Qu’en savons-nous du symptôme ?
13 septembre 2025

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Gilbert DESMOULINS
Journées des cartels

Reprise Présentation du travail en Cartel Gilbert Desmoulins et Odile Grimbert Doumit.

Objet du Cartel : Lecture du livre d’Elie Doumit, fondateur de l’« Ecole Psychanalytique du Nord Pas-de-Calais et de la Somme » en 1997, aujourd’hui « Ecole Psychanalytique des Hauts de France. Membre de l’A.L.I. »

 

 

Analysant d’Elie Doumit de 2004 à 2021. J’ai occupé le poste de secrétaire au cours de trois mandats, soit neuf ans, sous la présidence d’Isabelle Dhonte (2010-11) puis sous la présidence de Christian Colbeaux (2011-2021).

 

En fait j’ai adressé ma demande à Elie Doumit que je connaissais depuis le début des années 70 alors qu’il était prof de philosophie à Lille. Cette demande était le résultat d’une errance, d’une longue « dérive » au cours de laquelle je n’avais pas abordé l’autre rive de mes questionnements.  (Je suis entré en analyse avec Elie Doumit avec le désir d’« être analyste ». J’entamais alors ce qu’il ‘était convenu d’appeler une deuxième tranche. Ce à quoi il signifia qu’il n’était pas boulanger et qu’il convenait de reprendre le travail de mon analyse comme si rien ne s’était fait au paravant). Cette observation ironique me ramenait à un certain sérieux dans la mise au travail, mais au-delà de cette impacte cette remarque posait la question du deuxième tour dont parle Lacan. Reprendre comme si aucun travail d’analyse n’avait été fait auparavant ? Bien sûr la question n’est pas du point de vue de l’analysant de reprendre avec la même demande au regard du symptôme qu’engage la première tour d’une cure.

 

Dans le premier tour, les frayages des Signifiants explorés avaient produit leurs effets thérapeutiques, ma position subjective avait déjà été déplacée, le transfert avec mon premier analyste avait fait son œuvre. La Demande n’était pas la même à l’entame d’un deuxième tour.

 

Avec ce deuxième tour le transfert ne portait pas sur la même personne, ni sur le même objet de ma demande. Néanmoins si ce ne furent pas les mêmes énonces, se confirmait que certains Signifiants déjà repérés lors du premier tour retrouvaient une place et leur fonction dans ces nouveaux énoncés ; le Dire, les articulations trouvaient là une sorte de confirmation selon une répétition des articulations, dans la structure.

 

Le transfert sur l’adresse imaginaire, l’analyste placé derrière, pris une autre dimension. La question de l’articulation de la Demande est du désir se fit plus radicale, en quelque sorte. Le désir, et l’insatisfaction trouvaient à se préciser et à se concrétiser. Le travail dans le transfert était d’un autre ordre. De la Demande d’un « aller mieux », c’est le désir d’en savoir plus, ou plutôt d’en savoir quelque chose de la ma Demande qui prenait le pas. Les tours et les détours furent récurents jusqu’à vouloir en faire savoir des questions, qui au final, avaient présidé à « entrer en analyse » et à désirer poursuivre dans cette praxis. Le tourner en rond autour du trou, tout en permettant d’en cerner certains contours, autant dire à admettre que de savoir la Vérité, telle que je l’imaginais ou pensait la dire, trouvait là son point d’achoppement, son point impossible. Quelque chose insistait qui n’avait rein à voir avec ce que je pouvais en raconter.

 

Le désir de savoir se mutait vers un autre objet, qui n’était plus du ressort de la plainte, mais d’une « reconstruction » perlaborée au cours des séances de mon rapport au savoir ; la fin de l’idéologie comme représentation du monde. Désancrer mon inscription dans le discours universitaire, « on » ne fréquente pas impunément l’Uni-ver-cité ». Une écriture qui pointe le questionnement de l’engagement citoyen du psychanalyste.

 

               Où l’analyse à travers mes errances, m’amenait-elle ?

 

 Mes quelques interventions lors de « Journées de l’Ecole » participaient à ce déplacement opéré par l’analyse sous transfert a un travail dans le transfert, un transfert de travail. La demande se bouclait.

 

De ce point de vue, la création d’un cartel de lecture de « Miettes psychanalytiques », n’a pas été sans effet notable. Et je voudrais ici en remercier Thatyana Pitavy qui fut à l’origine de ce cartel, lors de son passage à Lille début 2023.

 

En fait l’idée de départ était de répondre à la demande d’une des participantes de ce cartel de lui apporter quelque soutien et explication d’ordre philosophique à la lecture des écrits d’Elie Doumit. Il ne restait plus qu’a trouver deux autres personnes de l’Ecole ou pas et de se choisir un-plus. Lors de cet échange avec Thatyana Pitavy, je lui fis part de ma déconvenue et mon regret de l’impossibilité de trouver un plus-un dans l’environnement de l’Ecole.  Dans une certaine mesure Elie Doumit, bien que ne pouvant être « présent physiquement » était en quelque sorte porteur de notre désir d’en découdre avec un de ses écrits. « Plus-un moins, un, topologiquement ça peut s’entendre ». C’est sur cette proposition que, peut-être l’expérience d’un travail sans plus-un pouvait être mis en place dans le cadre d’un cartel. Après tout Elie Doumit n’était-il pas plus réellement présent en place d’Autre, dans notre désir de savoir, depuis qu’il nous avait quitté.

 

Contact fut pris avec Odile Grimbert-Doumit qui proposa « Miettes psychanalytiques », ce qui finalement correspondait bien par son titre à l’idée de se confronter aux reliefs de mon travail d’analysant.

 

Que je porte témoignage au cours de cette journée des Cartels de ce mois de septembre 2025 acte en quelque sorte la pérennité de ce déplacement de mon travail d’ un transfert adressé à Elie Doumit à un transfert de travail où le désir de savoir, au sens de savoir ’insu, tend à maintenir ouverte la question d’un Sujet à l’articulations de du désir.

 

A final, il me semble que le travail en cartel impose une mise au travail dans une relation transférentielle ou le désir de savoir se conjugue par un transfert de travail avec l’un insu du savoir. Le question de la transmission trouve ici tout son « relief ».