Questions cliniques : Inhibition et addiction, un couple solidaire ?
Le samedi 13 mai de 9h30 à 12h30
Christiane Lacôte-Destribats : L’inhibition fonctionnerait-elle comme une drogue ?
Roland Chemama : Pourquoi sommes-nous inhibés ? A quoi sommes-nous addicts ?
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Notre séminaire Questions cliniques continue d’explorer la détresse foncière du sujet et les secours parfois ravageurs qui se proposent. Une addiction à une drogue, à une conduite, éventuellement sexuelle, apparaît d’abord comme désinhibition : une jouissance qui s’affranchit de toute modération. Mais n’est-ce pas pour couvrir une autre inhibition ? Une addiction vient souvent reposer sur un embarras qui concerne autant le désir que la pensée, c’est-à-dire ce qui engage la responsabilité du sujet. Plutôt s’aliéner dans une jouissance sans limite que de céder la part requise pour l’accès au désir. Comme si cette dette pour la vie était vécue comme inacceptable ou incomprise ?
Cela vaut aussi dans le champ des idéologies : plutôt s’abandonner à une autosuggestion mensongère qu’assumer une incertitude qui ne conduirait pas pour autant à l’inhibition. L’addiction au pouvoir comme à la servitude se nourrit de l’inhibition de la pensée.
Ce couplage paradoxal entre inhibition et addiction remet en question pour chacun les rapports pas si clairs entre désir, idéal, jouissance, éthique et vérité.