C. Beradt, proche du mouvement expressionniste et de H. Arendt, travaillait dans la prestigieuse maison d’éditions Fischer Verlag.
Dans ce texte, l’auteur avance une hypothèse : le rêve peut révéler les incidences subjectives d’un totalitarisme en cours de formation. Par l’observation des rêves, de même que le philologue Klemperer par l’analyse de la langue du troisième Reich, l’auteur montre l’intériorisation du totalitarisme dans les sujets pris individuellement.
De 1933 à 1939, C. Beradt recueille trois cents rêves d’un groupe témoin de cinquante berlinois venant de tous horizons culturels et sociaux mais proches du centre gauche de la République de Weimar. Elle en crypte les lettres et les adresse en différents pays avant de s’exiler en 39 avec son mari à New York. Cette seule compilation était un acte de résistance au pouvoir nazi qui sanctionnait sévèrement ce qu’ils appelaient « les ‘contes atroces’ de nature à discréditer leur régime.
C’est en 1962 seulement que C. Beradt repense à ce manuscrit, et en 1966, ce livre fut publié après une série d’émissions radio. Il s’agissait alors d’interroger les sujets d’un régime totalitaire sur ce qu’ils savaient de leur présent afin de montrer que le nazisme était autre chose que la seule main mise d’un pouvoir criminel sur un peuple.
D’emblée, vous entendez qu’il ne s’agissait pas pour l’auteur de discuter d’une théorie des rêves. D’ailleurs H. Arendt, qui l’avait encouragée à publier, était inquiète qu’une « lecture psychanalytique réduise l’analyse politique du régime à un masochisme primaire».
Pour M. Leibovici, qui en fait la préface, cet écrit est orienté sur deux axes : « établir un rapport entre l’intime du sujet et le monde politique, inspiré non par des conflits de leur vie privée mais par ceux dans lesquels les a plongés l’espace public » et retenir « les rêves dans lesquels le sujet n’est pas directement soumis à la violence mais à l’impact de la frayeur diffuse et à l’atteinte des repères familiers du quotidien. ».
C. Beradt écarte les rêves de violence physique. Elle retient trois types de rêves, le plus souvent retranscrits dans la nuit par le rêveur : des rêves d’action, des rêves où la langue est perdue. Chacun développe la logique du discours social en vigueur. Et afin qu’il n’y ait pas méprise sur quelconque spécificité de cette étude, les rêveurs juifs ont été isolés dans un chapitre à part.
Les psychanalystes peuvent considérer qu’il n’y a rien à dire de tels rêves puisqu’il n’y a pas d’adresse prise dans un travail transférentiel, que les contenus latent et manifeste se recouvrent et que nous n’avons pas ou peu de matériel associatif… que la signifiance s’écrase sous la signification. Pour autant, difficile de nier que ces rêves aient été inspirés par un conflit psychique et non pas seulement par les conflits politiques dans lesquels le discours social a plongé le rêveur. Ils venaient révéler ainsi que tout rêve l’insu d’un savoir bien difficile à intégrer pour ces ‘sujets de l’Empereur,’ ainsi que les définissait H. Mann. Et, nous pouvons avancer que le rêve présentifie toujours le point d’achoppement d’un discours qui convoque Réel et Symbolique.
Ces rêves illustrent ce que Christiane Lacôte avançait : « dans le rêve, il peut s’agir d’un « travail psychique pour soi ». Ils dévoilent une mainmise sur le psychisme et mettent en lumière la résistance qui lui est opposée. Ce hiatus crée un espace de travail pour la pensée. Un travail, qui, par le jeu onirique, viendrait dire ce contre quoi la pensée se protège tout en lui permettant de se préserver un espace de jugement sur la réalité. Faut – il alors ramener ces rêves au procès du traumatisme… rêves résultant d’une série de chocs traumatisant la perception qui rend impossible le jugement à l’état de veille ? Ou tout simplement rappeler que cela indique bien qu’il y a du savoir dans l’inconscient… du savoir qui peut se concaténer en signifiants, lorsque les questions sont restées figées dans l’activité diurne.
