuve de vérité … pour toutes les raisons évoquées jusque là.
Un autre tableau va nous guider et celui là vous le connaissez bien, c’est le tableau de la sexuation. Une élaboration du non rapport dans la rencontre amoureuse, intime.
Freud le disait ainsi, il n’y a qu’une libido et elle est masculine, Lacan lui inscrit le phallus comme référence des deux côtés du tableau mais de manière asymétrique, pomme de discorde pour le discours féministe dans le sens où il n’y aurait pas de signifiant pour le côté Autre.
Nous avons sans doute à être prudents quant à une tentation imaginaire de positiver le phallus et à le rabattre du côté du pénis, ouvrant ainsi du côté du patriarcat. Et tout autant à résister à la tentation de positiver l’objet a même si on peut facilement en avoir plein la vue, la main la bouche et l’ouie …
Si nous ne pouvons dire La femme autrement que barrée , peut-on dire La mère ? Lacan dans « Encore » séance du 9 Janvier 1973 a cette formule :
« La femme ne sera jamais prise que Quoad matrem, c’est à dire que la femme n’entrera en fonction dans le rapport sexuel qu’en tant que la mère » et ce en terme d’écriture ajoute Lacan . Formule qui me reste énigmatique …
Il poursuit : « .. C’est une suppléance de ce pas-toute sur quoi repose … quoi ? La jouissance de la femme. C’est à savoir que cette jouissance qu’elle n’est pas toute, c’est-à-dire qui la fait quelque part absente d’elle -même en tant que sujet qu’elle y trouvera le bouchon de ce petit a que sera son enfant. ».
Freud si on peut dire, enfonce le clou, en précisant que seule le rapport à un fils peut permettre à une mère , je cite « une satisfaction illimitée ».
Sur le tableau ,on voit bien comment sa division féminine rend une femme vulnérable et exposée à S de grand A barré sans un appui phallique. Un enfant peut faire office d’appui phallique… dans le meilleur des cas parmi d’autres notamment bien sûr le père de l’enfant ou le compagnon de désir de la mère. Si c’est le principal appui, les modifications de cette modalité sont à considérer avec précautions.
Nous avons là en germe la clinique que rencontrent les analystes d’enfants quand ces derniers sont pris dans cette économie maternelle, autant que ces enfants, petits phallus, y consentent parfois et parfois n’en ont pas eu la possibilité… Mère toute mère, ou pas- toute mère engagent une clinique bien différente.
Beaucoup de questions restent quant à l’objet a. objet perdu, objet a cause du désir , semblant d’objet a ..Ils seraient plusieurs ….ce sera pour une prochaine fois .. peut-être.