Hommage à Charles Melman.
Les membres de l’école de Psychanalyse de l’Enfant de Paris, E.P.E.P., cette école dont il a toujours soutenu le travail, sont particulièrement éprouvés par le décès de Charles Melman.
Charles Melman a permis pendant de longues années aux psychanalystes et aux praticiens de se familiariser avec les outils conceptuels apportés par l’enseignement de Jacques Lacan. D’une part, il a rendu cette approche ardue plus accessible, et d’autre part il nous a habitués, lors de son propre enseignement et de ses séminaires, à une certaine aisance qui révélait à qui y était sensible un travail personnel considérable. C’est à un approfondissement incessant que son enseignement et son travail nous incitaient et nous inciteront toujours pour nous approprier l’œuvre lacanienne, qui nous a ainsi semblé plus abordable grâce à son travail. Charles Melman a aussi permis d’ouvrir de larges perspectives grâce à son propre fil conducteur. Il mentionnait parfois ce travail personnel considérable en se supposant « addict au travail clinique ».
Son propre enseignement s’est déployé toujours sur le même ton, dans la lecture réitérée des élaborations fondatrices de Sigmund Freud, et d’autres auteurs. Mais la caractéristique principale de son enseignement réside dans une incitation à ce que les outils conceptuels justes et subtils permettent à chacun, non pas de s’en satisfaire, mais de s’engager dans une lecture exigeante pour pouvoir reconnaitre les surprises que réservent à chaque analyste les manifestations cliniques. L’enseignement de Charles Melman permet ainsi à chacun de s’autoriser à mettre ces outils à sa main, dans un travail d’artisan remis en permanence sur le métier.
La spécificité du travail des psychanalystes concernant les manifestations de souffrance des enfants et des adolescents lui a toujours paru importante à encourager et à accompagner dans les développements parfois spécifiques auxquels ils pouvaient se confronter. Le soutien qu’il a apporté à la fondation de l’EPEP par Jean Bergès au sein de l’A.L.I, l’encouragement qu’il a régulièrement apporté aux travaux et aux publications de cette école, ainsi que sa disponibilité régulière pour des moments de travail partagé, et les approfondissements lumineux qu’il a pu nous proposer nous ont toujours été précieux. Nous avons pu y puiser le fil de la singularité d’une clinique psychanalytique portée par les mêmes exigences du sujet, enfant, adolescent, adulte, à trouver son assise comme être de parole.
Les membres de l’E.P.E.P., comme partie intégrante de l’Association Lacanienne Internationale, sont reconnaissants à Charles Melman de l’ensemble des apports qu’il a pu nous fournir, à la fois dans cette clinique difficile, comme dans tout ce qui concerne la rigueur de la position éthique du psychanalyste dans la vie sociale.
C’est une grande perte et un grand chagrin mais aussi pour nous l’occasion, lors de cet hommage, de témoigner de la grande considération que nous avons pour ce pilier de la psychanalyse lacanienne. N’est-ce pas ce qui définit un transfert de travail, qui s’entretenait déjà grâce à lui, et auquel nous nous efforcerons de rester fidèles ?
Les responsables de l’Ecole de Psychanalyse de l’Enfant de Paris