En tous cas, chacun de ces rêves se présente comme un récit et il est possible d’y lire l’incongruité de tel signifiant. Ce fait n’échappe pas au rêveur qui, selon les mots de l’un d’eux, voit son rêve « inscrit comme une entaille en lui ».
Rêve d‘un entrepreneur en 1933 au moment de la prise du pouvoir par les nazis. Il s agit d’un dirigeant d’entreprise social démocrate. « Goebbels vient dans mon usine ; il fait se ranger le personnel à droite e t à gauche. Je dois me mettre au milieu d’eux et faire le salut hitlérien. Il me faut une demi-heure pour lever le bras. Goebbels observe mes efforts sans applaudir ni protester mais une fois le bas tendu, il me dit « votre salut, je le refuse ». Je reste figé, le bras levé. C’est tout ce que je peux faire physiquement tandis que mes yeux fixent son pied bot ». Ce rêve raconté trois semaines après, au cours d’une discussion politique avec C. Beradt, a présenté des variantes : « la sueur coule sur mon visage, comme si je pleurai ; je cherche du réconfort sur le visage de mes employés, je n’y trouve ni moquerie ni mépris, juste du vide ». Une autre fois : « ma colonne vertébrale se brise ». Rêve d’humiliation où cet homme se voit mis au pas devant ses employés.
Je reprendrai la balle lancée par Roland Chemama : le rêve s’adresse-t-il au rêveur ou au sujet ? Interrogation qui me ramène à Kertész, lequel précise dans un de ses textes, L’holocauste comme mémoire, que l’écriture est pour lui l’effet d’une prise de conscience. Les rêves recueillis par C. Beradt présentent cette même caractéristique.
Ce sont les restes diurnes de la vie éveillée et consciente qui vont servir à la construction des rêves. Ce point est essentiel dans la réflexion que nous pouvons engager, d’autant que « le totalitarisme s’appuie sur une crise de la perception en saturant l’espace de la propagande qui ne laisse ni l’œil, ni l’oreille en paix ».
La mise en place par l’Etat nazi d’un appareil technique moderne vient déformer la perception et le comportement qui sont dénoncés dans le rêve : obligation de chanter, de saluer, de se taire.
Ce dirigeant a perçu dans son rêve des symptômes qu’en tant qu’individu il peut à peine percevoir. Ses rêves mettent en relief ce qui venait dans sa vie l’interroger sans qu’il puisse encore y mettre des mots, une mise à nu de la logique d’un système qui venait le destituer de son statut, de son identité, en marquant son aliénation à l’autre et la perte de son image.
Quelques-uns de ces rêves indiquent que c’est par la honte que ce système met la main sur l’individu et c’est bien cette honte qui permettra le travail de démolition des idéaux et des autorités. Le livre de E. Mann, Un million d’enfants nazis, est emblématique de ce procès qui voit les parents se soumettre à des chefs de14 ans…, destitués de leur pouvoir d’autorité sur leur enfant au profit de la Hitlerjugend, rendue obligatoire.
Dans un environnement où le privé est totalement absorbé, il faut entendre R. Ley rappeler que le seule personne qui soit encore un individu est celle qui dort… Les individus n’ont pour seul et unique espace intime que leurs rêves et les rêveurs se font l’adresse de leur rêve, et pourtant même cela n’est pas sans danger… Eté 1933 : Une femme de ménage, « Je rêve qu’en rêve par précaution je parle russe (je ne connais pas cette langue, en outre je ne parle pas en dormant) pour que je ne me comprenne pas moi-même et que personne ne me comprenne si je dis quelque chose contre l’Etat parce que c’est interdit et que cela doit être dénoncé ».
