Mon intérêt pour la honte, en tant que psychanalyste, tient d’abord à ce qu’elle dévoile chez mes patients lorsqu’ils s’expriment sur le divan. La honte se glisse souvent dans les silences, les hésitations, et dans ces paroles qu’ils prononcent presque à leur insu. À travers l’écoute attentive et sensible de leurs récits, j’ai découvert que la honte constitue un révélateur puissant du désir inconscient et des impasses identitaires qu’elle génère.
Mais cette curiosité envers la honte dépasse largement l’expérience clinique. Elle s’enracine également dans ma propre analyse, où j’ai été confronté à ce sentiment particulier, à cette gêne intime révélant mon rapport à l’Autre, à mon désir, et surtout à ce reste intraitable du fantasme. Cette expérience personnelle m’a permis d’entrevoir comment la honte, loin d’être une simple émotion désagréable, constitue une porte d’entrée vers les profondeurs cachées de la vérité subjective.
Ainsi, c’est à partir d’un double mouvement, celui de l’écoute clinique et de l’expérience intime dans ma cure, que j’approfondis aujourd’hui ma réflexion sur la honte. Parce qu’elle met à nu la vulnérabilité essentielle du sujet, la honte me fascine comme psychanalyste : elle éclaire, de manière singulière, ce qui est en jeu dans l’acte même de parler et d’exister.