Conférence de Marilande Martins Abreu : " Ségrégation et religiosité afro-brésiliennes, la jouissance et le féminin dans le Tambor de mina"
Cartel franco-brésilien de psychanalyse
Cycle de conférences - débats 2018-2019
Ségrégation : un conflit des jouissances ?
Le mercredi 05 juin à 21H
Maison de l'Amérique Latine
Conférence de Marilande Martins Abreu
Psychanalyste et professeure d’anthropologie à l’Université Fédérale du Maranhão, à São Luis
Ségrégation et religiosité afro-brésilienne
La jouissance et le féminin dans le Tambor de Mina.
Discutant : Oscar Calavia-Saez
Professeur d’anthropologie, École Pratique des Hautes Études
Modérateur : Roland Chemama
Le Tambor de Mina, est une religion née au nord du Brésil, et qui trouve son origine au Dahomey, l’actuel Bénin. Dans ces communautés religieuses fondées par des femmes au 19ème siècle, les femmes sont souvent leaders et occupent une importante position rituelle. Alors que le tambour qui appelle les divinités est joué par des hommes, seules les femmes peuvent les « recevoir » (que ces divinités soient masculines ou féminines).
La structure mythique et rituelle du Tambor de Mina se maintient grâce à une « ségrégation » entre hommes et femmes. Le corps féminin y est directement impliqué : si ce sont les femmes qui reçoivent les entités, elles doivent passer par un processus d’initiation et sont entourées d’interdictions. On pourrait d’ailleurs questionner la jouissance qui est en jeu ici. Si elle se réalise dans le réel du corps féminin, elle n’est pas pour autant sans limites. Mais ces limites se donnent dans la médiation entre les « entités » (vodus et caboclos) et la nature, qui dans le Tambor de Mina est directement sollicitée. Par ailleurs ces communautés se forment au travers de liens de parenté, « fraternels » en quelque sorte.
Il est donc possible de parler, à propos du Tambor de Mina d’une « ségrégation fraternelle », mais on voit qu’ici comme ailleurs il serait impossible de concevoir la question de la ségrégation d’une façon univoque.