Freud dit que, dans le rêve, le sujet est soulagé de toute responsabilité, mais il se peut au contraire que le rêveur se fasse à lui même le rappel d’une loi, des lois de la parole. Automne 33 – au moment où la liste des interdits s’allonge – une enseignante : » Il est interdit sous peine de mort d’écrire quoique ce soit qui ait à voir avec les mathématiques. Je me réfugie dans un bar (de ma vie je n’ai jamais pénétré dans un tel lieu). Des ivrognes chancellent, les serveuses sont à demi nues, l’orchestre gronde. Je tire de ma serviette du papier pour y inscrire à l’encre invisible un couple d’équation dans une angoisse mortelle « … On interdit ce qu’il est interdit d’interdire, dira–t-elle simplement en parlant de ce rêve qui traduit son acte de résistance à ce qui s’installe.
Il en est de même, début 1933, pour cette femme qui reçoit le fils de son couturier venu lui présenter sa facture, ce qui n’est pas dans l’usage. Elle lui demande ce que cela veut dire, la réponse est embarrassée, elle règle en disant « c’est ridicule ». Peu après, elle rêve qu’un fournisseur vient lui présenter une facture. « Il s’agit d’un ramoneur (en allemand’ Schornsteinfeger’) avec 2S comme SS). Il me tend sa facture en disant, le bras levé : « la faute est indubitable » ». Ce rêve illustre également le savoir insu d’un système de surveillance, qui, commençant à se mettre en place, fait de la rêveuse une accusée d’avance coupable. La rêveuse, selon ses mots, se fait grief (sa faute) d’avoir cédé à une légère pression qu’elle considère ridicule.
Quelques-uns de ces rêves manifestent des affects que l’individu a « gelé » à l’état de veille. En 1934, un ophtalmologue qui n’a pas protesté en voyant un de ses assistants venir travailler vêtu de l’uniforme SA rêve : « Les SA posent du fil de fer barbelé aux fenêtres des hôpitaux. Je me suis juré de ne pas me laisser faire s’ils viennent dans mon département. Je me laisse pourtant faire. Je suis là comme une caricature de médecin lorsqu’ils enlèvent les vitres et transforment une chambre d’hôpital en camp de concentration – et pourtant je suis renvoyé. Mais on me rappelle pour soigner Hitler, je suis le seul au monde à en être capable : honteux d’en être fier, je me mets à pleurer ».
Ces rêves signent une terreur diffuse à percevoir l’ébranlement des repères familiers qui deviennent unheimlich mais aussi le souhait de se soumettre au discours ambiant. Rêve d’une jeune femme dont la grand mère juive fait qu’elle est visée par les lois raciales de 36/37 et qui proteste de son affiliation par tel signe d’aryanité, et d’une autre : « Je dois prouver qu’en dépit de mon nez, je ne suis pas juive » Voire des rêves de complaisance à se laisser abuser « je rêve que je ne dois plus toujours dire non ».
Est-il bien pertinent d’amener cette étude à notre réflexion?
L’intérêt et l’actualité de ce recollement de rêves se fondent sur cet énoncé de Lacan : « la caractéristique de notre science n’est pas d’avoir introduit une meilleure connaissance du monde mais d’avoir fait surgir au monde des choses qui n’y existaient d’aucune façon au niveau de notre perception.» (leçon du 20 05 70, in L’Envers).
Et encore cet avertissement de Lacan, qui garde sa force et sa pertinence : « Et nous ne savons pas, pour la raison que nous n’avons jamais su, que nous étions chacun et d’abord déterminé par l’objet a, à mesure que le champ de la science s’étend dans ce foisonnement d’objets faits pour causer nos désirs, pour autant que c’est la science qui nous gouverne, ces objets pensez les comme lathouses…..ça rime avec ventouses ». (leçon 20 05 70 L’Envers)
Autrement dit, ces textes m’ont amené de nouveau à interroger Le rapport de la perception au jugement en le confrontant à ma clinique. Le sujet – dans le discours totalitaire comme dans notre discours social-techno-scientifique -, est confronté à un Réel qu’il ne peut nommer, il est en état d’aphanisis, ses repères dans le champ de la représentation sont devenus confus, le champ de la perception est mis à mal, l’identification se joue autour d’un objet (identification par agglutination) et pour finir avec ce que nous apporte C. Melman qui évoque le procès d’une mithridisation : « le sujet s’habitue à l’horreur… l’horreur est au fond de tout désir, c’est la réalisation du fantasme. »
Dans le même mouvement, ces observations m’amènent à penser comment opèrent pour nous les manipulations de la langue. Les cliniciens ne sont pas sans relever des états de la langue analogues à ceux que Klemperer a très finement dégagés dans son essai LTI. Observations que nous trouvons dans la recension de C. Beradt et dont la logique contemporaine se décline dans Le libraire de Sélinonte de R. Vecchioni. Observations enfin que je prolonge avec deux signifiants majeurs mais non exhaustifs. Signifiants qui viennent organiser dans notre quotidien « une vie sans murs ».
Le premier : « transparence’ », intervient dans tout domaine (médical, familial, scolaire et éducatif, judiciaire) et réduit ce qu’il en serait d’une possible altérité en engageant tout un chacun sur les voies de la normativation. Nous pouvons reprendre ici les analyses suscitées par la mise en place de la MDPH.
Le deuxième est celui de « dangerosité“. Retour d’un signifiant qui a marqué les années 30, associé à celui de « performance“. Signifiant qui vient vectoriser les lois Perben sur la justice pénale des mineurs. Je ne ferai qu’évoquer la profonde entame apportée ces trente dernières années au droit civil de la famille en convoquant l’enfant à une place de « sujet de droits », place qui se renverse en statut « d’enfant dangereux“, et en réformant le concept d’autorité.
Je reprends le propos de Mme Delmas Marty qui attire notre attention sur la nouvelle loi de LOPPSI 2. (Loi Pour la Performance de la Sécurité Intérieure, votée le 16/02/2010 par l’Assemblée Nationale), qui statue sur les moyens techniques qui pourront être utilisés par les juges, policiers (vidéo-surveillance , couvre-feu, garde-à-vue, fichiers ..) : cette loi s’inspire d’une loi allemande de 1933, tombée en désuétude jusqu’à 2001 et qui a été réactivée en Allemagne après les attentats du 11/09/01… Elle vise à reconduire la détention d’un individu qui est considéré comme dangereux au-delà de la peine qu’il a reçue… « Cette loi repose sur un concept flou qui récuse la construction juridique fondée sur une faute sanctionnée si le coupable en est reconnu responsable… elle porte en germe le principe d’une déshumanisation ».
Et voilà épinglé l’un des glissements relevés par cette juriste éminente qui analyse la façon dont l’application du principe de précaution à l’humain induit, dans un air de soupçon et d’indifférence, des effets de déshumanisation (gardes-à-vue et traitements dégradants).
Nous constatons une fois de plus comment le Réel occupe la position centrale, et comment entre Imaginaire et Réel le Symbolique devient aléatoire…. Le faux trou ne fait plus lien entre Imaginaire et Réel dans le discours social.
Pour conclure, si j’ai voulu attirer votre attention sur ce livre, c’est que j’ai eu à entendre certains signaux émis par quelques patients : Je vous en donne un aperçu.
Eté 2006. Rêve qualifié d’épouvantable d’une de mes patientes de 25 ans qui travaille dans « l’événementiel », comme agent artistique :« Nous sommes réunis sur une place par des hommes souriants mais en même temps menaçants, vêtus de marques, dans une atmosphère festive.
Je vois des malles, des valises comme celles que nous voyons sur les photos de juifs parqués. Ils nous demandent de faire la fête et de nous conformer au concept… nous devons être branchés. Je refuse, je veux quitter cette place… C’était grotesque ! Les gens autour de moi n’ont aucune expression, ils semblent indifférents, certains disent qu’ils n’y peuvent rien, ou pourquoi pas ? D’autres trouvent que cela est bien excitant… Je suis accablée. Mon père me rassure… : « ce monde ne pourra pas s’imposer, il ne durera pas » ; cela me donne la force de m’enfuir. »
Cette jeune femme, quelque temps après ce rêve, a quitté un milieu professionnel qui l’invitait à partager des objets de jouissance auxquels elle ne voulait plus adhérer. (Drogues, alcool, zapping sexuel…)
J’aimerais également vous faire part d’un rêve que j’ai fait récemment, suite à une information radiophonique rendant compte de l’invitation faite à des citoyens par N. Sarkosy de venir l’interroger. Le Président de la République appelle par leur prénom les personnes invitées. Cette manière de faire a suscité mon étonnement. Je m’attendais à ce que les journalistes en fassent tout au moins la remarque. Quelques jours après : mon rêve. « Dans le train, je discute avec un ami. Il est avocat. Une personne nous interrompt et s’adresse à mon ami en le tutoyant : c’est Sarkosy. Je suis furieuse. Je me tais ostensiblement. Un peu plus tard, je demande à cet ami, comment il a pu accepter de se laisser tutoyer sans manifester aucun étonnement ».
Rêve qui vient insister sur une observation partagée : il y a dans la relation à l‘autre une familiarité, un nivellement qui réduit tout écart et dès lors que vous maintenez cet écart par le voussoiement, c’est-à-dire par la prise en compte d’une altérité, vous devenez suspect ou antipathique. Un autre point sensible, représenté par la figure de l’avocat dans mon rêve, est l’évolution du droit familial à propos duquel j’ai déjà avancé quelques réflexions quant aux incidences subjectives.
Autre observation : dans le cadre du CMPP, nous savons qu’il faut une certaine habileté pour déjouer les tentatives de désactiver tout transfert analytique. Quelques parents viennent reprocher au psychologue de voussoyer leur enfant.
Cette tendance à la familiarité on pourrait y entendre une défense, un moyen de prévention contre le risque d’agressivité que l’autre est susceptible de vous adresser… N. Anquetil évoquait la pente du lien social à la kretchmerisation, toujours cette logique paranoïaque…
De jeunes adultes nous interpellent par des tentatives d’introduire une symétrie dans la relation analytique. Ce n’est pas que faire ? Comment faire ? Mais comment faites vous ou plutôt « comment vous faites ? ». Ici, il s’agit de gommer un écart. Et quelle est la fonction de ce gommage ? Comme j’ai de mauvaises lectures, je vous renvoie à ce témoignage de S. Haffner qui, dans Histoire d’un allemand nous rapporte comment les magistrats stagiaires, dont il était, ont été insidieusement pris au piège d’une camaraderie. Et en quoi celle-ci peut devenir un des plus terribles instruments de la déshumanisation : « Avec » l’encamaradement (dans le contexte de la Kameradschaft) qui endort le jugement « , nul besoin d’une éducation à l’idéologie nazie ». Lacan l’évoquait également dans L’Envers : « il suffit d’une bonhommie confiante, d’une jouissance bée et la parole peut devenir charogne. ».
Quoiqu’il en soit , de tels rêves, pris ou non dans un travail de cure, rendent manifeste ce qui n’est pas représenté, pensé, formulé. Ils viennent traduire ce qu’il en est de la Jouissance de l’Autre, comment le sujet peut se retrouver être l’objet de la Jouissance de l’Autre. Ils indiquent aussi, à bas bruit, la qualité de résistance d’un sujet à se voir abolir. En 1935, ce rêve éminemment illustratif du discours ambiant d’un avocat juif très assimilé : « Il y a deux bancs au Tiegarten, l’un vert pour tous, l’autre jaune pour les juifs (Interdiction proclamée) et entre les deux une corbeille à papiers. Je m’assieds sur la corbeille et m’accroche autour du cou un écriteau – comme en portent les aveugles mais aussi comme les autorités en accrochent aux « souilleurs de race » – : « si nécessaire, je cède la place aux papiers. » ».
A l’heure où se précisent les tentatives de mettre hors champ la psychanalyse, où ses référentiels sont récusés concomitamment d’ailleurs avec quelques référentiels du droit, à l’heure ou le cognitivo-comportemen-talisme affute son programme, il m’a semblé important de ne pas laisser gommer de tels murmures.